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Corriger les idées reçues ?

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Georges Réveillac
11 participants

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Silentio a écrit:
Dites-moi, vous n'auriez pas déjà été banni de ce forum ? Nous vous reconnaissons malgré vos différents masques, NOU-JE, c'est toujours le même spectacle que vous nous donnez. Corriger les idées reçues ? - Page 10 277638789

Ce n'est pas Nou-Je. C'est tout aussi catéchétique, mais le propos est maîtrisé. Il a un côté Charles Péguy, l'esprit en moins, et le matraquage plus propre à provoquer des céphalées.

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Janus a écrit:
L'exemple de l'eau est aussi révélateur :on ne peut pas dire que l'eau manque sur la planète, si l'on pense notamment à la quantité stockée dans les mers et océans et circulant perpétuellement par les fleuves et rivières. De plus elle ne fait que se déplacer suivant des cycles d'évaporations qui se renouvellent perpétuellement, son stock total restant constant. Et pourtant on voudrait nous laisser entendre qu'il y a pénurie dans
certaines zones dites "pauvres", alors que de nombreux endroits initialement mal desservis en eau par la nature ont été irrigués au moyen d'aqueducs et autres procédés comme la dé-salinisation, issus du travail et de l'intelligence humaine.

Je vous rejoins dans votre exposé sur la rareté. Cela s’apparente à L. Walras et sa théorie sur les biens (la valeur est relative à l'utilité subjective et non au travail nécessaire à sa réalisation).  Pourtant je trouve cet exemple "mal choisi" (et je m'excuse de le formuler si abruptement).
L'eau est un enjeu géopolitique majeur. La conquête et la sauvegarde de certains points d'eau sont essentiels (je pense notamment au plateau du Golan dans le conflit israéo-palestinien, ou aux barrages turcs), et ce depuis toujours : en basse Mésopotamie les cités de Lagash et Umma se battaient déjà pour le contrôle du Tigre. L'eau est une denrée rare, et indispensable (on peut se passer d'or mais difficilement d'eau).
Quant aux procédés tels que la dé-salinisation, ils sont affreusement coûteux, comme la construction de grand travaux d’acheminement de l'eau, donc peu accessibles. Si les stocks restent stables, la demande explose, et c'est bien là le véritable problème.

Janus a écrit:
Disons pour en revenir à la question initiale, qu'une "idée est toujours reçue", puisque l'idée se situe "a priori", en amont, au stade d'idée abstraite dans l'esprit, avant qu'elle ne se réalise ensuite concrètement dans la praxis humaine : réalisation lui nécessitera du temps historique pour déployer et révéler toutes ses richesses, pas seulement économiques, mais y compris des "richesses" virtuelles car de Raison"… que l'Idée contenait déjà, en germe.

J'ai besoin d'un éclaircissement : l'idée ne peut-elle pas venir d'un savoir (inné ou acquis, peu importe) et donc être fondée sur quelque chose ?

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Janus a écrit:
Êtes-vous bien sûr que Hegel ait dit cela ?

Pour Hegel, la raison d'être, c'est-à-dire "Dieu", est toujours un résultat, elle n'est pas un commencement. On a reproché à Hegel sa prétendue "téléologie" : pour lui, le but existe avant tout comme idée. L'histoire est une régression vers ce qui a servi de commencement. La pauvreté n'est pas au commencement de l'histoire. La pauvreté est un "résultat" de l'aliénation, aliénation de la richesse : il n'y a de rareté que de la richesse. Si ce monde est de plus en plus riche, les gens sont de plus en plus pauvres.

S'il faut le dire, vous le confirmer, je ne suis pas ce Nou-Je dont vous parlez. Je suppose, à en croire l'unanimité qui règne chez les administrateurs à son sujet, qu'il n'est pas le bienvenu ici. Quant à moi, eh bien, je tâcherais de l'être.

Euterpe a écrit:
C'est tout aussi catéchétique

Préciseriez-vous le fond de votre pensée ?

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Tant mieux alors, les ressemblances sont trompeuses. Mais il est vrai que vous vous distinguez par vos propos sensés.

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Bien. Pour en revenir au sujet. George Réveillac écrivait ceci :
Quand les hommes cherchent ensemble des moyens d’assurer au mieux leur existence, s’ils se montrent capables de remettre en cause les idées reçues les plus suspectes de conduire au fossé, et parmi celles-là, en premier lieu les dogmes, ils augmenteront leur chance d’avancer vers une juste voie.

Avant un débat de fond, on laisserait ses armes et ses dogmes au vestiaire, quitte à les reprendre à la sortie. N’est-ce pas ainsi déjà que discutent les philosophes ? Qui dit « dogme » dit « sacré » : dans la discussion, il n’y aurait plus rien de sacré, ni Dieu ni les Droits de l’Homme.
(...)
En lançant cette discussion, j’avais en tête l’inefficacité remarquable des débats censés trouver des remèdes aux maux de la planète. Et si l’on pouvait faire mieux ?

Cette idée est belle comme la table de taverne autour de laquelle j'imagine ces hommes se regrouper, pour discuter d'une perspective d'avenir, ces hommes censés trouver un remède aux maux de la planète. Cependant, si la société mondiale existe, et ce depuis plus longtemps que ce que nous appelons aujourd'hui la "mondialisation" des flux (économiques, culturels), en revanche je me pique de penser que ce monde est en mouvement sans qu'une poignée d'hommes tentent de le penser, pour le changer. Ce n'est malheureusement pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. George Réveillac est dans une perspective réaliste-matérialiste, pour laquelle la "connaissance" se réduit tout simplement à la conscience de l'individu. C'est pour cela que je comparais  sa démarche intellectuelle, non sans mesquinerie (je l'avoue), à celle du psychologue. Je pense au contraire que la connaissance n'est pas l'affaire d'un individu, n'est pas à rechercher dans des têtes. La connaissance est relative à un monde. La connaissance n'est pas la conscience d'un individu mais un monde, le mouvement de la pensée dans le monde, et la connaissance ainsi entendue constitue elle-même la réalité. Pour le dire comme Kostas Axelos, dans Vers la pensée planétaire, le devenir monde de la pensée ne se sépare jamais du devenir pensée du monde. Il faut bien dire alors que la connaissance ne se rapporte pas à une réalité extérieure et indépendante mais à elle-même. Si une réalité existe, ce n'est pas comme le pense Kant et la tradition du réalisme matérialiste.

On peut concevoir une réalité indépendante de la conscience et de la pensée, mais pas indépendante de l'esprit humain. Ainsi, tout indigné qu’il est par le procédé de Lénine contre Mach, Pannekoek (de même que Lukacs) ne peut concevoir que, si le monde est de nature spirituelle, cela ne signifie pas pour autant qu’il soit "psychique", dans la conscience. Au contraire, l’esprit humain consiste dans le mouvement de la pensée dans le monde et la réalité n’est autre que ce mouvement. Aussi, la réalité ne saurait être opposée à l’esprit humain mais seulement à la conscience et à la pensée. C’est l’esprit humain lui-même qui est indépendant de la conscience et de la pensée de l’individu et non seulement de sa pensée et de sa conscience mais de toute sa vie. La pensée et la conscience de l’individu ne sont pas la connaissance. Considérées en elles-mêmes elles sont misère et ignorance. Une réalité existe indépendamment de la conscience et de la pensée mais cette réalité est déjà connaissance puisque mouvement de la pensée dans ce qui existe, et cette connaissance est indépendante de la conscience et de la pensée de l’individu. Cette fameuse réalité indépendante de la conscience n’est pas matérielle, mais spirituelle comme le veut Hegel. Si la réalité est connaissable, et que nous l'affirmons contre Kant, ce n'est pas pour les mêmes raisons que les matérialistes vulgaires. Car je propose bien un matérialisme. Hegel propose un matérialisme : la théorie matérialiste de l'idée. Si nous sommes d'accord avec Hegel lorsqu'il écrit : "l’esprit humain peut progresser dans la direction d’une connaissance toujours meilleure de la réalité", c'est seulement parce que connaissance, esprit humain et réalité sont une seule et même chose. Ce n’est donc pas le travail de la pensée de s’approprier le monde, comme le pensent Staline et Lénine, conception parfaitement politique et policière (on en connaît les conséquences) mais le travail du monde de s’approprier la forme pensée.

On sera d'accord avec Kant pour dire que nous ne pouvons connaître que la connaissance. Mais c'est une querelle de mots, il ne s'agit pas de la connaissance au sens kantien du terme. Cette connaissance que l’on peut connaître est déjà le mouvement de destruction de ce qui existe. De même, la chose n’est pas ce qui existe mais le mouvement de sa destruction et la question de la connaissance de ce qui existe (question nécessairement posée par un spectateur du monde) ne se pose plus puisque ce qui existe est détruit, du moins son indépendance. La connaissance ne laisse rien derrière elle, qui serait à connaître. Là où la connaissance passe, l’herbe de l’indépendance ne repousse plus. La chose n’est pas ce qui existe mais une aventure qui arrive à ce qui existe, l’aventure de sa destruction : l'apparence est un privilège, il n'y a rien derrière elle qui puisse être un noumène. S'il y a un donné objectif face à la conscience de l'individu, ce n'est pas un donné fixe, immuable, nouménal. Il s'agit de s'opposer à la confusion entre pensée et connaissance, entre pensée et mouvement de la pensée dans le monde.

L'histoire, la connaissance, ne sont pas, comme se l'imaginent les spectateurs positivistes, le mouvement impuissant de la pensée qui ne peut que dire Amen à ce qui existe  (il faut se demander en regardant leurs vies pourquoi ils pensent ainsi),  mouvement impuissant de la pensée qui contemple ce qui lui est extérieur mais mouvement irrésistible de l'histoire pratique elle-même, de l'histoire qui supprime pratiquement et à jamais ses présupposés. La connaissance est le mouvement interne du monde, l'histoire pratique du fondement du monde. La réalité ne se crée pas, cependant, selon son concept pour la très simple et très irréfutable raison que ce concept n'existe pas et que la réalité ne saurait se créer selon quelque chose qui n'existe pas. Si ce qui existe n'est pas nécessairement réel mais peut seulement l'être, ce qui n'existe pas ne saurait en aucun cas être réel, agir sur la réalité. C'est de là que provient le net aspect shakespearien de l'histoire. Mais il faut soutenir avec Hegel, que seul est réel ce qui existe selon son concept. J’insiste sur le "shakespearien".

En ce sens, il ne s'agit pas de
mobiliser nos connaissances historiques

comme le dit Euterpe, bien qu'une conscience historique soit indispensable (ne pas connaître l'histoire, c'est se condamner à la revivre) pour l'activité pratico-révolutionnaire, elle ne se formule pas en ouvrant des livres d'histoire. Le savoir historique n'est pas le savoir de professeur, bien que l'école soit l'instance d'État qui, tant bien que mal, enseigne des "faits historiques". Là encore, c'est de la même "conformité" réaliste dont il s'agit : les consciences individuelles devraient se conformer pour transformer le monde. Il s'agit là d'une "connaissance historique" de spécialiste, spécialisée. C'est la conception maoïste de l'éducation ... Je ne dis pas qu'Euterpe est maoïste, que les choses soient claires : je dis simplement que sa proposition pour une transformation du monde reste celle du spécialiste, tandis que les révolutions arabes, et tant d'autres, nous montrent bien qu'ouvrir des livres n'est pas indispensable pour mener une activité révolutionnaire et collective, pour prendre conscience de la misère réelle, loin de là, bien que quelqu'un comme Emmanuel Todd montre que le niveau d'alphabétisation est déterminant dans le cas des révolutions arabes.

Dernière édition par Geisterwelt le Mar 4 Sep 2012 - 14:43, édité 1 fois
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