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Parménide et la découverte du fait d'être.

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descriptionParménide et la découverte du fait d'être. - Page 4 EmptyRe: Parménide et la découverte du fait d'être.

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"A ce moment-là il n'écrit aucun sujet. Il laisse la formule sans sujet. Et pourquoi à la troisième personne ? Parce que la troisième personne en grec, comme en français finalement est la personne qui se rapproche le plus de l'impersonnel. Quand nous disons : "il pleut", le "il" de "il pleut" n'est pas une personne, le "pleut" c'est à la troisième personne. Il tonne, il neige...troisième personne. "Il" est impersonnel, ce n'est pas une personne. En grec la troisième personne se rapproche le plus de ce qui serait un impersonnel. S'il y avait un sujet, le sujet aurait été le noyau. Mais du moment qu'il n' y a pas de sujet, Parménide peut renforcer ou mettre en avant le fait d'être. Imaginons qu'au lieu de dire "est" il aurait dit "aime" ou "mange", troisième personne. Imaginons un dialogue. Un interlocuteur aurait pu dire : qui aime ? qui mange ? Parménide aurait dit du moment que je dis mange ou que je dis aime je veux montrer que aimer est possible, manger est possible. Pourquoi ? Parce qu'il y a quelqu'un qui aime, il y a quelqu'un qui mange. C'est l'activité que je veux mettre en avant. L’activité d'aimer, l’activité de manger. Après on verra qui aime ou qui mange. Ce qui est important c'est dire que l'aimer a lieu, le manger a lieu. C'est pour cela que je le dis au présent : mange; aime; est. Donc au lieu de dire aime ou mange Parménide a dit "est" troisième personne du verbe être. C'est la même chose si l’interlocuteur redemandait : qui est ? Parménide aurait dit si tu veux le savoir il y a un sujet possible qui, nécessairement, appartiendra à cette troisième personne. Un seul sujet que tu devras tirer d'une manière analytique de l’intérieur de cette troisième personne. Cette troisième personne elle seule va produire un sujet et c'est le seul sujet qui produira une trace vraie dans toutes les langues du monde".

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"C'est donc une paraphrase [ paraphrase : explication étendue d'un texte ]. Au lieu de parler de "est" parlons de  : "aimer". Qui aime ? Il y a des sujet possibles :  Jean-Paul, Pierre, Marie... Mais il y a des sujets impossibles : la pierre, la voiture... Il y a un sujet qui s'impose et qui est toujours vrai, c'est : l'amant. L'amant aime. Sans nous prononcer  sur l'identité de l'amant, si celui qui aime est une personne, est un animal, est de sexe masculin ou féminin. Si je dis l'amant aime, c'est une tautologie. C'est vrai dans toutes les langues du monde. Même chose pour croire. Qui croit ? Le croyant. On appelle tautologie une proposition dans laquelle le prédicat dit la même chose que le sujet. Nous n’apprenons rien de nouveau. Mais nous passons d'un verbe à un sujet. Nous avons tiré le sujet à partir du verbe. C'est un sujet qui s'impose et c'est le seul sujet qui s'impose dans toutes les conditions. Que le croyant croit, que l'amant aime, que le mangeur mange ou que l'être est.  Celui qui est, est; le sujet sort tout seul. C'est la fameuse formule de Parménide : l'être est. Il ne fait qu'ajouter d’une manière tautologique un sujet à cette troisième personne du verbe être qui est posé comme un axiome. Ce qui est : est. Qui pourrait nier que l'on est ? Du moment que cet axiome est valable pour tout ce qui est, ce verbe être appartient à tout ce qui est, puisque tout ce qui est  est. Parménide ne parle pas d'un certain type d’existence. Un rêve est un rêve, une montre est une montre. Il ne s'agit pas d'une hiérarchie d'existence, il s'agit d'attester la réalité de quelque chose, mais la réalité du point de vue d'une présence : présence dans la pensée, dans la réalité. Et cette présence est consacrée par le verbe être".

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"Le verbe être s'applique à tout ce qui est. Et c'est un axiome indéniable car qui pourrait nier, surtout pas un être humain, que l'on est. Ou dans le sens le plus impersonnel possible, un être humain ne peut pas nier qu'il y a de l'être parce qu'un être humain est un étant. Et si un étant n'admet pas qu'il y a de l'être, il n'est pas. Donc dès que nous sommes, nous sommes obligés de croire (mais pas dans le sens religieux) d'admettre qu'il y a de l'être. Nous ne savons pas s'il y a des martiens. Je peux dire que les martiens n'existent pas aujourd'hui. Mais un martien ne pourrait pas dire que le martien n'existe pas. Nous ne pouvons pas dire que l'être n'existe pas, car nous sommes des étants, comme un martien est un martien. Cela serait nier notre réalité. Voilà ce que Parménide a tiré à partir d'une analyse d'un verbe courant de tous les jours. Il a sorti toute une problématique de l'être. Et comme il est conscient  qu'il a fait une grande découverte, tout son poème est une analyse de cette notion. Lorsque nous disons qu'il y a de l'être que disons-nous ? Il fait une longue analyse de cette affirmation et la première chose qu'il essaie de démontrer c'est qu'il s'agit d'une affirmation, il y a de l'être, affirmation absolue et nécessaire.  Pourquoi nécessaire ? Parce qu'il n' y a pas du non-être. Etant donné qu'il est impossible de ne pas être, être est nécessaire. Et pour démontrer qu'il est impossible de ne pas être, Parménide dit que ce qui n'est pas ne peut pas être pensé, ce qui n'est pas ne peut pas être dit. Une chose que nous ne pouvons pas dire, une chose que nous ne pouvons pas penser n'est pas. Cela veut dire que ce qui n'est pas n'existe pas".

descriptionParménide et la découverte du fait d'être. - Page 4 EmptyRe: Parménide et la découverte du fait d'être.

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"Lorsque j'essaye de penser ce qui n'est pas, il n' y a pas un objet possible parce que tout ce que je pense et tout ce que je dis : est. Il faut entendre la notion de penser et la notion de dire au sens strict c'est-à-dire dans le sens d'un contenu de la pensée. Quand je parle dans le sens d'un contenu de discours, je ne peux pas rien dire sinon je ne parle pas. Mais dès que j'ouvre la bouche même si je dis "bla" "bla" c'est le contenu du discours. Qu'il s'agisse d'un contenu sans signification est un autre problème.
Si je pense au centaure, ma pensée a un contenu. Que le centaure existe ou n’existe pas c'est un autre problème. Je peux penser des événements qui se sont passés il y a des siècles, je peux penser à un ami disparu, je peux même dessiner le visage de cet ami disparu. Donc quand je pense, je pense toujours à quelque chose. La pensée a toujours un contenu. On ne peut pas penser à rien. On ne peut pas ne pas penser à quelque chose lorsqu'on pense. C'est cela que Parménide a inventé. S'il était possible de penser à quelque chose qui n'est pas, le non-être existerait. Mais comme le non-être n'existe pas, comme il n' y a rien qui ne soit pas, toute pensée a un objet, tout discours a un objet dans le sens d'un corrélat de la pensée. Antisthène avait pris au mot ce que Parménide avait dit : tout logos est vrai. Quand je dis une chose, une chose est quelque chose qui est, donc tout discours est vrai. Attention le faire de dire "chien" ne produit pas un chien. C'est là le sens qu'Antisthène donnait à la phrase de Parménide : dire ce n'est pas produire une réalité"

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"Platon a mis les choses en ordre lorsqu'il a dit :  "le discours est une structure des choses, il ne produit pas les choses. C'est ce que Parménide avait dit mais Parménide était resté du côté de ce qui produit le discours. Il est nécessaire de dire et de penser ce qui est, donc de dire ou de penser l'étant ou les étants. Pourquoi ? Parce que dans l'être tu ne trouveras pas la pensée. S'il n'y a pas un être comme support, tu ne trouveras pas la pensée. Même si cet être est une imagination. L'imagination est quelque chose, c'est un étant. La manière d'être de cet étant est un autre problème. Mais s'il n' y a pas l' étant comme support, tu ne trouveras pas l'être. C'est vrai que chez Parménide il n' y a aucun terme moyen entre être et ne pas être. Etant donné que ne pas être  n'existe pas, il est impossible  de ne pas être. L'alternative de Shakespeare "Être ou ne pas être" tire son origine de Parménide. Il n 'y a pas un terme moyen entre être et ne pas être. : soit nous sommes, soit nous ne sommes pas. Comme il est impossible  de ne pas être : nous sommes. Quelqu'un a parlé d'un totalitarisme ontologique de la part de Parménide. C'est une formule tout à fait adaptée au contenu de la philosophie de Parménide.
Il faut maintenant dégager le noyau de la philosophie de Parménide. C'est Parménide  qui a découvert la notion d'être. Ce que Parménide a dit sur la notion d'être concerne le fait d'être. Cette sorte de force qui se trouve dans tous les étants".
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