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La bataille législative pour les pleins pouvoirs

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Silentio
Euterpe
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Liber
8 participants

pollQue peut-on espérer si les pleins pouvoirs sont donnés à la gauche?

Ce sera une révolution inespérée pour la France
3
38%
Il y aura de grandes réformes sociales
1
13%
Rien la politique ne peut pas transformer la société
4
49%
Total des votes:
8

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Liber a écrit:
Le premier gouvernement Fillon comptait 15 ministres, c'est celui-là que vous prenez en compte dans vos calculs, mais il est passé après les législatives de 2007, à 35. C'est bien d'avoir ouvert l'Elysée à la Cour des comptes, mais dans ce cas, il fallait aller jusqu'au bout, et faire des économies. Puisque vous êtes des ascètes à droite, pourquoi avoir continué les grands repas, les grosses voitures, les fleurs (1 million d'euros dépensés par Fillon, l'homme qui aimait les fleurs, à moins que ce ne soit pour faire plaisir à madame), etc.
Liber a écrit:
Donc, ne pas prendre pour argent comptant telle ou telle affirmation parce qu'elle émane de notre camp, mais la vérifier par des analyses. Ainsi, dire par exemple que le ouvernement Ayrault est plus cher que le gouvernement Fillon I, est faux, parce que celui-ci compta d'abord 15 ministres, avant d'être élargi à 35. Le gouvernement actuel coûte 25% de moins, selon l'AFP, que le gouvernement Fillon post-législatives 2007. Voilà un exemple de ce que j'appelle la probité dans l'analyse.

Pour que votre exemple soit probant, il faut comparer avec plus de justesse, Liber : le gouvernement d'avant les législatives de Fillon et celui d'avant les législatives d'Ayrault. Pour le reste, attendez donc que les législatives soient achevées. Alors seulement vous pourrez comparer. Jusque là, il n'y a aucune contestation possible, entre Fillon I et Ayrault I, le panier percé est à gauche.

Liber a écrit:
Départ en 2012, Obama n'a rien dit contre, le traité européen sera complété par des mesures de croissance. Je ne vois pas où les promesses de campagne ne seraient pas respectées. La rigueur budgétaire et la croissance en même temps.
Obama n'a rien dit contre, parce que Hollande ne lui a pas dit la même chose que ce qu'il déclarait pendant sa campagne. Sa conférence de presse (une des plus mauvaises de toute l'histoire de la Ve) fut éloquente à cet égard. Le départ aura bien lieu en 2013, sauf à considérer que le matériel rentrera tout seul par la poste courante (à peine plus tôt, donc, que ce qui était prévu). Bref, peu de chamboulements sur place. Pour le "volet croissance" qu'il négociera, ne rêvez pas : cette croissance impliquant une relance par de l'endettement sera acceptée avec une telle parcimonie qu'au total la France obtiendra une compensation symbolique pour lui éviter le ridicule d'avoir parlé avec la présomption et la vanité qui la caractérisent tant.

Liber a écrit:
Quant à prendre la droite pour l'arène des Dieux, non merci.

On dirait, pourtant. Je critique aussi bien la gauche que la droite, on a l'impression que vous applaudissez sans réserves à tout ce que dit ou fait la droite. Serait-ce moi le vrai libéral ? Je ne suis en effet prisonnier d'aucune idéologie. Par exemple, je ne vais pas faire semblant d'ignorer que Sarkozy a été élu en défendant le modèle américain de l'endettement. Dès lors, je ne vois pas pourquoi vous le défendez, puisque vous critiquez ce modèle vous aussi. Regardez Obama tout content de trouver un allié européen en Hollande, parce qu'Obama procède aussi par de la relance pour dynamiser son économie (et qu'il est en campagne).

Si vous lisez attentivement, vous savez pertinemment que je suis très loin d'applaudir sans réserve... Je ne vais pas me citer : on ne compte plus les topics de ce forum où je ne suis pas avare de détails en matière de réflexion politique. Encore une fois, vous le savez très bien. Je défends systématiquement ceux que des attaques unilatérales condamnent sans nuance aucune. Tous ceux qui se livrent à ce genre de choses pensent avoir raison avant même d'affirmer quoi que ce soit. Dès lors, parler d'argumentation et d'objectivité me paraît quelque peu outré. Vous êtes beaucoup à avoir Sarkozy dans le pif, ce n'est qu'une constatation de ma part. Dès lors et d'emblée, il n'y a pas de débat. On ne va quand même pas dresser un catalogue au bas de chaque message pour vérifier que chacun a eu l'objectivité de donner un même nombre d'arguments pour et contre son propre camp et valider sa faculté à discuter des actualités politiques sereinement.

Liber a écrit:
que reste-t-il de la droite française ?

Pas grand-chose depuis que le gaullisme social a disparu.

jean ghislain a écrit:
La gratuité est une bonne chose, on ne peut pas dire le contraire. Elle existe pour l'enseignement (public), les transports (la carte solidarité sncf), et les services administratifs en général. Mais je ne vois pas comment ce principe pourrait passer de l'État au privé. Quel patron serait prêt à mettre la main à la poche pour aider ses ouvriers ? On voit parfois les riches dans des galas de charité, mais ils se donnent ainsi bonne conscience oubliant mieux de la sorte une réalité à laquelle ils ne prennent pas part. La révolution communiste au Vietnam (eh oui, j'ai des origines asiatiques !...) a instauré la généralisation de la propriété publique. Ainsi c'est l'idée de solidarité voire de fraternité pour utiliser un concept français, qui n'a hélas aucune réalité en France ! La gratuité et la propriété publique seraient le remède à la pauvreté, mais là faut pas trop rêver, déjà qu'il faut faire des pieds et des mains pour amener au pouvoir la gauche !

Vous faites une confusion vraiment regrettable entre propriété publique et gratuité. La gratuité, c'est l'absence de propriété - propriété collective plutôt que publique, et encore.

Janus a écrit:
vous semblez également souhaiter une réduction du marché (activité économique) qui pourtant résulte lui-même de mécanismes d'échanges (sur initiative de la sphère privée - dite société civile) fondés sur la liberté et la responsabilité individuelles, mais marché qui surtout crée, pourtant, les richesses (et donc la croissance, élévation des niveaux de vie, etc.) richesses d'ailleurs formées sur la base des bénéfices réalisés à l'occasion de ces échanges entre offre et demande (mécanisme de plus value). Cette gratuité "solidaire" que vous semblez appeler de vos voeux, ne craignez-vous pas qu'elle réduise du même coup nos possibilités d'investissement, et donc, de fil en aiguille, nous conduise à terme à un appauvrissement général (que je déplore quand je l'observe d'ailleurs déjà sur notre territoire, en le désignant péjorativement par "africanisation") qui nous reconduirait fatalement à l'époque des cavernes et au non-droit ?... donc la fin des libertés.

Il n'y a aucune crainte à avoir. D'abord, il n'y a pas que le marché. Si les prétendus libéraux qui ne décollent jamais leur cul du molleton sur lequel ils s'assoient dans leurs bureaux de spéculateurs avaient un cortex un peu plus évolué, ils se resouviendraient peut-être que Smith et Hayek entendent le marché dans un sens plus large que ceux qui ne les ont jamais lus croient qu'il a. Smith est un moraliste, Hayek un penseur de la société. Le commerce anglais désigne toute forme de rapport, de lien social. Le commerce dépasse l'acte de vente/l'acte d'achat, parce qu'on discute, parce qu'on se fait des amis et/ou des ennemis, parce que c'est l'occasion de mettre en commun divers plans et pans de sa personnalité et de ses expériences, etc. La gratuité implique d'accorder plus d'importance aux rapports sociaux, de retrouver une certaine frugalité (relativement à notre surconsommation). C'est aussi la possibilité d'investir et de consommer en circonscrivant avec plus de lucidité et d'intelligence les domaines et les objets du "marché". On veut relancer la croissance ? Il faut libérer les budgets. On ne compte plus les appartements inhabités dans toutes les grandes villes de France, et des tas de contrats de location alternatifs pourraient être mis en œuvre. Mais il faut accepter une bonne fois de faire confiance aux autres - pour le moins de les considérer comme de possibles collaborateurs. Bref, il faut réinjecter, outre le gratuit, le troc, mais à une échelle bien plus grande que ce qu'on peut voir aujourd'hui. Proposez la "location" d'un très grand nombre d'appartements à des personnes qui n'ont pas les revenus suffisants pour se loger, en échange de quoi elles seront à même de vous proposer des services gratuits, en plus d'un loyer "symbolique" - dieu sait que la plupart des personnes ne demandent pas la charité, et préfèrent payer même au moyen d'une somme modique ce qu'elles pourraient obtenir gratuitement, pour conserver la fierté d'être quittes. Aussi bien pourrions-nous parler de l'industrie pharmaceutique, laquelle n'a aucunement besoin de dégager les bénéfices astronomiques dont elle a le secret. Là encore, la gratuité contre certains services pourrait être instituée. C'est autant de budgets libérés pour "consommer" - et satisfaire le credo de la relance par la consommation. Combien de talents et de compétences techniques inemployées aujourd'hui ?

jean ghislain a écrit:
Prenez un fils de grand bourgeois, né avec une cuillère en argent dans la bouche, promis à de grandes études, comprendra-t-il quelque chose à la précarité lorsque viendra l'age pour lui de voter?

On se demande donc au nom de qui la gauche parle, puisque on ne compte plus le nombre de "bourgeois" parmi les cadres de ce parti humanitudariste.

Silentio a écrit:
j'observe depuis quelques semaines une hystérie collective à droite, une crainte incompréhensible de la gauche.
Sans doute des vieux de la vieille, dont l'essentiel des souvenirs se passe pendant la guerre froide, et qui jugent de ce qui pourrait être dans ce qui fut, en risquant d'occulter le présent. Pour le reste je n'ai rien observé de tel. La conscience de l'alternance est ancrée dans les mœurs de droite plus encore que dans celles de gauche.

Silentio a écrit:
Or il n'y a pas de raison d'avoir peur. Beaucoup de ceux qui ont voté à gauche ne sont pas des fanatiques ralliés inconditionnellement à Hollande ou Mélenchon. Liber et moi avons expliqué nos votes. Comme beaucoup de citoyens il ne s'agissait pas d'une adhésion totale (je ne suis pas, de toute façon, encarté dans un parti) et surtout de défendre, faute de mieux, des principes (ou un style), de les faire entendre et aussi énormément de faire partir Sarkozy et la droite du pouvoir : ça fait quand même une bonne dizaine (ou quinzaine) d'années qu'ils y sont. Voter pour Mélenchon ne fait pas de moi un partisan de l'URSS.

Explication ou pas, Silentio, vous m'excuserez par avance de juger que le compromis de tout et de rien ne vaut que pour une soupière. Vous associez pêle-mêle principes, indécision, du oui et du non, du peut-être, de l'arbitraire (virer N. S.). Je l'ai dit ailleurs, on ne juge de la maturité politique de quelqu'un qu'à sa capacité indéfectible à voter pour des idées, pas pour des personnes ; et de préférence pour les idées d'autres que soi, pas pour ses propres idées - or la plupart des gens ne veulent qu'un "représentant", plus exactement quelqu'un qui dise exactement ce qu'ils veulent qu'il dise. Enfin, pour ma part, je ne me suis pas permis de refuser son humanitude à Hollande, j'ai même affirmé qu'il est normal et nécessaire de lui faire confiance à partir du moment où mandat lui a été donné.

Silentio a écrit:
N'y a-t-il pas quelque contradiction à faire de la liberté la recherche "privée" de nos "jouissances" (Constant) ? Des libertés négatives et politiquement passives sont-elles la plus haute idée que nous puissions nous faire de la liberté (réduire au choix économique) et de l'homme ?

Relisez Constant, qui n'est pas réductible à la vie privée... C'est la conscience, qui est la grande affaire des tenants de la liberté, lesquels sont aussi farouchement attachés à l'égalité des droits. Les tenants de l'égalité se contrefichent éperdument de la liberté de conscience : ils prétendent savoir ce que c'est, croient qu'il s'agit de morale, et vous dictent le bien et le mal en permanence (le vocabulaire du catéchisme de gauche ne résiste pas à l'analyse). On sait qui sont les spécialistes du procès d'intention. Vous êtes riche ? vous êtes une sodomite doublée d'une méchanceté inhumaine prompte à exploiter des millions de frères que vous reniez, à peu près comme 2 et 2 font 4.

jean ghislain a écrit:
La gauche, c'est le retour aux goulags de l'URSS, c'est la dilapidation des caisses de l'État, un État qui devient monstrueux

La gauche, c'est surtout un parti de capitalistes, d'exploiteurs et de parasites qui ne disent pas leur nom et qui ont toujours vécu comme les néo-libéraux qui ailleurs pullulent. La différence est dans la quantité. Capitalisme d'État contre capitalisme "privé" (qui n'a jamais eu de privé que le nom, ce que Hayek dénonçait déjà dans les années 40). La pourriture est la même des deux côtés de la frontière idéologique. Vous devriez regarder de très près le mode de vie des hommes politiques de l'Union soviétique et de quelques pays satellites de la grande époque - en commençant par les années 20.

Alors, oui...
jean ghislain a écrit:
Peut-on demander ici (surtout sur un forum de philosophie) un peu de sérieux ?


Dernière édition par Euterpe le Dim 27 Mai 2012 - 21:55, édité 1 fois

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Silentio a écrit:
Que faire ? Comment m'autodéterminer dans une démocratie qui est par définition le régime des opinions (non de la vérité), du risque et de l'incertitude ? Comment faire lorsqu'on n'aime pas la médiocrité ambiante, qu'on veut lutter contre elle et qu'on est soi-même de son temps ?
Puisque vous êtes fort sensible à l'intelligence politique de Castoriadis, peut-être le relirez-vous en regardant le révolutionnaire plutôt que le théoricien (mais la chose est surtout sensible dans ses entretiens). Même après Socialisme ou Barbarie (ce qui n'était pas exactement le cas de Lefort), Castoriadis a toujours été un homme d'action. Il a commis de vraies erreurs de jugement. Et après ? L'action a le mérite de court-circuiter les circonvolutions auxquelles parfois l'esprit se laisse aller au motif qu'il "réfléchit". Mon œil, il ne réfléchit pas : il tergiverse (cf. Trotsky). Ce faisant, l'action contraint à penser juste le plus souvent possible, puisque bon gré mal gré le réel nous aiguillonne. Au total il me semble bien que les théoriciens ont toujours été beaucoup plus sujets à l'erreur que les hommes d'action. Il ne s'agit pas de couper court à la pensée, mais de comprendre que l'action comme telle ne consiste pas dans l'arrêt de la pensée, mais a cette vertu de nous pousser vers notre propre nature : elle nous révèle à nous-mêmes. Quel gain de temps, au regard de ceux qui prisent l'introspection systématique !

Je n'ai guère de sympathie pour Bonaparte, mais quel homme ! Imaginez ce petit gradé de rien du tout, inemployé, quasiment prêt à rentrer chez lui au milieu des chèvres et paf ! le 15 vendémiaire surgit l'occasion vitale, Barras n'ayant personne sous le coude pour diriger le corps d'armée contre la révolte royaliste conçue pour accomplir un 10 août à l'envers, tombe sur lui, lui explique les données du problème, et Bonaparte lui expose comme le grand général qu'il sera ce qu'il faut faire. Barras lui fait confiance, et c'est la énième débandade des royalistes. Plus personne n'arrêtera Bonaparte : l'intelligence même au moment d'agir, la saisie du réel au moment même où il se produit sous ses yeux. Ah ! on pouvait bien le mépriser et ricaner, dans les cercles des intellectuels du temps ! Même un Talleyrand, génie politique comme on n'en trouve qu'une fois dans un siècle, comprit très vite à qui il avait affaire. Trêve de digression : agissez si vous sentez que vous y êtes poussé, si vous vous sentez l'élan pour cela. Ce n'est certes pas une obligation, et ça ne veut évidemment pas dire que ça consisterait dans un engagement politique quelconque, mais agissez en acteur de votre pensée.

Pour en finir avec Castoriadis, outre le révolutionnaire, voyez comme il n'était pas capitaliste, pourtant conscient des impératifs liés à la technique et à l'industrie, c'est aussi par là qu'il est intéressant. Son idée d'une allocation unique pour tous a de l'avenir, du moins je le souhaite. En somme, il est important de le lire et de le faire lire. Combien a-t-on de penseurs politiques contemporains, à part lui ? Moins d'une dizaine.

Silentio a écrit:
Par ailleurs, ce n'est pas l'homme Sarkozy qui m'insupporte, c'est un style de gouvernance.

Il a incontestablement gâché un "talent", celui de provoquer avec pertinence, de "faire bouger les lignes", comme on dit. Son autorité fut une occasion, il a manqué la subtilité - mais aussi l'art de se soumettre à plus grand que lui, à quelque chose qui le dépasse (projet, etc.). Dès l'été 2007, il a fini quand tout commençait, quand il aurait dû comprendre que c'était maintenant, le changement (souvenez-vous : "j'ai changé...").

Silentio a écrit:
la division gauche-droite est factice

Ce peut être un bon programme (pas encore efficace étant donné les résultats de la carrière plus que médiocre de Bayrou) que d'arriver à faire accepter une autre voie que la seule alternance de majorités très relatives comme la gauche et la droite. Peut-être sera-t-il donné aux centristes de renaître (cf. le centre perdu de F. Furet). Mais c'est à la condition de renoncer à la Ve - et c'est risqué.

Silentio a écrit:
Euterpe a écrit:
Relisez Constant, qui n'est pas réductible à la vie privée... C'est la conscience, qui est la grande affaire des tenants de la liberté, lesquels sont aussi farouchement attachés à l'égalité des droits.

Dans quel texte ?

Regardez du côté de ce chef-d'œuvre qu'est De la Religion..., du côté de ses écrits sur la presse, ou encore son commentaire sur Filangieri. Deux extraits (pp. 1400 à 1413, dans la Pléiade) :
Si donc il y a dans le cœur de l’homme un sentiment qui soit étranger à tout le reste des êtres vivants, qui se reproduise toujours, quelle que soit la position où l’homme se trouve, n’est-il pas vraisemblable que ce sentiment est une loi fondamentale de sa nature ? Tel, à notre avis, le sentiment religieux. […].
[…].
Nous pouvons donc considérer ce sentiment comme universel : ne serait-il qu’une grande erreur ? Quelques hommes le disent de temps à autre. La peur, l’ignorance, l’autorité, la ruse, telles sont, à les entendre, les premières causes de la religion ;
ainsi des causes toutes passagères, extérieures et accidentelles, auraient changé la nature intérieure et permanente de l’homme, et lui auraient donné une autre nature, et, chose bizarre, une nature dont il ne peut se défaire, même lorsque ces causes n’existent plus ! Car c’est en vain que ses connaissances s’étendent, et qu’en lui expliquant les lois physiques du monde, elles lui apprennent à ne plus leur assigner pour moteurs des êtres qu’il importune de ses adorations ou qu’il fléchisse par ses prières. Les enseignements de l’expérience repoussent la religion sur un autre terrain, mais ne la bannissent pas du cœur de l’homme. A mesure qu’il s’éclaire, le cercle d’où la religion se retire s’agrandit. Elle recule, mais ne disparaît pas. Ce que les mortels croient, et ce qu’ils espèrent, se place toujours, pour ainsi dire, à la circonférence de ce qu’ils savent.
Lorsqu’on examine l’espèce humaine sous des rapports purement relatifs à la place qu’elle occupe et au but qu’elle paraît destinée à atteindre sur la terre, on est frappé de l’harmonie et de la juste proportion qui existent entre ce but, et les moyens que l’homme possède pour y parvenir. Dominer les autres espèces ; en faire servir un grand nombre à son utilité ; détruire ou repousser au loin celles qui lui refusent l’obéissance ; forcer le sol qu’il habite à satisfaire abondamment à ses besoins, et à pourvoir avec variété à ses jouissances ; gravir le sommet des montagnes pour soumettre les rochers à la culture ; creuser les abîmes ; en arracher les métaux et les façonner à son usage ; dompter l’onde et le feu, pour les faire coopérer à ces transformations merveilleuses ; braver le climat par les précautions, et le temps par les édifices ; s’assujettir, en un mot, la nature physique ; se la rendre esclave, et tourner ses forces contre elle-même ; ce ne sont là que les premiers pas de l’homme vers la conquête de l’univers. Bientôt, s’élevant plus haut encore, il dirige contre ses propres passions sa raison éclairée par l’expérience. Il impose un joug uniforme à ces ennemis intérieurs, plus rebelles que tous les obstacles extérieurs qu’il a vaincus. Il obtient de lui-même et de ses semblables des sacrifices qu’on eût dit impossibles. Il parvient à faire respecter la
propriété par celui qu’elle exclut, la loi par celui qu’elle condamne.
[…].
Alors, l’homme, considéré toujours sous des rapports purement terrestres, semble être arrivé au comble de son perfectionnement moral et physique. Ses facultés sont admirablement combinées pour le guider vers ce but. Ses sens, plus parfaits que ceux des espèces inférieures, sinon chacun en particulier, du moins tous ensemble, par la réunion et par l’assistance mutuelle qu’ils se prêtent ; sa mémoire, si fidèle, qui lui retrace les objets divers, sans leur permettre de se confondre ; son jugement, qui les classe et les compare ; son esprit qui, chaque jour, lui dévoile en eux de nouveaux rapports ; tout concourt à le conduire rapidement à des découvertes successives et à consolider ainsi son empire. Cependant au milieu de ses succès et de ses triomphes, ni cet univers qu’il a subjugué, ni ces organisations sociales qu’il a établies, ni ces lois qu’il a proclamées, ni ces besoins qu’il a satisfaits, ni ces plaisirs qu’il diversifie, ne suffisent à son âme. Un désir s’élève sans cesse en lui et lui demande autre chose. Il a examiné, parcouru, conquis, décoré la demeure qui le renferme, et son regard cherche une autre sphère. Il est devenu maître de la nature visible et bornée, et il a soif d’une nature invisible et sans bornes. Il a pourvu à des intérêts qui, plus compliqués et plus factices, semblent d’un genre plus relevé. Il a tout connu, tout calculé, et il éprouve de la lassitude à ne s’être occupé que d’intérêts et de calculs. Une voix crie au fond de lui-même, et lui dit que toutes ces choses ne sont que du mécanisme, plus ou moins ingénieux, plus ou moins parfait, mais qui ne peut servir de terme ni de circonscription à son existence, et que ce qu’il a pris pour un but n’était qu’une série de moyens.


Silentio a écrit:
Le problème du libéralisme me semble être de se méfier du pouvoir et de laisser une trop grande place à la liberté individuelle sans prendre en compte sa dimension politique

Si vous reprenez Tocqueville dans le texte, la liberté individuelle est dans la conscience, mais ce n'est pas une monade : il n'y a d'individu que social. D'où l'importance de la question des mœurs dans son œuvre (et il vaudrait la peine de vérifier si cela ne lui viendrait pas de Royer-Collard, qui fut son père spirituel, puisque bien des passages de La Démocratie en Amérique ne sont pas sans rappeler de manière troublante un discours que Royer prononça en 1797, sur la liberté des cultes). Bref, tous les "libéraux" ne sont pas individualistes au sens qu'on donne à ce terme le plus souvent aujourd'hui. L'individu est une conscience que rien ne saurait commander arbitrairement, et c'est un être social.

Silentio a écrit:
la seule liberté de conscience permet-elle la liberté politique ? Et est-on vraiment libre par elle ? Qu'en est-il du pouvoir de l'opinion et du social ? Cette liberté n'est-elle pas une véritable liberté que sous certaines conditions, par exemple politiques ? Notre société contemporaine produit-elle des individus réellement autonomes et réflexifs en les incitant à se croire libres et à se "retirer" (comme si cela était possible) de la politique, de la société et de toute relation de pouvoir vécue comme une contrainte ?

Il n'y a de liberté de conscience que pour un individu qui vit dans une société. Les liens sociaux n'existent plus : la liberté de conscience n'existe plus (ce qu'on appelle liberté de "penser", c'est la seule liberté d'informer ou de savoir, aujourd'hui - nous sommes très loin, que dis-je ? à une distance incommensurable de ce qu'on appelait la liberté de conscience).

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Euterpe a écrit:
Puisque vous êtes fort sensible à l'intelligence politique de Castoriadis, peut-être le relirez-vous en regardant le révolutionnaire plutôt que le théoricien (mais la chose est surtout sensible dans ses entretiens). Même après Socialisme ou Barbarie (ce qui n'était pas exactement le cas de Lefort), Castoriadis a toujours été un homme d'action. Il a commis de vraies erreurs de jugement. Et après ? L'action a le mérite de court-circuiter les circonvolutions auxquelles parfois l'esprit se laisse aller au motif qu'il "réfléchit". Mon œil, il ne réfléchit pas : il tergiverse (cf. Trotsky). Ce faisant, l'action contraint à penser juste le plus souvent possible, puisque bon gré mal gré le réel nous aiguillonne. Au total il me semble bien que les théoriciens ont toujours été beaucoup plus sujets à l'erreur que les hommes d'action. Il ne s'agit pas de couper court à la pensée, mais de comprendre que l'action comme telle ne consiste pas dans l'arrêt de la pensée, mais a cette vertu de nous pousser vers notre propre nature : elle nous révèle à nous-mêmes. Quel gain de temps, au regard de ceux qui prisent l'introspection systématique !

Je comprends ce que vous dites, c'est ce que l'on peut voir dans le passage à la vita activa avec l'agir au sens d'Arendt ou la praxis (comportant l'élucidation) au sens de Castoriadis. Mais il reste difficile de voir chez eux, peut-être plus encore dans la vie d'Arendt, cette action. Ou bien il faut un minimum intellectualiser la chose en parlant de l'acte qu'est l'écriture, ou encore celui de la publication et la diffusion d'idées. Concernant Castoriadis, il a écrit à S ou B, été psychanalyste, donc mis en quelque sorte en application ses idées, mais n'est-il pas resté, surtout à partir des années 80, un théoricien parlant de l'action (je ne connais pas très bien la vie du bonhomme, à l'exception surtout de ce qu'il en raconte lui-même) ?
Euterpe a écrit:
Je n'ai guère de sympathie pour Bonaparte, mais quel homme ! Imaginez ce petit gradé de rien du tout, inemployé, quasiment prêt à rentrer chez lui au milieu des chèvres et paf ! le 15 vendémiaire surgit l'occasion vitale, Barras n'ayant personne sous le coude pour diriger le corps d'armée contre la révolte royaliste conçue pour accomplir un 10 août à l'envers, tombe sur lui, lui explique les données du problème, et Bonaparte lui expose comme le grand général qu'il sera ce qu'il faut faire. Barras lui fait confiance, et c'est la énième débandade des royalistes. Plus personne n'arrêtera Bonaparte : l'intelligence même au moment d'agir, la saisie du réel au moment même où il se produit sous ses yeux. Ah ! on pouvait bien le mépriser et
ricaner, dans les cercles des intellectuels du temps ! Même un Talleyrand, génie politique comme on n'en trouve qu'une fois dans un siècle, comprit très vite à qui il avait affaire. Trêve de digression : agissez si vous sentez que vous y êtes poussé, si vous vous sentez l'élan pour cela. Ce n'est certes pas une obligation, et ça ne veut évidemment pas dire que ça consisterait dans un engagement politique quelconque, mais agissez en acteur de votre pensée.

Mais Bonaparte n'était pas qu'intelligent dans l'action, c'était aussi un grand lecteur. Il emmena des centaines de livres en Egypte et en rapporta encore plus.

Pour ma part, je ne suis pas un homme d'action. Si je m'écoutais je resterais quelqu'un de très casanier. Mais je sais que l'action est nécessaire, surtout l'action politique. C'est mon devoir de sauvegarder le monde commun ou de m'enquérir de l'état de l'institution de la société qui sont conditions de possibilité de l'individu social et réflexif que je suis. L'autarcie totale est impossible, et pas même souhaitable. Alors me voilà, à nouveau, comme Rousseau (le génie et la folie en moins, bien entendu), enfant incarnant les contradictions de son temps et voulant trouver les conditions pour tous d'une unité et d'une autonomie qui pourraient résoudre cette lutte entre devoir moral (ou responsabilité sociale ou politique ou civique) et individualisme ou égoïsme (plutôt égocentrisme) fort prononcé. Il faudrait concevoir que le souci porté au monde permet de me transcender et de me réaliser véritablement, c'est-à-dire que ce souci réalise un égoïsme supérieur, selon l'expression de Nietzsche, en tant que ma subjectivité dépend du monde social institué.
Euterpe a écrit:
Pour en finir avec Castoriadis, outre le révolutionnaire, voyez comme il n'était pas capitaliste, pourtant conscient des impératifs liés à la technique et à l'industrie, c'est aussi par là qu'il est intéressant. Son idée d'une allocation unique pour tous a de l'avenir, du moins je le souhaite. En somme, il est important de le lire et de le faire lire. Combien a-t-on de penseurs politiques contemporains, à part lui ? Moins d'une dizaine.

Je vous suis sur cette idée que j'ai retrouvée récemment à la lecture d'Ecologica d'André Gorz. Autre très belle rencontre philosophique compatible avec le projet d'autonomie de Castoriadis. Gorz m'aide à voir un peu mieux l'intérêt du Parti Pirate par exemple. Je n'étais pas sûr de m'y rallier, y voyant une tendance capitaliste et consumériste contradictoire. Mais l'économie de la gratuité basée sur le modèle des "logiciels libres" est très intéressante. Un ami se présente aux législatives sous les couleurs du parti. Il est possible, finalement, que je vote pour lui. Mais là encore, il s'agit de diffuser des idées, ce qui est clairement revendiqué par le parti. J'ai assisté à quelques réunions parisiennes. C'est très intéressant et des gens de tendances politiques très différentes s'y retrouvent sur des valeurs communes. On y sent, de plus, beaucoup d'effervescence et de créativité.
Euterpe a écrit:
Ce peut être un bon programme (pas encore efficace étant donné les résultats de la carrière plus que médiocre de Bayrou) que d'arriver à faire accepter une autre voie que la seule alternance de majorités très relatives comme la gauche et la droite. Peut-être sera-t-il donné aux centristes de renaître (cf. le centre perdu de F. Furet). Mais c'est à la condition de renoncer à la Ve - et c'est risqué.

Encore faut-il réussir à transformer les imaginaires pour que de nouvelles catégories de pensée apparaissent et s'imposent.
Euterpe a écrit:
Si vous reprenez Tocqueville dans le texte, la liberté individuelle est dans la conscience, mais ce n'est pas une monade : il n'y a d'individu que social. D'où l'importance de la question des mœurs dans son œuvre (et qu'il vaudrait la peine de vérifier si cela ne lui viendrait pas de Royer-Collard, qui fut son père spirituel, puisque bien des passages de La Démocratie en Amérique ne sont pas sans rappeler de manière troublante un discours que Royer prononça en 1797, sur la liberté des cultes). Bref, tous les "libéraux" ne sont pas individualistes au sens qu'on donne à ce terme le plus souvent aujourd'hui. L'individu est une conscience que rien ne saurait commander arbitrairement, et c'est un être social.

Euterpe a écrit:
Il n'y a de liberté de conscience que pour un individu qui vit dans une société. Les liens sociaux n'existent plus : la liberté de conscience n'existe plus (ce qu'on appelle liberté de "penser", c'est la seule liberté d'informer ou de savoir, aujourd'hui - nous sommes très loin, que dis-je ? à une distance incommensurable de ce qu'on appelait la liberté de conscience.

Très bien, nous sommes d'accord alors. En ce sens je serais assez proche de Tocqueville, de même que Castoriadis, à condition seulement de ne pas oublier ou minimiser cette dimension sociale sans laquelle l'individu est impossible et à laquelle il n'est pas non plus réductible en tant que sujet (et psyché).

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Silentio a écrit:
n'est-il pas resté, surtout à partir des années 80, un théoricien parlant de l'action (je ne connais pas très bien la vie du bonhomme, à l'exception surtout de ce qu'il en raconte lui-même) ?

Ses séminaires lui prenaient beaucoup de temps. Ils étaient devenus, moins le moyen de son action, que son action même. Son autorité charriait beaucoup de personnes, pour employer un terme peu convenable.

Silentio a écrit:
Pour ma part, je ne suis pas un homme d'action. Si je m'écoutais je resterais quelqu'un de très casanier.

Parce que votre pensée est lourde comme un roc (cf. Baudelaire - et la mélancolie). A force d'être habités par nos pensées, nous les habitons. A force d'avoir des idées, les idées nous ont. Vous devez réussir à vous convaincre que votre pensée est le mode même de votre action. Faites-lui confiance.

Silentio a écrit:
Je vous suis sur cette idée que j'ai retrouvée récemment à la lecture d'Ecologica d'André Gorz. Autre très belle rencontre philosophique compatible avec le projet d'autonomie de Castoriadis. Gorz m'aide à voir un peu mieux l'intérêt du Parti Pirate par exemple. Je n'étais pas sûr de m'y rallier, y voyant une tendance capitaliste et consumériste contradictoire. Mais l'économie de la gratuité basée sur le modèle des "logiciels libres" est très intéressante. Un ami se présente aux législatives sous les couleurs du parti. Il est possible, finalement, que je vote pour lui. Mais là encore, il s'agit de diffuser des idées, ce qui est clairement revendiqué par le parti. J'ai assisté à quelques réunions parisiennes. C'est très intéressant et des gens de tendances politiques très différentes s'y retrouvent sur des valeurs communes. On y sent, de plus, beaucoup d'effervescence et de créativité.

Mais vous n'êtes pas l'homme d'un parti. Et vous devez vous en préservez coûte que coûte, du reste.

Silentio a écrit:
à condition seulement de ne pas oublier ou minimiser cette dimension sociale sans laquelle l'individu est impossible et à laquelle il n'est pas non plus réductible en tant que sujet (et psyché).

Cf. la solitude radicale d'Ortega. Jamais nous ne sommes en compagnie, pas même de nous. C'est le lot des consciences aigues.

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Euterpe a écrit:
Liber a écrit:
Le premier gouvernement Fillon comptait 15 ministres, c'est celui-là que vous prenez en compte dans vos calculs, mais il est passé après les législatives de 2007, à 35. C'est bien d'avoir ouvert l'Elysée à la Cour des comptes, mais dans ce cas, il fallait aller jusqu'au bout, et faire des économies. Puisque vous êtes des ascètes à droite, pourquoi avoir continué les grands repas, les grosses voitures, les fleurs (1 million d'euros dépensés par Fillon, l'homme qui aimait les fleurs, à moins que ce ne soit pour faire plaisir à madame), etc.
Liber a écrit:
Donc, ne pas prendre pour argent comptant telle ou telle affirmation parce qu'elle émane de notre camp, mais la vérifier par des analyses. Ainsi, dire par exemple que le ouvernement Ayrault est plus cher que le gouvernement Fillon I, est faux, parce que celui-ci compta d'abord 15 ministres, avant d'être élargi à 35. Le gouvernement actuel coûte 25% de moins, selon l'AFP, que le gouvernement Fillon post-législatives 2007. Voilà un exemple de ce que j'appelle la probité dans l'analyse.

Pour que votre exemple soit probant, il faut comparer avec plus de justesse, Liber : le gouvernement d'avant les législatives de Fillon et celui d'avant les législatives d'Ayrault. Pour le reste, attendez donc que les législatives soient achevées. Alors seulement vous pourrez comparer. Jusque là, il n'y a aucune contestation possible, entre Fillon I et Ayrault I, le panier percé est à gauche.

Ne soyez pas naïf. Les chiffres ne suffisent pas tels quels. Le gouvernement Fillon I était composé de 15 ministres pour répondre à une promesse de programme de Sarkozy, et on était avant les législatives, il ne fallait pas décevoir d'emblée. Ensuite, il fut ramené à des proportions plus normales. Evidemment, si Ayrault crée 15 ministères de plus, je devrai vous donner raison sur sa folie dépensière, mais actuellement, nous savons que le premier gouvernement Sarkozy n'était qu'un leurre. Je sais gré à la gauche de ne pas nous refaire le coup du gouvernement resserré qui double ensuite, et de mettre d'emblée en place un gouvernement de la taille nécessaire pour gouverner. Je n'aurais de toute façon pas pardonné à Ayrault une hypocrisie comme celle de Sarkozy, que je viens de vous décrire.

Liber a écrit:
Départ en 2012, Obama n'a rien dit contre, le traité européen sera complété par des mesures de croissance. Je ne vois pas où les promesses de campagne ne seraient pas respectées. La rigueur budgétaire et la croissance en même temps.
Obama n'a rien dit contre, parce que Hollande ne lui a pas dit la même chose que ce qu'il déclarait pendant sa campagne. Sa conférence de presse (une des plus mauvaises de toute l'histoire de la Ve) fut éloquente à cet égard. Le départ aura bien lieu en 2013, sauf à considérer que le matériel rentrera tout seul par la poste courante (à peine plus tôt, donc, que ce qui était prévu). Bref, peu de chamboulements sur place. Pour le "volet croissance" qu'il négociera, ne rêvez pas : cette croissance impliquant une relance par de l'endettement sera acceptée avec une telle parcimonie qu'au total la France obtiendra une compensation symbolique pour lui éviter le ridicule d'avoir parlé avec la présomption et la vanité qui la caractérisent tant.

Le départ aura lieu 6 mois avant que prévu. Quant à savoir si Hollande avait précisé que les soldats qui partiraient avant 2012 seraient les troupes combattantes, deux réponses : dans son programme, non, dans sa campagne, oui, il l'a précisé au mois de mars. Vous voyez, je mets cartes sur table, j'attends la même chose de vous. C'est Sarkozy qui a commencé du reste à avancer, suite à l'assassinat de troupes non combattantes par un soldat afghan, le retrait des troupes en 2013 au lieu de 2014. Hollande a surenchéri, l'occasion était trop belle, surtout sur ce sujet sensible où il savait bénéficier d'un très fort pourcentage d'adhésion chez les Français et d'une position supplémentaire sur l'international où il était jugé plus faible. Par contre, Hollande a pris un risque politique très important, car après 2012, il risque de payer très cher la mort éventuelle de formateurs restés sur place.
Sur la croissance, la relance voulue par Hollande sera importante (plusieurs dizaines de milliards par an), elle sera financée par de l'endettement, mais c'est la BEI qui s'endettera, pas les Etats (ou très peu, effet de levier). Cependant, elle ne nous bénéficiera pas beaucoup, et n'aura des effets que sur le long terme. Pour le reste, Hollande veut faire la même chose que Monti en Italie, reste à laisser passer les législatives, ensuite, il faudra jouer serré sur la rigueur, bien sûr nous ne sommes pas dans la situation catastrophique de l'Italie, donc nos efforts seront moindres. Politiquement, Hollande a très bien joué, en faisant passer la croissance (donc l'espoir) au premier plan, quand Sarkozy a cru qu'en imposant l'austérité, il pourrait dramatiser la situation. Il se trouve que les gens avaient besoin d'espoir, le mouvement des indignés le montrait bien, ainsi que le succès de Mélenchon et de Marine Le Pen. Croire qu'en faisant campagne sur des positions néo-libérales aurait permis à Sarkozy de l'emporter était une énorme erreur.

Liber a écrit:
Vous êtes beaucoup à avoir Sarkozy dans le pif, ce n'est qu'une constatation de ma part.

A avoir eu. Mais c'était le candidat de la droite, nous étions en campagne. Cela dit, Sarkozy a créé de toutes pièces son impopularité. Je n'ai aucun remords de lui avoir tapé dessus quand je l'ai fait. Il était devenu un ennemi personnel, je (et beaucoup d'autres) nous sentions visés par ses stigmatisations. Fonctionnaire = fainéant, artiste = parasite, chômeur = profiteur, magistrat = laxiste, agriculteur = riche propriétaire foncier, etc. De toute façon, on attend d'un président qu'il rassemble, pas qu'il divise. Mort à ceux qui créent la discorde.

Liber a écrit:
que reste-t-il de la droite française ?

Pas grand-chose depuis que le gaullisme social a disparu.

La droite ne devra désormais son salut qu'à des positions très droitières, limite populistes. Sauf à imaginer que Marine Le Pen fasse peur, mais ça n'en prend pas le chemin.

On sait qui sont les spécialistes du procès d'intention. Vous êtes riche ? vous êtes une sodomite doublée d'une méchanceté inhumaine prompte à exploiter des millions de frères que vous reniez, à peu près comme 2 et 2 font 4.

Voire. Je n'ai pas trouvé que Mélenchon ait eu tort hier en rappelant à Lagarde (FMI) que les Grecs payent leurs impôts (prélevés à la source, salaires, retraites, ou via les factures d'électricité), sauf les riches capitalistes. Quant à l'idéologie de droite selon laquelle les riches ne doivent pas payer d'impôts afin de "libérer la croissance", c'est-à-dire, investir, créer de la richesse, etc., on voit avec le cas grec que c'est totalement faux. Cela fait des années que les pauvres sont mis à contribution, que les riches échappent à l'impôt, et le pays est en pleine récession.
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