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Une hiérarchisation du racisme ?

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Vangelis
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Zingaro
Silentio
aldolo
Euterpe
10 participants

descriptionUne hiérarchisation du racisme ? - Page 2 EmptyRe: Une hiérarchisation du racisme ?

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Le contexte des Roms en République tchèque est particulier, cela n'a rien à voir avec la situation française.

descriptionUne hiérarchisation du racisme ? - Page 2 EmptyRe: Une hiérarchisation du racisme ?

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Pourtant il y a une liste de métiers en France qui sont réservés aux Roms. Si ce n'est pas comparable dans sa globalité, cela reste problématique. Et en disant problématique, je reste poli...

Sinon pour revenir au débat, je pense aussi qu'il y a une hiérarchisation. Et la hiérarchisation des racismes n'est pas autre chose que du racisme.
Pour exemple, le traitement de certains faits divers dans les médias où l'on ne manque pas de révéler l'origine nord-africaine des délinquants. Ce n'est pas consternant, c'est insupportable.  De même que l'on en soit toujours à parler de certains jeunes, de cette même origine, en les présentant parfois (souvent ?) comme issus d'une immigration de 2ème, 3ème, voire 4ème génération,  c'est inacceptable. Combien faudra-t-il de générations pour que ceux-ci soient considérés comme Français ?
Concernant Dieudonné, ce qui m'effraie c'est le recours à la notion de trouble à l'ordre public. Sommes-nous à ce point démunis de lois pour en appeler à ce fourre-tout indigne ?

Dernière édition par Vangelis le Mer 15 Jan 2014 - 20:55, édité 1 fois

descriptionUne hiérarchisation du racisme ? - Page 2 EmptyRe: Une hiérarchisation du racisme ?

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Ce que je voulais signifier, c'est que l'histoire et le contexte actuels de la République tchèque sont différents de la situation française. Je vais essayer de m'expliquer mais ce n'est hélas pas le sujet.
Tout d'abord, la porcherie dont il est sujet dans cet article a été installée pendant la période soviétique, période où toutes les minorités étaient persécutées.
Et c'est d'ailleurs symptomatique de la République tchèque actuelle, tellement envahie dans le passé par les différents empires et régimes dictatoriaux, ou dirigée indirectement par l'URSS ; les Tchèques souffrent de la peur de l'invasion constante.
C'est davantage une xénophobie qu'un racisme et il n'y a pas vraiment de hiérarchie.

De plus les tensions entre Roms et Tchèques sont ravivées depuis que tous les pays ne voulant pas des roms, tels que l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche, les expulsent à la frontière... tchèque. Or la démographie du nord de la Bohème est telle que certains villages se sont retrouvés à 1 villageois pour 2 ou 3 roms, ce qui a créé de la peur et du conflit. Le gouvernement tchèque ne bénéficie pas des mêmes politiques d'immigration et est un peu dépassé. On ne peut pas dire que l'union européenne soit d'une grande aide. Je connais bien ces situations, car je suis tchèque de par mes racines familiales, y ai beaucoup d'amis et y réside souvent.

Pour en revenir au sujet initial, je pense qu'il y a une hiérarchie selon les questions de société qui perturbent l'actualité. Il réside un antisémitisme historique mais je ne suis pas sûr que celui-ci soit majoritaire, je pense davantage que l'antisémitisme actuel est soit un antisionisme déviant et dangereux, soit la soif de conspirationnisme des gens qui ne veulent pas vraiment s'informer et qui pensent que "les juifs sont partout et contrôlent tout"... Le public de Dieudonné est jeune, souvent de confession musulmane ou d'extrême droite ; un sociologue dans "C dans l'air" déclarait que le public était composé ainsi et était en soi le révélateur d'un malaise identitaire et générationnel. La crise économique a ravivé la suspicion de conspiration.

Il est cependant vrai que les manuels scolaires traitent davantage de la Shoah que des autres catastrophes guerrières et génocidaires, et que certaines minorités peuvent s'en trouver choquées et lasses. Les raisons à cette priorité sont multiples mais c'est un défaut pédagogique important. Si l'on crée une hiérarchisation des douleurs mais surtout des drames, alors il y aura de facto une hiérarchisation de la considération que l'on porte à autrui. Et cette considération s'en trouvera inversée. Car la victime reconnue, plainte (à juste titre), semblera posséder un statut privilégié par rapport aux autres communautés qui n'ont jamais eu le droit à cette reconnaissance.
Je me demande si l'intolérance française n'est pas davantage tournée vers la population arabe et noire que juive. Comme vous l'avez fait remarqué Euterpe, le discours de Chirac était bien maigre et la reconnaissance des drames partagés avec ces communautés permettrait je pense, un apaisement. Le souci étant que le racisme perdurera malgré tout, même envers la population blanche (même si l'on en parle pas). Car il y a des inégalités sociales qui créent de la rancœur, cette rancœur créé des conflits et ces conflits créent un racisme réciproque. C'est un cercle vicieux.
L'on peut aussi se poser la question de l'absence presque totale de rapport conflictuel avec la population chinoise ou vietnamienne.

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Silentio a écrit:
Euterpe a écrit:
Avec celui-là, le monde politique et journalistique n'a que l'antisémistisme à la bouche.

Est-ce une façon d'avouer qu'en attaquant les Juifs on attaque le "système" (ou ceux qui en profitent), et réciproquement que l'accusation d'antisémitisme traduit la réaction du système contre sa critique, système qui serait dirigé par les Juifs ? (L'accusation d'antisémitisme serait le moyen qu'a le système de se protéger de toute remise en cause.) Cela signifierait que notre Ministre de l'Intérieur n'a pas compris qu'il donnait hélas raison à Dieudonné. D'ailleurs, si l'on critique l'impossibilité de remettre en cause la Shoah, c'est parce que l'impératif moral sert d'arme au pouvoir contre la critique du "système". Et voilà la paranoïa des uns et des autres qui s'emballe. Réduire plus encore la liberté d'expression n'aura pour effet que d'accroître considérablement ce que l'on combat : l'opposition à un ennemi fantasmé, figuré sous les traits du banquier juif - qui, malheureusement, détient bien des capitaux et le pouvoir médiatique, en partie du moins (mais pas en sa qualité de Juif).



Il me semble qu'Euterpe et vous, vous vous aventurez dans des raccourcis ambigus. Je ne pense pas qu'on interdise Dieudonné pour ses critiques anti-système, tout le monde critique le "système" ! Entre les envolées lyriques de Hollande sur le monde de la finance et les quelques états d'âmes de Sarkozy sur le sujet, je n'ai pas souvenir d'avoir lu quelque part quiconque faire l'apologie d'un monde totalement organisé selon les puissances de l'argent. Donc ce que peut en dire Dieudonné, comme de savoir si les types qui se partagent le gâteau de la mondialisation sont juifs, émirs, ou footballeurs révolutionnaires, je crois franchement que tout le monde est prêt à s'en foutre, si on ne monte pas la tête aux gens. 
Le problème qui les perturbe me semble plutôt être celui d'un système, dont effectivement on est en droit de se demander si les politiques en sont plus que les commentateurs ; des espèces d'agents en communication qui seraient chargés de faire passer la pilule... et qui soit tireraient les marrons du feu au passage comme de vulgaires dictateurs africains, soit se contorsionneraient dans tous les sens pour s'y adapter vaille que vaille. Pas de vision à long terme. Pas d'action significative donc. Pas de constat en profondeur sur le pourquoi du comment, ni même sur les désirs profonds des gens. 
Un système en quelque sorte qui déborderait les volontés - et la lucidité aussi - des uns et des autres (on a vu par exemple il y a quelques années des milliardaires américains prêts à donner la moitié de leur fortune ; ce qui je pense, naïvement peut-être, renvoie à un peu plus que de la simple hypocrisie). Un système qui n'a pas/plus le choix en quelque sorte, qui tourne en roue libre sans qu'on sache comment l'arrêter.

J'ignore si, à ce stade, je suis ou non dans le cadre de ce débat, et je préfère m'arrêter là. 
Non sans répéter que s'il existe un racisme anti-juif, il est pour moi d'une part le fait d'une poignée de tarés d'extrême-droite plus ou moins nostalgiques du nazisme ; et d'autre part de quelques jeunes musulmans rejetés ou désœuvrés, manipulés en tous cas, qui le vivent de façon identitaire et communautaire. Je n'arrive pas à voir en quoi ces "forces en présence" pourrait déboucher sur une guerre civile !

Un mot encore. En réponse à une "hiérarchie", j'avais laissé entendre que le racisme pouvait prendre plusieurs formes. Paternalisme (néo-colonial), viscéral (xénophobie), idéologiques (nazisme) ou identitaire (communautariste). Il me semble que si l'on voulait approfondir sur les éventuelles différences de traitements consacrés aux uns et aux autres, c'est à travers ces modèles-là qu'il faudrait réfléchir...

descriptionUne hiérarchisation du racisme ? - Page 2 EmptyRe: Une hiérarchisation du racisme ?

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Silentio a écrit:
Ce qui m'interpelle dans cette dissolution de l'autorité, c'est autant la libération de l'opinion que le retour de la morale. Mais je ne sais pas comment analyser ce paradoxe

Opiner, c'est bien plus affirmer quelque chose de soi que quelque chose, c'est une modalité de l'affirmation de soi. Ainsi, lorsque deux opinants s'opposent, ils opposent moins deux opinions que deux ego. Le relativisme égalitaire de l'opinion ne repose que sur cela et contribue à renforcer la confusion entre soi et ses opinions propres. Ajoutons à cela le dogmatisme de l'opinion et le conformisme induit, vous obtenez la moralisation ambiante. Si remettre en cause une opinion équivaut à remettre en cause l'individu qui l'énonce, le "danger" est de nier une personne dont la valeur est d'autant plus grande que l'individu en soi est une affirmation dont toutes les autres procèdent.
Silentio a écrit:
Est-ce une façon d'avouer qu'en attaquant les Juifs on attaque le "système"

C'est possible, mais je ne crois pas. Le mot est un fourre-tout depuis des décennies, et trahit l'incapacité de ceux qui accusent le "système" à comprendre et à définir ce à quoi ils s'opposent. Boudon a très clairement modélisé le problème : la complexité des effets pervers suscite des réponses simplistes. Cf. son paradigme wébérien de l'action :
Raymond Boudon, La place du désordre, p. 40 a écrit:
On peut résumer ce paradigme de la façon suivante. Soit un phénomène social ou économique quelconque, M, qu’on cherche à expliquer. M doit être interprété comme une fonction M(mi) d’un ensemble d’actions individuelles mi. Quant aux actions individuelles mi, elles sont elles-mêmes, dans des conditions et d’une manière à préciser, des fonctions mi (Si) de la structure Si de la situation dans laquelle se trouvent les agents ou acteurs sociaux. La fonction (au sens mathématique) mi (Si) doit pouvoir être interprétée comme ayant pour l’acteur i une fonction d’adaptation à la situation Si. Weber aurait dit que l’action mi doit être compréhensible. La structure Si est, de son côté, une fonction Si (M’) d’un ensemble M’ de données définies à un niveau macrosocial ou du moins au niveau du système à l’intérieur duquel se développe le phénomène M.
Expliquer Mi c’est en résumé, selon ce paradigme général, préciser les termes de M = M {m [ S (M’)] }, expression qu’on écrira plus simplement M = MmSM’. Verbalement : le phénomène M est une fonction des actions m, lesquelles dépendent de la situation S de l’acteur, cette situation étant elle-même affectée par des données macrosociales M’. Cette proposition épistémologique essentielle est vraie quelle que soit la nature logique de M ; en particulier elle est vraie lorsque M décrit un changement ou une absence de changement, généralement une information ou un ensemble d’informations relatives à l’évolution d’un système : Mt, Mt+1, … Mt+k.

Or, Boudon définit ainsi le phénomène M :
Ib. p. 52 a écrit:
Tout sujet, c’est-à-dire toute combinaison d’observations dont l’explication ne paraît pas immédiate à l’observateur

Autrement dit, M est un phénomène singulier, dont la singularité suscite d'abord l'incompréhension. De ce point de vue, rien de nouveau depuis une trentaine d'années. Le problème, c'est la confusion, chez les antisémites, entre sionisme et judaïté ; ainsi que l'ignorance où ils sont des diverses "sensibilités" sionistes.
Silentio a écrit:
Euterpe a écrit:
Me voilà fort embarrassé face à ce que j'ai du mal à ne pas assimiler à une forme de déni, d'orthodoxie, et de jacobinisme. Assistons-nous aux prodromes d'une guerre civile (dont on sait que l'histoire de France est émaillée de part en part). Vous vous en doutez, j'ai mes opinions à propos de ce qu'il se passe en France depuis quelques mois, mais il me paraît plus intéressant de lire les vôtres.

A quoi pensez-vous ?

Nous assistons peut-être aux dernières conséquences désastreuses de l'élection du président de la république au suffrage universel. Cette donnée de la Ve République n'est pas seulement un élément perturbateur dans le jeu des institutions. Elle me paraît conduire tout droit à l'autonomie définitive du social (contrairement à Castoriadis, je pense que la politique est une hétéronomie sociale - si je reprends sa terminologie -, qui doit absolument rester infrangible, parce que je ne crois pas qu'une société soit capable d'accéder à elle-même autrement que politiquement). Je ne vois pas la Ve République perdurer, précisément parce que l'impératif de la transparence à elle-même qu'exige la démocratie imposera des changements institutionnels profonds. Or la France n'a jamais su opérer des transitions historiques autrement que sous la forme de révolutions et, le plus souvent sous la forme d'une guerre civile. Bien sûr, les moyens policiers sont incomparablement plus efficaces aujourd'hui qu'ils ne l'étaient auparavant, mais l'état des banlieues montre que la société civile n'a pas peur de défier la police, et sait se montrer efficace également.
aldolo a écrit:
Il me semble qu'Euterpe et vous, vous vous aventurez dans des raccourcis ambigus.

De quels raccourcis parlez-vous ?
aldolo a écrit:
je crois franchement que tout le monde est prêt à s'en foutre, si on ne monte pas la tête aux gens.

L'indifférence de fait n'est possible qu'à la condition de ne pas placer certaines opinions sous le coup de la loi pénale... Sans quoi on instaure, en la systématisant, une inégalité qui n'est pas sans danger. Lorsque Charlie Hebdo est relaxé en 2007, au nom de la liberté d'expression, le consensus était évident. Or on n'accorde pas sa liberté d'expression à Dieudonné et, à travers lui, des milliers de personnes se sentent confortées dans l'inégalité de fait des opinions.
aldolo a écrit:
s'il existe un racisme anti-juif, il est pour moi d'une part le fait d'une poignée de tarés d'extrême-droite plus ou moins nostalgiques du nazisme ; et d'autre part de quelques jeunes musulmans rejetés ou désœuvrés, manipulés en tous cas, qui le vivent de façon identitaire et communautaire.

Il est, encore aujourd'hui, beaucoup plus répandu que vous ne semblez le croire. Il y a bel et bien un antisémitisme franco-français ; inutile de vous sortir tous les documents depuis les années 1880.
aldolo a écrit:
Je n'arrive pas à voir en quoi ces "forces en présence" pourrait déboucher sur une guerre civile !

Référez-vous au détail de l'histoire de France.
aldolo a écrit:
En réponse à une "hiérarchie", j'avais laissé entendre que le racisme pouvait prendre plusieurs formes. Paternalisme (néo-colonial), viscéral (xénophobie), idéologique (nazisme) ou identitaire (communautariste). Il me semble que si l'on voulait approfondir sur les éventuelles différences de traitements consacrés aux uns et aux autres, c'est à travers ces modèles-là qu'il faudrait réfléchir...

Distinctions confuses qu'il faudrait affiner.

Dernière édition par Euterpe le Dim 21 Déc 2014 - 17:06, édité 1 fois
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