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Comment bien juger ?

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Liber
Euterpe
odette
7 participants

descriptionComment bien juger ? - Page 4 EmptyRe: Comment bien juger ?

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Tout le monde verra un bateau, mais ce bateau ne voudra pas dire la même chose pour tous. Ainsi d'un sens partagé nous arrivons à des perceptions hétérogènes. Donc ce n'est pas l'illusion des sens qui est à l'origine de l'intolérance, mais bien les différentes perceptions

Nous ne doutons pas spontanément que l'objet soit tel que nous le percevons, alors même que ce que nous en savons est une sorte de reconstitution. Ce qu'il est véritablement, nous l'ignorons. Or ces objets des sens qui nous trompent, nous nous battons pour les posséder ou les fuir, les conserver, les préserver - notre comportement est directement affecté par la croyance en leur véracité. Les passions : avidité, jalousie, colère, soif de pouvoir, orgueil, sont dépendantes de cette croyance (si on considère l'objet dans le sens de tout ce qui est objet d'une perception, êtres vivants et nous-mêmes compris). Je suis finalement d'accord avec vous c'est bien l'intuition ou la compréhension de cette subjectivité, de l'hétérogénéité des perceptions et de l'impossibilité de circonscrire ce que l'on nomme “le réel” qui permet la tolérance (votre argument n'est pas contraire). Nous pouvons avoir une compréhension spontanée de ce que notre “jugement” nous est relatif. Car si nous sommes persuadés de l'objectivité de notre vision, comment accueillir comme possiblement valide celle de l'autre ?

descriptionComment bien juger ? - Page 4 EmptyRe: Comment bien juger ?

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Je précise pour mon terme de perception. J’entends par là ce qui ajoute aux cinq sens de la valeur.

Il ne me semble pas que la subjectivité soit le premier sentiment que nous ayons vis-à-vis de nos jugements. Dire que notre jugement est à nous et pas à un autre me semble effectivement évident. Mais la démarche supplémentaire qui consiste à dire que puisque qu'il y a subjectivité, il y a aussi incertitude ou relativisme,  n'est pas une action courante. S'il en était nous aurions toutes les peines du monde à agir avec conviction. Or cette dernière fonde la plupart du temps notre action. Le tout premier sentiment  est donc du domaine du sujet, et le second est un rapport à la connaissance et la valeur qu'elle sous-tend. Ainsi pour juger nous fusionnons les deux domaines en donnant la primauté au premier. Ce que nous nommons subjectivité est donc l'affirmation d'un sujet sur une connaissance. Et cette union nous apparaît objective parce que chaque autre possède les mêmes outils et que la différence ne se fait pas sur le sujet, mais sur la connaissance. Ainsi dans une confrontation d'idée nous ne faisons généralement pas appel à l'expérience ou à l'histoire d'autrui, mais bien à la connaissance qu'il affiche. Nous faisons comme si le sujet n'existait pas parce qu'il n'offre aucun angle d'attaque à moins de se lancer dans une psychanalyse, ce qui généralement est hors de propos. Pour moi il y a bien subjectivité au premier abord, mais qui est aussitôt évincé. Et chacun est obligé de se réclamer d'une objectivité, sinon de ne pouvoir rien affirmer. L'exemple le plus significatif est qu'il est très difficile d'imaginer que l'autre ne sache pas ce que nous savons, ou pensons savoir, tant nous lui prêtons les mêmes facultés.

Maintenant comment faire pour accueillir la connaissance de l'autre, car l'autre en tant que sujet est déjà intégré, si nous sommes persuadés de notre objectivité ?  Je reprendrais le même argumentaire que plus haut. Nous fonctionnons plutôt dans l'idée que tous les autres fonctionnent de même mais avec des valeurs différentes. C'est donc sur cette similarité de fonctionnement que nous allons pouvoir prendre appui. Son objectivité a été élaborée de la même manière que la mienne, à savoir construire une conviction. Ainsi le plan (qui n'est ni le motif, ni le mobile) de ce projet n'est autre que l'argumentation et nous pouvons en discuter, le nier ou l'accepter sans que nous ayons à nier le sujet – ce à quoi je me refuse.

J'ai bien conscience dans ce qui précède de ne pas avoir défini l'objectivité autrement que comme force de conviction, et par là on pourrait prétendre qu'elle se fond aussi dans la subjectivité. C'est vrai, mais c'est aussi parce que j'ai une autre définition de l'objectivité.

Pour moi est subjectif tout ce qui relève du sujet. Mais qu'est-ce qui n'en relèverait pas ? Autrement dit, où se trouve donc l'objectivité ? Je ne crois pas à la neutralité pleine et entière d'un sujet sauf dans le cadre bien défini des sciences dures. Hormis ce domaine, débusquer l'objectivité ne va pas être une mince affaire. Personnellement je ne la vois que dans le discours, et de quelque nature qu'il soit. Parler, ce n'est pas se parler à soi-même, du moins pas communément. C'est donc s'adresser à l'autre. Et cet échange se fait en trois temps.
Le premier consiste à réunir, à compiler et formater dans le langage sa subjectivité. C'est un travail intérieur déjà convaincu.
Le second temps est de mettre la parole au centre du débat (dans un sens spatial), comme dans un pot commun, une sorte de no-mans land de la discussion. A cet instant la conviction se met en danger puisqu'elle va pouvoir être reprise par l'autre, et qui en fera ce qu'il voudra. Enfin le troisième temps est que la parole de l'un va être reprise par l'autre, et donc être subjectivée.
On voit bien que la neutralité n'est plus dans le propos, mais à l'endroit où il s'effectue. C'est-à-dire dans cet espace au premier abord silencieux et qui va se remplir du discours, et où chacun pourra y puiser ce qu'il veut pour se l'approprier, et donc le subjectiver. Ainsi l'objectivité est dans ce second temps, dans ce pot commun de la discussion où chacun y piochera à loisir. Notre subjectivité prend l'initiative d'être subjectivée chez l'autre, et donc de se perdre. Et elle ne peut le faire que si elle n'est d'abord à personne.
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