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Volonté de puissance ou volonté de pouvoir ?

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5 participants

descriptionVolonté de puissance ou volonté de pouvoir ? - Page 9 EmptyRe: Volonté de puissance ou volonté de pouvoir ?

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Liber a écrit:
Je ne crois pas aux grands desseins de Napoléon pour la France et encore moins pour l'Europe.
Moi non plus. Les Allemands ont toujours pensé à sa place en faisant de lui l'objet de leurs fantasmes. Ceux de Nietzsche comme de ses prédécesseurs.

Je me référais justement au § 362 du 5e livre du Gai savoir (sachant qu'il s'y réfère aux Mémoires de Mme de Rémusat) :
Nietzsche a écrit:
Notre croyance à une virilisation de l'Europe. — C'est à Napoléon (et nullement à la Révolution française qui visait à la "fraternité" des peuples et à d'universelles effusions fleuries) que l'on doit de pouvoir s'attendre désormais à une succession de siècles belliqueux sans précédents dans l'histoire, en un mot d'être entré dans l'ère classique de la guerre, de la guerre à la fois savante et populaire de la plus vaste envergure (quant aux moyens, aux talents, à la discipline), période que tous les millénaires à venir considéreront rétrospectivement avec envie et respect comme un morceau de perfection : — le mouvement national en effet dont procédera cette gloire belliqueuse, n'est qu'un contrecoup de l'action même de Napoléon et n'aurait pu se produire sans lui. Ce sera donc à lui qu'un jour on reconnaîtra le mérite d'avoir restitué à l'homme en Europe la supériorité sur l'homme d'affaires et le philistin ; peut-être même sur "la femme" que le christianisme et l'esprit enthousiaste du dix-huitième siècle et davantage les "idées modernes" n'ont cessé de cajoler. Napoléon, qui tenait la civilisation avec ses idées modernes pour une ennemie personnelle, s'est affirmé par cette hostilité comme l'un des plus grands continuateurs de la Renaissance ; c'est lui qui a ramené au jour tout un morceau de nature antique, le morceau décisif peut-être, le morceau de granit. Et qui sait si ce morceau de nature antique ne parviendra pas à reprendre le dessus également sur le mouvement national, pour hériter et continuer au sens positif l'effort de Napoléon : — lui qui voulait une seule Europe, comme on sait, et cela en tant que maîtresse de la terre. —

Folio, p.269.

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C'est exactement à ce passage que je pensais. Dans mon édition des Annales de Gœthe (où se trouve le fameux passage sur la bataille de Valmy, le "J'y étais"), le traducteur renvoie aussi à ce texte de Par delà Bien et Mal. Il explique comment s'est créée cette idéalisation gœthéenne de Napoléon qui a culminé chez Nietzsche, et qui contraste étrangement avec la vision d'un Chateaubriand, politique et très réaliste, ici le traducteur se référant à la courte biographie de l'Empereur qu'on trouve dans les Mémoires d'outre-tombe.

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Je ne crois pas aux grands desseins de Napoléon pour la France et encore moins pour l'Europe.
Je partage cet avis. Mais alors quel était son dessein ? La domination, l'envie de puissance et de pouvoir. Peut-être et sûrement l'assouvissement d'une personnalité. Napoléon, je pense, a toujours voulu être plus que les autres. Il ne souhaitait pas une Europe unifiée, il souhaitait un empire français plus vaste encore que l'empire romain, son empire.

Les Allemands ont toujours pensé à sa place en faisant de lui l'objet de leurs fantasmes. Ceux de Nietzsche comme de ses prédécesseurs.
Comment cela s'explique-t-il à votre avis ?

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aristippe de cyrène a écrit:
Mais alors quel était son dessein ? La domination, l'envie de puissance et de pouvoir.
Bien sûr. A l'apogée de sa gloire, il devenait humain, il lui arrivait d'accorder sa grâce à des hommes qu'il aurait dû faire fusiller, comme cet espion pour qui sa femme était venu implorer la clémence. Mais Nietzsche le préférait inhumain, ce qui n'a guère intéressé Taine, à qui il avait pourtant fait le compliment d'avoir perçu le premier ce trait de caractère, primordial selon Nietzsche.

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En tout cas je me laisse toujours sidérer par la connaissance intime qu'avait Nietzsche des sources hors desquelles il est impossible de connaître et de comprendre la France. Malgré l'autorité des Renan, Taine, Bourget, etc., de leur vivant, peu les lisent et les connaissent depuis qu'ils sont morts. C'est encore plus vrai des Rémusat, et de tous ceux qui gravitaient, de près ou de loin, autour des doctrinaires.

A ce propos, si vous ne connaissez pas Alfred Fouillée, je vous recommande son Nietzsche, qu'on trouve dans la bibliothèque. C'est un excellent penseur du XIXe siècle, complètement oublié, à tort. Il est très sévère avec Nietzsche et ne l'a sans doute pas compris suffisamment, mais nous sommes en 1902 seulement. Son ouvrage vaut la peine qu'on le lise pour la grande qualité des objections qu'il adresse à Nietzsche et qui nourrissent utilement les lectures qu'on en a.
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