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Stephen Hawking et la philosophie

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Bonjour Eric Jalmasque.

"Mais effectivement, la philosophie n'a pas plus à voir avec la science que l'art, la religion, l'histoire ou la politique, et toute autre activité humaine, chacune à sa façon s'entend. Mais envisager une rupture radicale ("définitivement ") me semble se fourvoyer : qui pourrait soutenir que les grandes révolutions scientifiques telles la révolution copernicienne, les découvertes de l'électricité et des ondes électro-magnétiques, celles de la structure atomique et de la physique quantique, aujourd'hui la révolution informatique, n'ont pas eu et n'ont pas un impact considérable dans tout ces domaines, sans excepter la philosophie ?" Il y a une historicité de la philosophie. La rupture de la philosophie d'avec la science est actée par la philosophie kantienne, de même que sa séparation d'avec la théologie est imputable à Descartes et à Spinoza et l'abandon de toute ambition systématique est redevable à la philosophie analytique en général (Wittgenstein, mais aussi Frege et Russell). Dans tous les cas, il y un avant et un après : même les adversaires de ces philosophes ont, de facto, pris conscience de ces (r)évolutions. Aujourd'hui, il est manifeste que la philosophie est une activité autonome à bien des égards (au point que certains philosophes comme Jacques Bouveresse s'en émeuvent) même si, vous avez raison, les découvertes scientifiques impactent, nolens volens, le discours philosophique (pas toujours à bon escient, d'ailleurs, mais bon ...), mais ni plus ni moins que l'économie, la politique, la religion, l'histoire, la psychanalyse et l'art. Qu'il y ait, comme dirait l'autre "intertextualité" entre ces différents domaines, n'implique nullement, effectivement, ancillarité.

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Eh bien, nous sommes d'accord là-dessus.

Maintenant, pour en revenir à mon dada, est-ce que l'impact de la science sur la philosophie ne pourrait pas comprendre - parmi mille autres choses, si on veut - l'analyse critique des problématiques que se posent les (neuro)scientifiques pour déterminer leurs programmes expérimentaux, sur la base de la maîtrise des grandes questions pendantes de la philosophie au décours de ses 2,5 millénaires d'activité ?

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Que l'activité scientifique ait à instruire la philosophie, comme le dit Bachelard, cela ne fait aucun doute pour personne et d'ailleurs on voir mal comment il pourrait en être autrement (on imagine mal un philosophe contemporain s'appuyant sur la cosmogonie d'Aristote ou sur la physiologie de Descartes). Mais, lorsque vous demandez si "l'impact de la science sur la philosophie ne pourrait pas comprendre - parmi mille autres choses, si on veut - l'analyse critique des problématiques", faut-il comprendre par "analyse critique" ce qui appartient en propre à la méthodologie scientifique, à savoir l'exigence démonstrative, voire la conception expérimentale de la vérité, ou bien faut-il aller jusqu'à inclure le contenu même du corpus scientifique (ce que Kuhn appelle "le paradigme scientifique") ? Il faut porter au crédit du courant analytique (Frege, Russell, Carnap, le Cercle de Vienne, Quine, Putnam, etc.) d'avoir introduit la rigueur argumentative scientifique dans la philosophie et à Wittgenstein (du moins dans ce qu'il est convenu d'appeler sa "première philosophie", celle du Tractatus) l'idée qu'il n'y a, stricto sensu, de vérité que scientifique. En revanche, lorsque le même Wittgenstein dénonce, dès le Tractatus, le scientisme d'un certain nombre de philosophes (dont les philosophes analytiques, d'ailleurs), il critique justement le manque de discernement de ceux qui considèrent que la vérité scientifique, autrement dit la vérité tout court, doit être la valeur cardinale, l'horizon indépassable de l'accomplissement de l'humanité. 

C'est en ce sens qu'il souligne qu'"à supposer que toutes les questions théoriques possibles soient résolues, les problèmes de notre vie demeurent encore intacts". Car les "problèmes de notre vie" concernent le beau, le merveilleux, le juste, l'efficace, le pertinent, le mystérieux, etc., autant de valeurs qui ne sont nullement réductibles à la vérité et, partant, ne peuvent être appréhendées que par et dans des domaines (art, religion, droit, philosophie, etc.) sur lesquels la science n'a rien à dire. S'agissant plus spécifiquement de la philosophie, l'exemple le plus significatif de son fourvoiement scientiste (celui auquel il a consacré ses derniers travaux) étant pour lui la "psychologie", que ce soit sous la forme de la psychanalyse freudienne ou bien des neuro-sciences qui, dans les deux cas, singent les sciences expérimentales en prétendant objectiver quelque chose comme "l'esprit" et, partant, apporter une réponse catégorique à l'une des grandes énigmes que s'est toujours posées l'homo sapiens. Or, pour lui, la philosophie ne doit pas faire système, ne doit pas théoriser à la manière de la science. Sa spécificité consiste en un devoir permanent de vigilance épistémologique à l'égard des pseudo-évidences (l'existence d'un "inconscient psychique", l'idée que c'est "le cerveau qui pense", etc.) promues par l'autorité des grandes institutions de la pensée, jadis le clergé, aujourd'hui la science. C'est ce qu'il veut dire lorsqu'il dit que "le but de la philosophie est la clarification logique des pensées. La philosophie n'est pas une théorie mais une activité. Une œuvre philosophique se compose essentiellement d'éclaircissements. Le résultat de la philosophie n'est pas de produire des « propositions philosophiques », mais de rendre claires les propositions". Les rendre claires en en montrant les grands enjeux auxquels lesdites institutions n'auront sans doute pas pensé.

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Eric Jalmasque a écrit:
Et le ralliement de la quasi-totalité des neuroscientifiques à la notion d'Inconscient, même si elle n'est pas exactement celle de la conjecture freudienne.

J'enlève le mot "exactement". On obtient :
Et le ralliement de la quasi-totalité des neuroscientifiques à la notion d'Inconscient, même si elle n'est pas celle de la conjecture freudienne.


Maintenant on peut penser que l'Inconscient des neurosciences modernes n'a peut-être rien à voir avec l'Inconscient freudien. Pensez-vous, comme certains qui ont écrit un livre dans ce sens, que les neurosciences ont pour "mission" de confirmer les théories de Freud, qui donc dans son intuition quasi divine (un prophète donc) aurait tout découvert. Trouveriez-vous que votre pensée est trahie si, en admettant que j'en aie la possibilité, j'enlevais dans votre phrase l'adverbe "exactement" ?

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A PHILOGL et PhiPhilo.

A PHILOGL :

Non, enlever le mot "exactement" de ma phrase 
le ralliement de la quasi-totalité des neuroscientifiques à la notion d'Inconscient, même si elle n'est pas exactement celle de la conjecture freudienne.

ne m'est pas une gêne absolue, elle m'oblige simplement à renvoyer au dernier paragraphe de mon message du 20 août où j'exposais pourquoi et comment la recherche des neuroscientifiques était loin d'être achevée sur les modalités à reconnaître à cette notion, le mot se référant à l'argumentation de ce paragraphe pour asseoir son propos introductif :
  
"Dire aujourd'hui que la notion d'inconscient admise par les neuroscientifiques est substantiellement éloignée de la conjecture freudienne est me semble-t-il très prématuré", ce qui naturellement se lit aussi comme dire aujourd'hui qu'elle est substantiellement proche de la conjecture freudienne me semblerait aussi prématuré ; ma conclusion à ce paragraphe était d'ailleurs : "Pour terminer, je crois quant à moi que la distance qu'auront à terme les découvertes neuroscientifiques avec la conjecture de Freud sera éminemment dépendante du résultat des recherches qui pourraient être faites (mais qui à ma connaissance ne le sont encore que très peu) sur le rôle des émotions d'une part et d'autre part de la mémoire (cft. Endel Tulving) dans la prise de décision non rationnelle et corrélativement l'établissement des valeurs, qui sont à mon avis justement l'élément déterminant de ces prises de décision non rationnelle."
J'ajoute ici que le processus de maturation des découvertes scientifiques avant stabilisation complète, sans même parler de nouveaux paradigmes plus généraux relativisant la théorie en cas particulier, se déroule couramment sur des décennies en impliquant de nombreux chercheurs. Par exemple, même le système si complet de Newton a reçu quelques compléments correctifs de Laplace.
Au total je ne pense absolument pas que "les neurosciences ont pour "mission" de confirmer les théories de Freud, qui donc dans son intuition quasi divine (un prophète donc) aurait tout découvert.."
D'abord parce que je pense que, comme toutes les sciences, les neurosciences ont pour mission d'objectiver expérimentalement des faits inductifs d'une théorie et non pas de confirmer ce qui n'est, de la part de Freud ou d'anti-Freud ou de tout autre, en l'absence de tout fait expérimental méthodologiquement valide, vérifiable et reproductible, qu'une conjoncture, aussi féconde puisse-t-elle être en concepts et autres retombées psychologiques. Personnellement, si la lecture de Freud m'a été d'un grand apport dans la compréhension de beaucoup de comportements humains, je tiens pour erronés nombre de ses textes, parmi une myriade il est vrai, mais ce qui suffit pour lever le soupçon de lui accorder un statut de prophète.  
A PhiPhilo
Le fonds de votre argumentation me semble résider dans le second paragraphe de votre dernier message :
"C'est en ce sens qu'il souligne qu'"à supposer que toutes les questions théoriques possibles soient résolues, les problèmes de notre vie demeurent encore intacts". Car les "problèmes de notre vie" concernent le beau, le merveilleux, le juste, l'efficace, le pertinent, le mystérieux, etc., autant de valeurs qui ne sont nullement réductibles à la vérité et, partant, ne peuvent être appréhendées que par et dans des domaines (art, religion, droit, philosophie, etc.) sur lesquels la science n'a rien à dire. S'agissant plus spécifiquement de la philosophie, l'exemple le plus significatif de son fourvoiement scientiste (celui auquel il a consacré ses derniers travaux) étant pour lui la "psychologie", que ce soit sous la forme de la psychanalyse freudienne ou bien des neuro-sciences qui, dans les deux cas, singent les sciences expérimentales en prétendant objectiver quelque chose comme "l'esprit" et, partant, apporter une réponse catégorique à l'une des grandes énigmes que s'est toujours posées l'homo sapiens. Or, pour lui, la philosophie ne doit pas faire système, ne doit pas théoriser à la manière de la science. Sa spécificité consiste en un devoir permanent de vigilance épistémologique à l'égard des pseudo-évidences (l'existence d'un "inconscient psychique", l'idée que c'est "le cerveau qui pense", etc.) promues par l'autorité des grandes institutions de la pensée, jadis le clergé, aujourd'hui la science ..."

Pour moi, "toutes les questions théoriques possibles", au sens de votre citation c'est-à-dire susceptibles d'une problématique rationnelle ne pouvant jamais être "résolues" (théorèmes d'incomplétude de Gödel etc ...), homo sapiens aura toujours dans "les problèmes de sa vie demeurant encore intacts" ceux relevant de sa rationalité et ceux relevant de ses valeurs, et je n'accorde pas une moindre importance, loin de là, à ceux-ci qu'à ceux-là. L'erreur me semble-t-il est de croire que la ligne de partage des eaux est immuable entre les deux domaines. Car le propre des acquisitions scientifiques, c'est de doter homo sapiens de la capacité de modifier, au-delà de ses moyens naturels pour ce faire, la réalité physique, modifications dont l'impact psycho-émotionnel finit par modifier les valeurs de sociétés humaines entières. Si l'animisme originel de l'humanité a quasiment disparu de la surface de la terre, la maîtrise du feu, l'invention de l'agriculture et de l'élevage, de la métallurgie et des armes et outils qu'elle a permis en sont les causes premières et on peut continuer comme vous l'avez du reste évoqué vous-même avec les révolutions coperniciennes, industrielles, informatiques, etc ... En somme, ce qui fait d'abord bouger la ligne de partage des eaux entre rationalité et valeurs, ce sont d'abord les acquisitions scientifiques. Vous citiez d'ailleurs Bachelard : "l'activité scientifique a à instruire la philosophie".

Eh bien, c'est je crois ce qui est en cours dans l'activité actuelle des neuroscientifiques, je précise dans l'activité de ceux qu'on peut à juste titre qualifier ainsi, c'est-à-dire menant des expériences avec les matériels adéquats dont j'ai déjà parlé pour objectiver de façon méthodologiquement valide des faits vérifiables et reproductibles.

Et sous cette réserve, je pense tout à fait injuste votre affirmation comme quoi les neurosciences singent "les sciences expérimentales en prétendant objectiver quelque chose comme l'esprit", ne serait-ce que parce qu'elles ne cherchent pas à objectiver "l'esprit", mais le fonctionnement de l'esprit, tout comme la maîtrise du feu n'a pas été l'objectivation du feu en soi mais celle de son usage. Pour le reste, les expériences dont je parle, qu'on peut facilement trouver sur internet, sont conformes aux critères méthodologiques scientifiques actuels.
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