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Foucault et la guerre

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5 participants

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Silentio a écrit:

Un problème semblable se pose dans la critique foucaldienne du libéralisme : quelle différence entre le libéralisme et le totalitarisme ?


Sur quelle conception du totalitarisme Foucault s'appuie-t-il ? Comment s'articule son questionnement ?

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Je ne crois pas me souvenir qu'il en ait développé une, justement. Mais on peut identifier, via certains articles de Foucault et les apports d'Agamben, le totalitarisme et la thanatopolitique (retournement de la biopolitique, qui fait vivre et laisse mourir, au lieu de donner la mort et de laisser vivre, en politique de mort ; l'État social, gestionnaire, devient une bureaucratie en vue des camps). Mais ça ne rendrait compte que du nazisme, je pense. Reste que pour Foucault, contrairement à ses amis, on ne peut critiquer Israël, par exemple, en prétendant que ce serait la même chose que le nazisme. Foucault est un penseur rigoureux de la différence, un nominaliste exigeant. Mais je crois que malgré ça la question de la différence entre libéralisme et totalitarisme se pose vraiment, c'est en tout cas là-dessus que j'ai buté dans mes recherches : bien que la gouvernementalité libérale implique la liberté des acteurs, le système normalise, surveille et contrôle tellement les conduites qu'on peut se demander si la biopolitique libérale (dans cette vision paranoïaque du pouvoir finalement négatif puisqu'il normalise, produit des sujets hétéronomes, au sens de Castoriadis, et des conditions de vie dégradées), même si elle n'est pas une thanatopolitique (un hobbisme assumé ?), ne masque pas un pouvoir d'autant plus pernicieux qu'il est justement masqué.

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Oui je suis aussi d'avis que la question se pose. En fait, il me semble que le marcher mondial se trouve parasité par une idéologie du profit économique qui contraint l'ensemble des structures sociales à s'adapter à des exigences qui ne sont pas les leurs et qui ne devraient pas l'être, jusqu'à prendre une dimension quasi totale. Il est intéressant d'étudier la manière dont la politique des nations à été influencée par les spécialistes des banques (Pompidou en France si je ne me trompe pas). Par exemple, il n'y a aucune explication cohérente au fait que les emprunts des états soient faits auprès de banques privées à des taux exorbitants alors que ces banques elles-même se financent auprès de la banque centrale européenne, à des taux à peu près nuls. A l'époque il s'agissait de contenir l'inflation, ce qui était déjà illégitime à l'époque et l'est d'autant plus dans le contexte actuel. Toutefois la comparaison doit être mesurée à mon avis, le totalitarisme correspond à des phénomènes bien précis et le phénomène qu'on connaît actuellement nécessite probablement d'autres outils conceptuels pour être pensé. Considérez vous que le vice se trouve dans "l'essence" du libéralisme, ou n'est-il qu'un symptôme d'une crise plus vaste ? Si vous avancez dans cette comparaison je serais très heureux de connaître vos résultats.

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Zingaro a écrit:
Foucault reproche à Hobbes, et Zarka lui donne raison, d'avoir pensé la guerre théoriquement et d'être par là un philosophe de la paix.
Zingaro a écrit:
Figures du pouvoir, Yves Charles Zarka (puf) p.153

On croit en effet généralement que, en raison de son concept d'état de guerre, Hobbes pense la politique en fonction de la guerre. Or il n'en est rien ; au contraire, selon Foucault - qui a parfaitement raison sur ce point -, Hobbes est par excellence le penseur de la paix. Pour montrer que la guerre n'a qu'une fonction seconde, voire rhétorique, chez Hobbes, Foucault souligne deux points philologiquement exacts. Premièrement la mise sur le même plan des trois modes d'acquisition de la souveraineté (l'institution, l'acquisition et l'engendrement), ce qui ne peut se faire que parce que l'établissement de la souveraineté suppose toujours un contrat (explicite ou tacite). Deuxièmement, la guerre de tous contre tous signifie en vérité que le politique n'est pas fondé sur la guerre : la politique ne s'instaure qu'avec la suspension de la guerre, l'arrêt de la guerre. Hobbes est donc un penseur pour lequel on peut arrêter la guerre, un penseur pour lequel c'est précisément la tâche du pouvoir politique de mettre fin à l'état de guerre. La guerre hobbesienne n'est donc pas une guerre réelle où il y aurait des vainqueurs réels et des vaincus réels, mais une guerre théorique, une guerre de philosophe. En outre, la fin de cette guerre n'est nullement la victoire ou la conquête des uns par les autres. Au contraire, cette guerre ne peut avoir d'issue, de sorte qu'il est impossible de fonder sur elle, c'est-à-dire sur le rapport de force, la domination politique, et qu'il faut au fondement de cette domination autre chose, à savoir un acte juridique : la convention sociale
Foucault n'a absolument pas raison sur ce point, quoi qu'en dise Zarka. Hobbes pense la société (le contrat, le contractualisme) contre la nature (absence de contrat). De là à transposer la chose sous la forme d'une opposition entre la paix et la guerre, il y a un pas qu'on ne franchit guère sans risquer un fâcheux contresens. Non, Hobbes n'a pas une vue "théorique" de la guerre, comme un philosophe de cabinet. La guerre civile n'a rien de comparable avec la guerre "normale". Dans la première, le droit n'existe pas : c'est le chaos ; dans la deuxième, nous sommes encore dans l'ordre politique. Il est temps que l'histoire de l'Angleterre soit rendue obligatoire dans les cursus universitaires où l'on s'occupe de "penser" le politique... Que nos théoriciens confectionnent une machine à remonter le temps et parcourent le XVIIe siècle anglais, ils comprendront ce qu'est la réalité d'une guerre civile. Cf. The dissolute condition of masterless men : "la condition dissociée des hommes lorsqu'ils n'ont pas de maître" (trad. Manent), voilà ce qu'on appelle la "nature", chez Hobbes, i. e. la guerre civile.
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