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Critique de la raison pure

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descriptionCritique de la raison pure - Page 35 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Rappel du développement de cette étude. 
 
Nous en sommes au premier volet de la Critique de la raison pure: 

I Théorie transcendantale des éléments

 (La Critique comprend deux volets dont le deuxième est intitulé : II Théorie transcendantale de la méthode). 

[Rappelons que les éléments sont les sources de toutes connaissances : la sensibilité et l'entendement]

Ce premier volet comprend deux parties  1) l'esthétique transcendantale qui a été étudiée
                                                            2) la logique transcendantale dont nous commençons l'étude.

Nous en sommes à la première division de la logique transcendantale  : analytique transcendantale (la deuxième division est intitulée la dialectique transcendantale).

Enfin cette analytique est elle-même divisée  en deux livres : l'analytique des concepts et l'analytique des principes.

Nous abordons l'analytique des concepts.



Rappel des notions essentielles


Qu'est-ce-que la logique transcendantale ? (étant rappelé que le mot "logique" qualifie la science des règles de l'entendement)


 Page 147 

"Nous attendant donc à ce qu'il puisse y avoir des concepts susceptibles de se rapporter a priori à des objets, non comme des intuitions pures ou sensibles, mais seulement comme des actions de la pensée pure, et qui par conséquent, tout en étant des concepts ne sont d'origine ni empirique ni esthétique, nous nous faisons à l'avance l'idée d'une science de l'entendement pur et de la connaissance rationnelle par laquelle nous pensons des objets complètement a priori. Une telle science qui déterminerait l'origine, l'étendue et la valeur objective de connaissances de ce type , devrait s'appeler logique transcendantale parce qu'elle a affaire aux seules lois de l'entendement et de la raison, mais uniquement en tant qu'elle se rapporte à de objets a priori, et non pas, comme la logique générale, indifféremment aux connaissances empiriques aussi bien que pures de la raison".

La logique générale désigne quant à elle la logique dans son fonctionnement propre, comme le langage par exemple obéit à des règles de composition syntaxique  indépendantes du contenu sémantique des mots (en cela la logique transcendantale obéit au règles de fonctionnement formelles de la logique générale).



Qu'est-ce que l'analytique transcendantale ?


C'est une subdivision de la logique transcendantale.

Page 150 : "La partie de la logique transcendantale qui expose les éléments de la connaissance pure de l'entendement et les principes sans lesquels pas le moindre objet ne peut être pensé est l'analytique transcendantale". 

Page 153 : "Cette analytique est la décomposition de toute notre connaissance a priori dans les éléments de la connaissance pure de l'entendement ".

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Nous en sommes donc à l'analytique des concepts.

Livre I (de l'analytique transcendantale ) : Analytique des concepts.

Nous reprenons ici l'étude commencée plus haut; malgré l'emploi du mot "analytique", il ne s'agit pas ici de l'analyse des concepts eux-mêmes, mais de l'analyse du pouvoir même de l'entendement. Ce pouvoir repose sur les concepts a priori, les concepts purs (catégories) propres à l'entendement humain.  Pour trouver ces concepts purs, Kant va partir de la table des jugements (son fil conducteur) pour remonter aux catégories par la déduction métaphysique et la déduction transcendantale.

Chapitre premier : du fil conducteur permettant de découvrir tous les concepts purs de l'entendement.
Ce premier chapitre est aussi appelé : déduction métaphysique mais il est ainsi nommé a posteriori par Kant en page 214 :

"Dans la déduction métaphysique [il fait allusion à ce premier chapitre], l'origine a priori des catégories a été démontrée en général par leur parfait accord avec les fonctions logiques universelles de la pensée, tandis que, dans la déduction transcendantale [qui fait l'objet du deuxième chapitre de l'analytique des concepts] c'est la possibilité de ces catégories comme connaissances a priori des objets d'une intuition en général qui a été démontrée".

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Première section. De l'usage logique de l'entendement en général.


La connaissance par l'entendement est une connaissance par concepts, non intuitive, mais discursive (qui repose sur le raisonnement).

Les concepts reposent sur des fonctions.  "J'entends par fonction l'unité de l'action consistant à ordonner des représentations diverses sous une représentation commune" (page 155).

L'entendement utilise les concepts pour juger. Tous les jugements sont des fonctions de l'unité. L'entendement est l'instance qui a le pouvoir de juger. Ce pouvoir de juger c'est le pouvoir de penser.  Penser est connaître par concepts.

Complément Rivelaygue, (Leçons de métaphysique allemande, tome 2) page 90 et suivantes : 

L'entendement est unité absolue, faculté de synthèse d'où penser c'est juger. L'entendement n'est plus la faculté de se représenter, d'avoir des concepts (Descartes), ce n'est plus le lieu des idées (innéité) c'est la faculté de relier, de synthétiser. L'entendement n'est pas passif (il reçoit les idées chez Descartes, il reçoit les impressions chez Hume : passivité). Il est l'agent même de l'unification et par conséquent penser, c'est relier, c'est unifier et non pas se représenter. Kant s'appuie ainsi sur l'unité de l'entendement ou de la conscience. La conscience découle de la liaison, elle est synthèse. 

L'aperception, par laquelle le cogito essaie de prendre conscience de quelque chose, découle de la synthèse originelle. L'entendement n'est pas conscience de soi (Descartes) au contraire il est défini comme liaison, faculté de synthèse, et c'est par là seulement que l'on peut avoir conscience de l'objet, puisque la conscience ne peut naître qu'à l'occasion de l'autre que l'on synthétise.



Complément Gilles Deleuze, "La philosophie critique de Kant", PUF, page 9, sur la définition de la connaissance :

"Pour connaître quelque chose il faut non seulement que nous ayons une représentation, mais que nous en sortions  pour en reconnaître une autre comme lui étant liée. La connaissance est donc synthèse de représentations."
Page  19 "Quand nous connaissons ...nous disons plus que ce qui nous est donné, nous dépassons les données de l'expérience. On a souvent parlé de l'influence de Hume sur Kant. Hume, en effet, fut le premier à définir la connaissance par un tel dépassement . Je connais, non pas quand je constate "j'ai vu mille fois le soleil se lever" mais quand je juge "le soleil se lèvera demain""

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Deuxième section. De la fonction logique de l'entendement dans les jugements.


Kant va dresser la table des fonctions logiques de l'entendement à partir desquelles il va déduire les catégories (cette table est donc son fil conducteur).

Page 156 : "Si nous faisons abstraction de tout contenu d'un jugement en général et ne prêtons attention qu'à la simple forme de l'entendement qui s'y trouve présente, nous trouvons que la fonction de la pensée dans ce jugement peut être placée sous quatre titres dont chacun contient sous lui trois moments"

Titre I       Quantité des jugements    :    universels, particuliers, singuliers
Titre II      Qualité des jugements      :   affirmatifs, négatifs, infinis
Titre III     Relation des jugements    :   catégoriques, hypothétiques, disjonctifs
Titre IV     Modalité des jugements    :   problématiques, assertoriques, apodictiques


Cette table est le point faible de la Critique. En effet il n'apparait pas clairement sur quels fondements Kant l'a établie.  Nous rapportons ici cet avis d'une enseignante  de philosophie ( Françoise Chenet) :  "Kant n'entreprend pas d'en rendre raison [de cette table]. Que notre entendement ne puisse opérer de liaisons que de ces manières-là, voilà qui est contingent, voilà ce dont on ne peut en tout cas rendre raison" ce qui est gênant tout de même puisque Kant va en déduire ses catégories (selon Heidegger Kant avait déjà en tête ses catégories avant d'établir cette table).

Dans les Prolégomènes Kant écrit qu'il a trouvé cette table dans les manuels de logique de son époque et qu'il l'a améliorée. Dans " Les leçons de métaphysique allemande", tome 2, Jacques Rivelaygue, page 92, note que Kant a ajouté à la table usuelle des jugements  : les jugements indéfinis, les jugements de modalité et les jugements singuliers ! Ce qui fait beaucoup. Kant se serait appuyé sur l'état des sciences de son époque (Newton) pour recenser de nouveaux jugements (ce qui lui vaudra d'être critiqué par Einstein qui en déduira qu'une table qui dépend de l'état des sciences à un moment donné ne peut  donc jamais être exhaustive).
[Note, Alain Renaut traduit par "infini" le mot allemand que Jacques Rivelaygue traduit par "indéfini".  Alain Renaut signale en note qu'il faut entendre infini comme in-fini].

Etudions cette table des jugements.

Rappelons qu'un jugement est composé d'un concept-sujet, d'une copule (verbe d'état le plus souvent) et d'un concept prédicat qui est l'unité sous laquelle doivent être subsumées (mises sous) les représentions contenues dans le concept-sujet.

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Quantité des jugements


La quantité désigne l'extension du concept-sujet.

Jugement universel, le concept-sujet comprend dans sa définition toute son extension:

"Tout homme est mortel" ("Tout homme" comprend la totalité des hommes)

Jugement particulier, le concept-sujet est pris dans une partie seulement de son extension :

"Certains arbres sont persistants"

Jugement singulier, le concept-sujet ne désigne qu'un seul individu, le concept-sujet contient donc là aussi son extension.


"Socrate est mortel"


Kant fait remarquer, page 157, que, dans les raisonnements syllogistiques, les jugements singuliers et les jugements universels ne sont pas distingués dans la mesure où les concepts-sujets contiennent leur extension et que, donc, tout concept prédicat concerne dans un cas comme dans l'autre la totalité en extension du concept-sujet. Il ne risque pas d'y avoir erreur de jugement : attribution vraie pour partie de l'extension et fausse pour une autre partie puisqu' il n'y a pas partition du concept-sujet.

Mais sous l'angle de la connaissance la singularité n'est pas identique à l'universel (comme l'unité n'est pas identique à l'infini) il doit donc y avoir distinction des jugements. 

Nous voyons que Kant commence à établir sa table sous le  seul rapport de la  logique pure (pas de contenu) mais qu'il la complète en passant sous le rapport de la logique transcendantale, qui, elle, tient compte de l'objet, de la saisie de l'objet, même si cette saisie est a priori. Nous passons d'une logique formelle à une logique transcendantale qui n'a certes pas d'objet précis mais qui tient compte de l'objet en soi, en tant qu'objet à saisir (a priori).
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