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Le scepticisme et l'épicurisme comme eudémonologies ?

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5 participants

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Je ne le mets pas au même niveau que Pascal, ce serait absurde. Mais il me semble que vous idéalisez Montaigne, vous ne voyez pas l'homme sous les beaux discours héroïques de ses moments de bien-être ou de victoire sur lui-même. Cependant, je ne nie absolument pas la sagesse de Montaigne et son goût pour la vie, sa plasticité et sa chaleur humaine qui va à l'encontre de ces froides statues que sont les anciens, ces insensibles par excellence. J'aime Montaigne, tout comme Nietzsche, pour ses élans d'amour du monde (voyez les quelques éloges que j'ai fait de lui sur un autre topic). Je ne le prends pas pour autant entièrement pour un chantre de la joie qu'il incarnerait systématiquement ; il y a une différence entre ce que l'on souhaite et la façon dont on lutte pour satisfaire l'envie qui s'exprime. Je persiste à penser, d'après ma lecture (je me souviens de la façon dont il est obnubilé par la mort, qu'il craint, ou plutôt le moment du mourir, et dont il trouve que la vie est faite d'ennui ; certes, il critique les illusions et faiblesses des hommes, mais si lui détient des solutions en parole elles sont plus dures à faire vivre en acte et ce dont Montaigne nous parle c'est de ses propres déboires avec l'existence ; Montaigne expose son propre moi, ses fêlures, et en cela anticipe Descartes, Pascal et même Rousseau, il y a forcément aussi du pathos là-dedans) et certaines critiques (Pascal), que Montaigne a une part obscure, il reste insatisfait. Mais c'est aussi en cela qu'il est profondément humain et proche de nous.

Quant au bonheur, je n'y crois pas. On pourrait effectivement le concevoir de manière dynamique, dans la transition entre souffrances et joie, mais personnellement j'en resterais à ces souffrances et à ces joies, faisant d'ailleurs de la joie une intensité de l'instant qui nous fait adhérer à l'être de manière purement absurde. Seul ceci est réel et désirable. Le bonheur reste trop abstrait. Enfin, s'agissant du doute, je le conçois aussi comme un moteur, mais au prix de tensions et contradictions et d'une certaine perdition qui menacent et font prendre des risques au sceptique. Voyez, tout de même, l'abîme devant lequel se trouve souvent Nietzsche après ses jeux et ses danses (il serait absurde, de plus, de croire que je critique le scepticisme, ces auteurs sont loin d'être mes ennemis, bien au contraire, je ne fais que rappeler qu'il n'y a pas de sceptique triomphant, que lorsque l'on vainc on est déjà dépêtré d'un problème, on n'est plus sceptique, parce que douter c'est avant tout exercer un certain nombre de forces contre soi-même, en tout cas lorsqu'il s'agit d'un scepticisme existentiel qui engage celui qui pense).

Dernière édition par Silentio le Mer 29 Fév 2012 - 15:45, édité 6 fois

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Silentio a écrit:
ces froides statues que sont les anciens, ces insensibles par excellence.

C'est vous qui êtes trop sensible, ô homme moderne ! Les Anciens n'étaient pas insensibles, ils étaient calmes. En comparaison, nous sommes des nerveux angoissés qui ne supportent rien. Ils me font penser à ces Africains ou ces Afghans d'aujourd'hui pour qui le temps est une notion abstraite dont ils ne se préoccupent pas. Ils vivaient au côté de leurs ancêtres, comme s'ils avaient été là tout près d'eux.

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Vous avez tout à fait raison, Liber, je ne cesse de critiquer les modernes pour leur médiocrité ou leur impuissance constitutive. Et j'en fais partie, bien entendu. Toutefois, si je qualifie les anciens d'insensibles, qu'est-ce qui indique que c'est péjoratif ? Il est vrai que j'ai écrit cela par rapport à Montaigne et à notre ami Baschus, et que je ne pense pas les anciens aussi insensibles ou froids que ce que j'ai formulé, mais très clairement rien ne laisse supposer que j'ai insinué quoi que ce soit des anciens en mal. J'admire la grandeur de l'aristocrate Platon et de l'esclave Epictète.

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Silentio a écrit:
Toutefois, si je qualifie les anciens d'insensibles, qu'est-ce qui indique que c'est péjoratif ?

Vous indiquez par là vos préférences, qui vont naturellement aux modernes. Vous montrez aussi que vous voyez les Anciens depuis un point de vue d'homme moderne. C'est possible, citons un Hérédia ou un J-L Gérôme.

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Je peux employer un point de vue sans dire ma préférence. De plus, dire que quelqu'un est insensible ne dit rien sur cette qualité, à moins de considérer que c'est une absence de qualité, absence de ce qui serait censé être positif (la sensibilité). A vrai dire, il n'y a pas de jugement de ma part ici tant j'aime les anciens, ce qui n'empêche pas un sentiment d'étrangeté à leur égard, on s'identifie plus facilement aux modernes parce qu'ils sont affectés, que les sentiments se communiquent et que nous avons plus de choses en commun au quotidien qu'avec les anciens qu'il est toujours plus difficile d'imaginer dans leur environnement socio-culturel. Je reproche aux modernes, par ailleurs, leur manque de majesté et de volonté. Là je pourrais donner ma préférence aux anciens mais il y eut de grands hommes chez les romantiques également, même si nous devrions prendre en compte le fait que beaucoup d'entre eux étaient plutôt maladifs. En tout cas, je ne considère pas l'insensibilité des anciens comme un défaut, ne serait-ce que sous l'angle de la volonté, de la force de caractère, de la maîtrise de soi. Mais peut-être n'étaient-ils pas tant insensibles (Platon artiste et amant) que ce que j'ai pu dire précipitamment en m'en tenant à répondre d'après la position de Baschus mettant en avant la particularité et les qualités (jugées positives) de Montaigne. N'ayant pas réfléchi aux conséquences de ma réponse, à ses possibles implications, j'ai établi une différence avec les anciens à partir de Montaigne. Reste que je ne partage pas l'opinion moderne selon laquelle l'insensibilité serait péjorative (le lire ainsi vous met, vous Liber, dans la position du moderne). De nos jours nous pouvons entendre les gens qualifier certains d'insensibles, d'égoïstes, etc., pour en faire des monstres et les montrer du doigt. Mais hors de l'usage social où la connotation est implicite, il reste que dire que x est y ne contient aucunement un élément susceptible d'entraîner un jugement moral, sauf bien entendu si l'on utilise d'emblée un vocabulaire moral. Je trouve même positif que les anciens aient pu se montrer redoutables, intransigeants sur leurs principes et qu'ils aient su trancher, décider, juger, agir selon leurs idées. Cela, justement, fait que l'on a un rapport totalement différent avec les anciens qu'avec un Montaigne, les uns étant des maîtres lointains, des figures d'airain (même si nous pouvons aller au-delà d'une certaine image pour découvrir leur quotidien, leur humour, leur vivacité d'esprit et leur vie tout aussi rythmée que la notre, etc.), tandis que l'autre est notre semblable, quasiment notre contemporain ou notre ancêtre direct, qui nous semble plus proche et plus prompt à une certaine bonhomie, à une spontanéité qui le rend plus immédiat, moins de marbre dans un passé idéal.
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