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De la nécessaire existence de Dieu.

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agur
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Desassocega
A. BOUKAIDI LAGHZAOUI
Euterpe
Commissaire
Zingaro
11 participants

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 2 EmptyRe: De la nécessaire existence de Dieu.

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Zingaro a écrit:
Leopardi, Zibaldone
[165]Le sentiment du néant de toutes choses, l'impuissance de tous les plaisirs à satisfaire notre âme, et notre inclination vers un infini que nous ne comprenons pas, s'expliquent peut-être par une raison très simple, plus matérielle que spirituelle. L'âme humaine (et il en va de même pour tous les êtres vivants) désire toujours essentiellement, et vise uniquement, bien que de cent manières différentes, le plaisir, ou encore le bonheur qui ne fait qu'un avec le plaisir. Ce désir et cette inclination n'ont pas de limites car ils sont innés et conaturels avec l'existence et, à ce titre, ne pouvant aboutir à tel ou tel état déterminé, qui ne saurait être infini, ils ne prennent fin qu'avec la vie.


Attention toutefois à prendre en considération, chez Pascal comme chez Leopardi, ceci qu'avec l'infini nous avons affaire à de l'incompréhensible qui, comme tel, fait échec à la raison.

Zingaro a écrit:
l'homme, non seulement laisse libre cours à cette aspiration à l'infini, mais surtout la cultive avec ferveur ? En quoi d'autre qu'en un culte une telle chose pourrait-elle consister ?

Chez les hommes, peut-être, mais pas chez Pascal, ni chez Leopardi. Ni l'un ni l'autre ne sont des romantiques. Ils constatent un infini, comme une donnée, comme la donnée la plus significative du réel ; donnée face à laquelle il importe de tirer des conséquences quant à la place des hommes. Nous ne sommes pas de ce monde (nous n'y sommes pas chez nous et il ne saurait être tenu comme notre habitat naturel), mais nous sommes à ce monde (nous y vivons avec, pour, dans un dehors qui nous pénètre comme un autre auquel tient notre existence, autre que nous ne serons jamais). Altérité ; incompréhensible : voilà dans quoi nous sommes embarqués. Quand Pascal parie, il n'aspire pas à l'infini, ni ne voue un culte à Dieu : la raison ne peut rien face à l'incompréhensible, face à l'altérité. Notre conscience, tout à la fois misérable et grande, nous jette dans une condition, la condition humaine, qui est tragique. Ni la raison ni le mérite des hommes n'y changeront quoi que ce soit. Reste la Grâce (et la Grâce plutôt que la transcendance, ou la Grâce comme transcendance : comme ce qui nous dépasse, comme ce qui nous échappe). Et pourquoi la Grâce ? Et pourquoi pas la Grâce, en lieu et place du hasard ?
Enfin, n'oubliez pas le Chant d'un berger errant d'Asie : un poète jette à la face du monde, dans le silence du monde, une parole humaine qui ne trouve aucun écho, à laquelle nulle étoile ne répond. Vous conviendrez que nous sommes là dans quelque chose d'autre qu'une vulgaire affaire psychologique.

Du coup, on doit examiner votre question de la nécessité de l'existence ou de l'idée de l'existence de Dieu. Affirmation apodictique ? Mais alors on rétablit une raison pourtant mise en échec. Affirmation assertorique ? Mais alors, de quelle vérité parlons-nous ?

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 2 EmptyRe: De la nécessaire existence de Dieu.

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Euterpe a écrit:
Mais alors, de quelle vérité parlons-nous ?

Celle de la raison mise en échec ? Pas nécessairement la raison en tant que telle, mais du moins la raison telle qu'un sujet la connaît. "Sa" raison n'exerce pas un si grand empire, force est de le constater. En quoi serait-ce vulgaire d'y voir une affaire psychologique ? Que Leopardi formule cet échec ne rend pas l'infini plus compréhensible. Reste à mon avis, que le hasard est de l'ordre des idées, étant objectivable. La grâce ne l'est pas.

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 2 EmptyRe: De la nécessaire existence de Dieu.

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Zingaro a écrit:
En quoi serait-ce vulgaire d'y voir une affaire psychologique ?

Ça tombe sous le sens.

Zingaro a écrit:
Que Leopardi formule cet échec ne rend pas l'infini plus compréhensible.

Où avez-vous lu ça ?

Zingaro a écrit:
Reste à mon avis, que le hasard est de l'ordre des idées, étant objectivable. La grâce ne l'est pas.

Si vous pensez comme on jette des cailloux, ce va être difficile. Le hasard est une réalité, peu importe que les idées puissent s'en saisir. Mais la Grâce ? Qu'est-ce que la Grâce ? Il suffit d'ouvrir les yeux, nul besoin d'être servant d'autel.

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 2 EmptyRe: De la nécessaire existence de Dieu.

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La grâce fait du monde et de l'existence une manifestation divine. Elle mystifie mais, elle peut être porteuse d'une connaissance positive. Le hasard est le degré zéro de l'explication, au fond, il n'éclaire aucun des mystères qui enveloppent la "finalité de la finalité". Tourné en dogme, il mystifie tout autant en semblant "crever"ces mystères. Plus largement, le sens doit s'écrouler, s'affaisser, se fragiliser sous le règne du hasard.
Ce ne sont que mes mots, je retournerai vers Pascal pour ce qui concerne sa pensée.

descriptionDe la nécessaire existence de Dieu. - Page 2 EmptyDe la nécessaire existence de Dieu

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Bonjour Zingaro. Je spécule que votre question "l'existence de Dieu est elle nécessaire?" prend naissance de votre prise de conscience que votre propre existence est si étendue que vous n'arrivez pas à la borner par les deux événements majeurs dont l'un correspond à votre conception à l'intérieur du ventre de votre mère et l'autre correspond au moment ou vos proches vont inhumer votre corps après que vous ayez rendu l'âme.
Si la source de votre question est bien celle que j'ai décrite, alors il serait plus judicieux de commencer à chercher à répondre à une question préalable à celle que vous avez posée. Pourquoi chacun de nous ne se satisfait pas de considérer son existence comme étant une Totalité. Du moins, il n'en trouve pas d'arguments convaincants. J'entend par Totalité celle qui se suffit à elle même en tant qu'Être au moment où il pose cette question et en tant que Devenir quand il se projette par-delà cet instant.
Ainsi la question sur la nécessité d'existence de Dieu, qui est en effet un préambule à la question "existe t-il un Dieu", est intimement liée à la réponse à la question "Suis-je une Totalité".
Je commence l'analyse de cette question par un premier constat irréfutable. Celui qui traduit le fait que mon existence n'a pas de début temporel ou événementiel dans ma propre conscience. Autrement dit, je ne peux pas mettre le doigt, dans ma conscience, sur le moment précis où j'ai commencé à exister. Dans ma propre conscience de moi-même, j'ai toujours existé. Je n'ai ni la trace de souvenir ni la trace émotionnelle du début de mon existence.
Je postule que c'est le cas pour chaque être humain qui fait l'expérience de cette introspection.
Première conséquence implacable qu'on peut tirer de ce premier constat de conscience que j'ai postulé comme universel : L'existence de chacun des êtres humains est incommensurable dans la conscience respective de chacun d'entre eux. Cette existence n'a pas de borne temporelle consciente.
Il est de ce fait très compréhensible que l'être humain soit choqué, secoué, frustré, égaré et peut-être glorifié de se voir comme un être qui a toujours existé dans sa propre conscience et de se demander, comment est-ce possible qu'il soit si éternel, du moins vis à vis de lui même, alors que ses faiblesses et ses limites sont tout autant flagrantes et évidentes.
Je conclue par dire que :
- le fait que nous possédions l'attribut de l’Éternel nous pousse à nous demander si nous ne possédons pas d'autres attributs aussi comparables.  
- le fait que nous soyons aussi périssables et pourvus d'attributs non intrinsèques nous pousse à poser la question de notre finitude.
- le fait que nous soyons périssables et éternels nous pousse à poser la question sur la cohérence des idées que nous nous faisons de notre propre existence.
Si bien que l'idée d'un être éternel non périssable nous soit si éventuelle, probable voire nécessaire que nous nous efforçons d'examiner cette idée avec le plus de rigueur possible.
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