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Les conséquences de l'absence de valeurs

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nnikkolass
Nash
Törless
7 participants

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En effet, la maladie est la cause du symptôme.En d'autres termes, d'où vient notre "envie" de faire le bien ?Ce qu'on peut aussi exprimer avec un vocabulaire plus médical : quelle est la maladie qui donne pour symptôme de vouloir faire le bien, bref, reformulation élégante : de quelle maladie notre volonté de faire le bien est-elle le symptôme ?

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Je tente une esquisse de réponse d'un point de vue "évolutionniste" (plus je lis des auteurs de ce mouvement plus je me sens proche des idées véhiculées, je découvre plein de choses sur la nature humaine qui me permettent de faire des liens avec la philosophie, en voici un exemple), je vais parfois partir d'un point qui paraît éloigné, mais c'est pour mieux comprendre un cheminement de pensée et arriver au sujet :

- Lucie Vincent (neurobiologiste) nous dit que l'amour dure 3 ans : ce qu'elle nomme amour est en fait l'amour/passion (de mon point de vue)... Pourquoi dure-t-il 3 ans maximum ? Tout simplement parce l'espèce humaine est nidicole (il existe a contrario des espèces nidifuges dans le règne animal) : les petits humains naissent immatures, ils ont donc besoin des deux parents pendant un certain temps pour survivre (en tout cas à l'époque des premiers hommes, un bébé seul ne pouvait survivre sans l'aide des deux parents), pour Lucie Vincent l'organisation hormonale du cerveau se dérègle pendant trois ans maximum, pour obliger les deux parents à être amoureux et qu'ils ne se séparent pas pendant trois ans, âge où le petit homme commence à être autonome)... Alors bien sûr quelques couples durent plus de trois ans : le cerveau reprend son architecture normale, son fonctionnement hormonal normal, mais il existe une hormone, l'ocytocine que l'on fabrique quand on ressent le plaisir d'être avec l'autre (tendresse, voire discussion, etc.), cette hormone serait l'hormone de l'amour complice... Bref, donc si on relie à Pinker et aux modules d'émotions nous préexistant, nous serions d'accord pour dire que la nature humaine est en partie liée à des caractéristiques communes innées... Je pense que la morale peut prendre un premier ingrédient de sa composition dans l'inné, l'appartenance à une espèce avec des caractéristiques communes ayant pour volonté inconsciente et programmée la perpétuation de notre espèce animale si particulière... mais vous me direz : tout le monde n'a pas envie d'avoir d'enfant, ou d'améliorer la condition humaine.

- Et je vous répondrais : oui, car la morale n'est pas seulement constituée d'éléments innés mais aussi d'une certain libre arbitre dans ce que chacun va définir de ce qu'est le bien commun. Donc le deuxième élément pourrait se trouver dans une maladie (qui n'en n'est pas vraiment une puisque c'est dans notre nature de fonctionner comme cela) que l'on nommerait, nos croyances, et donc aussi nos stéréotypes... je ne vais pas détailler, cela a fait l'objet déjà de nombreux post de ma part...
- un dernier élément, que j'aurais dû mettre en second, vient de la culture et des archétypes fondateurs, à lier avec le concept de norme sociale : "l'homme est un animal social" disait Durkheim, Aristote ajoute : "la liberté des uns s'arrêtent à celle des autres..." Si nous voulons vivre parmi les autres on est obligé de faire avec les normes, la culture de la société dans laquelle on vit...

Pour moi une morale se compose de ces trois éléments et pas uniquement de nos croyances personnelles : la culture, les normes sociales, une programmation génétique commune à de nombreuses espèces qui influent sur une volonté de perpétuation de l'espèce, et enfin sur un système de croyances propres à chacun en fonction des expériences empiriques de chacun... Donc la volonté de faire le bien commun viendrait aussi de ces trois éléments, de mon point de vue... J'avoue ne pas bien connaître le concept de morale, en revanche j'ai des connaissances solides concernant le mouvement évolutionniste et je crois de plus en plus qu'il existe un libre arbitre mais qui est minime, car en effet nos croyances sont une maladie qu'il est difficile de remettre en question ou d'assouplir, et la volonté de faire du bien étant une notion subjective, serait un des symptômes de cette croyance...

Pour finir, je dirais que quelqu'un qui n'a pas la volonté de faire le bien commun (comme les poètes romantiques, qui nous proposent de vivre la passion intensément sans se soucier des conséquences, n'est-ce pas là la preuve d'un égoïsme) sont finalement en désaccord avec la nature (à la fois leur nature et la Nature), ils vont donc droit à la destruction (leur propre destruction, voire la destruction de l'espèce et de la Nature), ils ont choisi un chemin égoïste en prenant des fausses valeurs, l'argent, la beauté, la passion, etc., et vont droit à leur perte et la perte de l'humanité... C'est bien pour cela que malgré mon agnosticisme, je me range du côté d'une morale qui m'amène à respecter l'autre dans ses croyances, toujours partant pour discuter et essayant de comprendre même ce qui peut paraître intolérable, ma morale consiste à penser comme les évolutionnistes qu'il faut préserver notre espèce pour des millénaires, voilà un beau projet commun dont on pourrait discuter, peut-être en commençant par réfléchir au système d'ancrage et de conditionnement mental de nos enfants (comme le décrit Huxley), pourrions-nous réfléchir aux archétypes fondateurs de notre civilisation ? etc.

Que pensez-vous de mon interprétation ? Ai-je bien compris le sens de votre question ?

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nnikkolass a écrit:
Pour finir, je dirais que quelqu'un qui n'a pas la volonté de faire le bien commun (comme les poètes romantiques, qui nous proposent de vivre la passion intensément sans se soucier des conséquences, n'est-ce pas là la preuve d'un égoïsme) sont finalement en désaccord avec la nature (à la fois leur nature et la Nature), ils vont donc droit à la destruction (leur propre destruction, voire la destruction de l'espèce et de la Nature), ils ont choisi un chemin égoïste en prenant des fausses valeurs, l'argent, la beauté, la passion, etc., et vont droit à leur perte et la perte de l'humanité...

Êtes-vous certain de bien connaître ceux que vous appelez les poètes romantiques ?

Pour ce qui concerne l'absence de valeurs, outre que cela paraît impossible (sauf à définir avec précision ce que l'initiateur du topic entend par là), puisque seules des "valeurs" peuvent en remplacer d'autres - nouvelles valeurs qui semblent souvent dénuées de valeur aux yeux des conservateurs -, la question sera plus facile à circonscrire si vous observez que la question des valeurs ne surgit qu'une fois la métaphysique morte et enterrée ou à peu près, et ce malgré le chef-d'œuvre de la métaphysique des mœurs. Tant que la métaphysique est la discipline reine de la philosophie (et que la théologie, ou plutôt l'onto-théologie est alignée sur la métaphysique), autrement dit tant qu'il y a de l'être ou un Dieu, la question des valeurs ne se pose pas : elle n'existe pas ni ne peut exister ; la seule question est de se conformer (morale/action/liberté) à Dieu ou à l'être. Dès lors que s'effondrent et la métaphysique et l'onto-théologie, il ne reste plus rien à quoi se conformer, puisque les principes de l'action disparaissent avec elles. Sans prédicat ni prédication pour nous "dicter" ce que nous pouvons et devons faire, ne reste plus qu'à "inventer" des valeurs qu'on n'a même pas à inventer : elles surgissent d'elles-mêmes puisqu'il s'agit de pré-férences, lesquelles renvoient à des mobiles, à des motivations, bref à la psychologie plutôt qu'à la morale. Le problème et l'intérêt des valeurs résident en ceci qu'elles sont tout à la fois subjectives (personnelles) et sources de conformisme, à l'image, donc, des sociétés modernes (tension et complémentarité de l'individu et de la masse). C'est leur envers et leur endroit, indissociables par définition.

Dernière édition par Euterpe le Dim 16 Fév 2014 - 22:15, édité 1 fois

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Je faisais référence au Carpe Diem qui propose de vivre la passion intensément... En lisant Platon et certains dialogues de Socrate avec Alcibiade sur la différence entre la beauté d'âme et la beauté physique, j'ai l'impression que la passion est égoïste, éphémère et bien souvent destructrice, elle se réfère quasiment exclusivement à des critères physiques comme dans le "coup de foudre" (Verlaine a quand même tiré une balle sur son amant Rimbaud quand celui-ci a menacé de le quitter, il existe de nombreux drames liés à la passion...). Alors il me semble (mais peut-être que je me trompe) que ceux qui défendent la passion comme ceux du Carpe Diem (profite du temps présent, on pourrait ajouter : "sans te soucier des conséquences futurs"), ne construisent pas l'avenir, sont insouciants... C'est ce que je pense aujourd'hui, mais comme je l'ai déjà dit, je me trompe peut-être...

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Justement, le fameux "carpe diem" est bien mal traduit et, comme pour l'emploi moderne du substantif "épicurisme", l'altération du sens originel est si prononcée que ça ne veut plus rien dire, en l'état. D'abord, de quels poètes romantiques exactement parlez-vous ? Verlaine, pas plus que Rimbaud, n'est un poète romantique. Vous semblez tenir le carpe diem pour un synonyme pur et simple de passion. Et vous semblez ne retenir de la passion que le pathos, en lui attribuant un sens péjoratif (l'égoïsme). C'est un point de vue moral étranger à l'épicurisme.

Le carpe diem n'est pas d'origine romantique (on le tient d'Horace, dans ses Odes*), et ne se comprend que dans une conception de l'existence qui intègre l'expérience de la mort, pour ainsi dire comme une donnée immédiate de la conscience. Je ne distingue que deux moments dans l'histoire où le carpe diem correspond à une sensibilité et à des représentations identifiables, le premier est le siècle d'Auguste, le deuxième la Renaissance (Cf. Ronsard, par exemple, pas seulement dans ses fameux Sonnets à Hélène). En outre, le carpe diem ne consiste pas à se dessaisir de toute responsabilité, c'est une variante latine de l'épicurisme et, pour être exact, c'est une forme de la prudence, si chère aux Romains (prudentia futurorum), et si contraire à l'inconséquence.

Concernant le coup de foudre, il a fait l'objet de conceptions plus spirituelles que matérielles ou charnelles ("physiques").

Votre exposé est encore trop syncrétique (mélange de notions, de périodes et de domaines que vous rapprochez, mais dont vous ne dites pas en quoi ils sont liés logiquement) ; il constitue plutôt, à mon avis, une photographie de l'état actuel de vos recherches et de votre réflexion.
Horace, Odes, I, XI, 7-8 a écrit:
* [...] La vie étant courte, supprime les longs espoirs. Pendant que nous parlons, l'heure jalouse a déjà fui. Cueille le jour présent, ne te fie pas à celui qui luira demain


Dernière édition par Euterpe le Sam 30 Juil 2016 - 10:50, édité 1 fois
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