Portail philosophiqueConnexion

Bibliothèque | Sitographie | Forum

Philpapers (comprehensive index and bibliography of philosophy)
Chercher un fichier : PDF Search Engine | Maxi PDF | FreeFullPDF
Offres d'emploi : PhilJobs (Jobs for Philosophers) | Jobs in Philosophy
Index des auteurs de la bibliothèque du Portail : A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z

Critique de la raison pure

power_settings_newSe connecter pour répondre
+6
anormal
Dienekes
Vangelis
etoilefilante
Crosswind
aliochaverkiev
10 participants

descriptionCritique de la raison pure - Page 39 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
Ainsi lorsque l'intuition est présentée de manière telle qu'elle peut être sujette à l'application  d'une certaine règle (combinaison de trois lignes droites) dont nous avons conscience le triangle apparait  comme objet, il est pensé comme objet. Cette unité de la règle -ici la combinaison de trois droites- détermine le divers et le limite à des conditions rendant possible l'unité de l'aperception; et le concept de cette unité est la représentation de l'objet = X que je pense par l'intermédiaire de ces prédicats du triangle.

Page 183 :

"Toute connaissance exige un concept  [qui] quant à sa forme est quelque chose de général et qui sert de règle" [ici il ne s'agit pas des règles vu ci-dessus-agancement de trois droites- mais de règle de liaison entre deux concepts puisque la connaissance résulte déjà d'une synthèse, c'est-à-dire d'une mise en rapport de deux concepts].

Page 183

"Ainsi le concept de corps sert-il de règle, selon l'unité du divers qu'il permet de penser, à notre connaissance des phénomènes extérieurs. Mais il ne peut constituer une règle des intuitions que dans la mesure où il représente pour des phénomènes donnés...l'unité synthétique dans la conscience que nous en avons. Par exemple, le concept de corps rend nécessaires, dans la perception de quelque chose d'extérieur à nous, la représentation de l'étendue et, avec elle, celle de l'impénétrabilité, de la forme, etc. ".

En définitive si le concept de corps est nécessaire à la synthèse du divers donné, présenté, il est néanmoins lui-même synthèse, dans la conscience, ou même par la conscience, vue alors comme activité synthétisante, de concepts purs.

Page 183 :

"Il faut donc que se puisse trouver un principe transcendantal de l'unité de la conscience dans la synthèse du divers de toutes nos intuitions" . "Cette condition originaire et transcendantale n'est autre que l'aperception transcendantale".

descriptionCritique de la raison pure - Page 39 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
Kant note la conscience de soi qui dérive des perceptions internes empiriques et changeantes, empêchant l'émergence d'un Moi stable. Il parle en conséquence d'aperception empirique. Mais il faut qu'il existe aussi une aperception transcendantale, c'est-à-dire une unité de la conscience stable qui précède toutes les données de l'intuition.

Page 184 :

"L'unité de la conscience serait impossible si l'esprit ne pouvait, dans la connaissance du divers, prendre conscience de l'identité de la fonction par laquelle une telle unité lie synthétiquement ce divers dans une connaissance".

C'est donc dans l'acte même de la synthèse unifiante du divers que l'esprit prend conscience de lui-même. Il apparaît qu'il n'existe donc pas une aperception transcendantale de soi, existant comme un objet réel (elle n'existe donc que comme objet idéel, que comme pensée d'elle-même) mais que c'est un acte lui-même de synthèse unifiante appliquée au divers de l'intuition qui fonde cette pensée idéelle d'une aperception transcendantale.

"La conscience ...de l'identité de soi-même est en même temps une conscience d'une unité nécessaire de la synthèse de tous les phénomènes d'après des concepts".

Précisons ici quelques définitions empruntées à "Kant-lexikon-Rudolf Eisler-Galluamard, page 40 et 41 :

L'aperception est la conscience de soi-même. La conscience de soi peut être divisée en conscience de la réflexion et conscience de l'appréhension. La première est une conscience de l'entendement, la seconde est le sens interne; celle-là est l'aperception pure, celle-ci l'aperception empirique.

L'aperception transcendantale est la conscience de soi purement formelle, originaire, toujours identique, la conscience du "Je pense" qui accompagne et conditionne toute représentation et tout concept.



Kant revient ensuite sur le rapport entre le phénomène et l'objet transcendantal X.

Page 185 :

" [Les phénomènes] sont eux-mêmes des représentations qui, à leur tour, ont un objet, lequel ne peut donc plus être intuitionné par nous et peut par conséquent être appelé l'objet non empirique, c'est-à-dire transcendantal = X".

Cet objet transcendantal, qui procure aux concepts empiriques une relation à un objet non empirique, fonde donc l'objectivité, la réalité objective.

Page 185 :

" La réalité objective [relation à l'objet transcendantal] de notre connaissance empirique, reposera sur la loi transcendantale selon laquelle tous les phénomènes, en tant que par eux des objets doivent nous être donnés, ne peuvent que se trouver soumis à des règles a priori de leur unité synthétique qui seules rendent possibles leur rapport dans l'intuition empirique, ce qui veut dire qu'il leur faut  être soumis dans l'expérience aux conditions de l'unité nécessaire de l'aperception tout autant qu'ils le sont, dans la simple intuition, aux conditions formelles de l'espace et du temps, et même : que c'est seulement à travers ces conditions de l'unité nécessaire de l'aperception que toute connaissance devient possible".

Ce paragraphe difficile de Kant (la synthèse de la recognition dans le concept) sera commenté, pour une meilleure compréhension, par des textes écrits par Jacques Rivelaygue et Gilles Deleuze et repris ci-après.

descriptionCritique de la raison pure - Page 39 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
Commentaires Rivelaygue, opus cité, pages 115 et suivantes.

Le rapport entre la première et la deuxième synthèses est d'ordre psychologique. Rappelons qu'il faut d'abord appréhender le divers de l'intuition afin de construire des unités synthétiques mais, pour constituer de telles unités, il faut aussi garder en mémoire la préhension des instants présents pour les associer aux instants qui suivent. Les instants présents sont donc mémorisés (dans l'imagination).

C'est la manière de relier ensemble ces instants qui fait l'objet de la troisième synthèse.

"La façon dont l'imagination réunit le présent et le passé pour constituer l'objet...n'est valable universellement qu'à la condition d'obéir à des règles elles-mêmes universelles et nécessaires, c'est-à-dire des concepts".

"Pour que l'association se fasse selon des règles universelles et nécessaires, il faut supposer l'unité originairement synthétique de l'aperception, c'est-à-dire :

       l'unité d'une règle de synthèse
       l'unité de conscience qui effectue cette synthèse"

"On arrive ainsi au sujet transcendantal" c'est-à-dire au sujet qui actualise (met en acte) cette unité.

"Le concept n'est rien d'autre  que l'acte de la conscience. La conscience n'est pas une substance, elle est simplement  l'acte de réunir selon des règles" . " Le sujet n'est rien d'autre que cette activité de synthèse".  

Cette façon de réunir toujours selon les mêmes règles le divers de l'intuition est une façon qui ne dépend pas de ce divers mais qui est propre à l'esprit. Cette façon permet de définir l'objectivité comme tout objet répondant à cette "façon" de faire toujours reproduite à l'identique par l'esprit. L'objet transcendantal = X est cette objectivité même, cette structure formelle dégagée par cette "façon" de faire toujours reproduite à l'identique.

Le sujet transcendantal définit l'objet transcendantal = X qui est l'objet scientifique. C'est-à-dire l'objet commun à tous les esprits, à tous les hommes, indépendamment des subjectivités propres à  chaque individu (le sujet transcendantal est universel au contraire du sujet empirique).

descriptionCritique de la raison pure - Page 39 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
Commentaires Deleuze " La philosophe critique de Kant", PUF, pages 24 et suivantes.


" Représentation veut dire synthèse de ce qui se présente". 

Deleuze distingue la présentation (ce qui se donne) de la re-présentation, ce qui est donné après synthèse.

"La synthèse a deux aspects : l'appréhension ...et la reproduction par laquelle nous reproduisons les parties précédentes à mesure que nous arrivons aux suivantes" [les parties i.e les instants saisis au fur et à mesure de l'appréhension].

"Cette synthèse ...est définie...comme un acte de l'imagination".

"Le divers ne se rapporterait pas à un objet si nous ne disposions pas de l'objectivité comme d'une forme en général ("objet quelconque ", "objet = X")"

"L'objet quelconque est le corrélat du Je pense ou de l'unité de conscience, il est l'expression du Cogito, son objectivation formelle. Aussi la véritable formule (synthétique) du Cogito est-elle : je me pense, et, en me pensant, je pense l'objet quelconque auquel je rapporte une diversité représentée".

"L'entendement dispose de concepts a priori qu'on appelle catégories".

Cette interprétation de Deleuze est dangereuse. Elle laisse entendre qu'il y a, un, l'entendement lequel dispose, deux, de concepts purs. Nous risquons là de tomber dans l'innéité des concepts purs. Or il apparait bien que l'entendement est lui-même activité donnée, laquelle activité est représentée dans notre analyse a posteriori par les concepts purs.

"La thèse kantienne est  : les phénomènes sont nécessairement soumis aux catégories, au point que...nous sommes les vrais législateurs de la Nature".



Note :

Le terme corrélat n'est peut-être pas employé ici à bon escient. Dans un ensemble A dans lequel est défini un sous-ensemble B le corrélat de B dans A est le complémentaire de B dans A (c'est-à-dire que le corrélat  est constitué par les éléments de A qui n'appartiennent pas à B). Cette notion de corrélat  ne semble pas vraiment s'appliquer ici. Ici le mot corrélat semble signifier : qui est en rapport.

descriptionCritique de la raison pure - Page 39 EmptyRe: Critique de la raison pure

more_horiz
D ) Explication préalable de la possibilité des catégories comme connaissances a priori.
 
Il y a suite aux développements précédents une seule expérience construite selon un enchaînement donné et structuré par des lois toujours identiques (nous parlons là de l'expérience objective). L'expérience  (objective) dans sa forme n'est rien d'autre que l'unité synthétique des phénomènes d'après les concepts. Si l'unité de la synthèse d'après des concepts empiriques était totalement contingente nous aurions une masse de phénomènes devant nous sans pouvoir en réaliser une synthèse unique. A défaut de cette synthèse fixée par des lois immuables (dans l'esprit) nous n'arriverions à aucune connaissance stable. Kant critique ici l'empirisme.


Page 186 :

"Je soutiens que les catégories ne sont rien d'autre que les conditions de la pensée dans une expérience possible, de même qu'espace et temps contiennent les conditions de l'intuition pour cette même expérience".


"Toutes les tentatives menées pour dériver de l'expérience les concepts purs de l'entendement et leur assigner une origine simplement empirique sont totalement vaines et inutiles ".


Page 187 :

"Que la nature doive se régler d'après notre principe subjectif de l'aperception, qu'elle doive même en dépendre quant à sa conformité à des lois, cela apparaît sans doute très absurde et étrange. Si  l'on songe toutefois que cette nature, en soi, n'est rien d'autre qu'un ensemble de phénomènes, que par conséquent elle n'est pas une chose en soi mais simplement une foule de représentations de l'esprit, on ne s'étonnera pas de ne la voir que dans le pouvoir radical de toute notre connaissance, à savoir l'aperception transcendantale, dans cette unité à la faveur de laquelle seulement elle peut être appelée objet de toute expérience possible, c'est-à-dire nature".

Nous pouvons en effet continuer d'être étonnés de constater que des phénomènes d'origine purement empiriques puissent en définitive se conformer aux catégories, dans l'unité synthétique de l'aperception transcendantale. Mais cet étonnement résulte de la persistance à voir dans les phénomènes des choses en soi. Les choses en soi sont hors notre connaissance, et les phénomènes sont déjà des mobilisations en soi de notre esprit.  Le phénomène se déploie dans notre esprit, le phénomène prend réalité dans notre esprit et pas ailleurs, aussi se soumet-il aux lois de l'esprit. Souvenons-nous de l'exemple du verre et du doigt qui frappe le verre. La chose en soi, le doigt, est hors de la "connaissance "du verre, et l'onde provoquée par le doigt est une onde qui n'est onde que par rapport à la structure du verre. Si l'on compare l'onde dans le verre au phénomène dans l'esprit, nous voyons que le phénomène est en lui-même une altération de notre esprit, qu'il n'existe que dans notre esprit, qu'il ne peut être indépendant dans sa forme de notre esprit puisque l'esprit est le milieu même dans lequel le phénomène se produit.


Commentaire sur ce sujet de Jacques Rivelaygue, opus cité, page 117 :

"Kant veut démontrer que de telles associations  [associations des sensations en fonction d'habitudes] ne donneraient lieu à aucun objet, que, si l'on ne supposait pas l'unité originairement synthétique de l'aperception, c'est-à-dire une pratique de constitution de l'objet identique et universelle, chacun posséderait des structures de l'objectivité  absolument différentes, et nommerait objet ses propres associations. Kant s'efforce ainsi, non pas de réintroduire le sujet cartésien, mais l'unité du sujet de la science comme unité d'une pratique de construction de l'objet".
privacy_tip Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
power_settings_newSe connecter pour répondre