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L'existence de la liberté

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Euterpe a écrit:
Aristippe de cyrène a écrit:
la démocratie est la forme politique de la liberté.

Une forme politique de la liberté. Une forme, parmi d'autres. C'est déjà pas mal.

Je compte parmi ceux qui considèrent que la démocratie est effectivement la seule "forme politique de la liberté". D'ailleurs le fondement de la démocratie actuelle, du moins dans sa conception abstraite, prend ses racines dans la pensée philosophique de la Grèce antique. Alors si d'autres formes sont envisageables qui seraient susceptibles de garantir pareillement nos libertés, il serait intéressant de les évoquer plus précisément.

Quant à la relation entre pouvoir et liberté, elle ne me semble pas partielle, ni accessoire, mais au contraire essentielle car la liberté est toujours génératrice d'une forme de pouvoir, en ce qu'elle est  une puissance d'agir. Impliquant  la possibilité de choix entre diverses actions possibles (contrairement au déterminisme), elle engendre une responsabilité c'est-à-dire  une capacité à répondre de ses actes, donc une capacité à savoir anticiper à l'avance leurs conséquences, à se projeter, contrairement à celui qui subissant le pouvoir, est assujetti et n'étant libre de rien n'a pas à faire usage d'une capacité identique. C'est là où on peut entrevoir qu'il ne saurait y avoir "liberté" en dehors d'une relation intersubjective, une rivalité où se confrontent différents degrés de pouvoir (ce qui n'est pas sans me faire penser à la fameuse dialectique du maître et de l'esclave).

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Janus a écrit:
Je compte parmi ceux qui considèrent que la démocratie est effectivement la seule "forme politique de la liberté". D'ailleurs le fondement de la démocratie actuelle, du moins dans sa conception abstraite, prend ses racines dans la pensée philosophique de la Grèce antique. Alors si d'autres formes sont envisageables qui seraient susceptibles de garantir pareillement nos libertés, il serait intéressant de les évoquer plus précisément.
Mais quelle démocratie ? Suisse ? Islandaise ?

La philosophie politique de la Grèce antique est un paradigme, un modèle, plutôt qu'une racine. Encore faut-il savoir que ce "modèle" ne fut adopté qu'à des moments précis et très circonscrits de l'histoire européenne. Adopté, mais pas appliqué - pas même adapté. C'est moins la démocratie athénienne qui fascinait les Européens de la Renaissance que la République de Platon, la cité idéale, tout sauf démocratique. Si vous deviez vivre à Sparte ou Athènes, il est fort probable que vous n'y trouveriez pas votre compte. Surtout, la philosophie politique opère une rupture radicale aux environs du XVIIe siècle, qui nous a éloignés de la philosophie politique antique. La liberté s'est substituée à la Justice (la question du meilleur régime politique). Cf. Leo Strauss.

Dernière édition par Euterpe le Mar 14 Aoû 2012 - 22:31, édité 1 fois

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Euterpe a écrit:
La liberté s'est substituée à la Justice (la question du meilleur régime politique).
Et encore, il ne s'agit pas de la même conception de la liberté chez les Anciens et chez les modernes. La nôtre est ridicule, mais ça ne semble gêner personne tant que chacun a, justement, sa petite parcelle de bien-être assurée.

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Euterpe a écrit:
Janus a écrit:
Je compte parmi ceux qui considèrent que la démocratie est effectivement la seule "forme politique de la liberté". D'ailleurs le fondement de la démocratie actuelle, du moins dans sa conception abstraite, prend ses racines dans la pensée philosophique de la Grèce antique. Alors si d'autres formes sont envisageables qui seraient susceptibles de garantir pareillement nos libertés, il serait intéressant de les évoquer plus précisément.

ais quelle démocratie ? Suisse ? Islandaise ?

La philosophie politique de la Grèce antique est un paradigme, un modèle, plutôt qu'une racine. Encore faut-il savoir que ce "modèle" ne fut adopté qu'à des moments précis et très circonscrits de l'histoire européenne. Adopté, mais pas appliqué - pas même adapté. C'est moins la démocratie athénienne qui fascinait les Européens de la Renaissance que la République de Platon, la cité idéale, tout sauf démocratique. Si vous deviez vivre à Sparte ou Athènes, il est fort probable que vous n'y trouveriez pas votre compte. Surtout, la philosophie politique opère une rupture radicale aux environs du XVIIe siècle, qui nous a éloignés de la philosophie politique antique. La liberté s'est substituée à la Justice (la question du meilleur régime politique). Cf. Leo Strauss.

Le propre de la philosophie est de remonter à l’essence des choses, à l’essence des mots, comme le pratique aussi la démarche phénoménologique.
Et le terme de paradigme lui aussi renvoie à l’idée d’une racine au sens grammatical du terme, soit un point de départ conceptuel d’où se déclinent ensuite les nouveaux mots qui décrivent en fait des réalisations concrètes sous forme de discours ou paroles. Les modèles en sont au contraire les diverses applications, dans l’espace et dans le temps, les métamorphoses qui se sont réalisées, à partir de ce modèle-type originel, dans l’expérience concrète de l’histoire des différents pays… non sans beaucoup de déboires.

D’ailleurs La République ou citée idéale de Platon n’est en elle-même qu’une modalité adaptée à la fois au contexte de l’époque et à sa propre façon personnelle de l’envisager, de l’imaginer, autrement dit de la mettre en forme dans son esprit.  Pour mieux comprendre mon approche, on peut se référer ici au concept de forme dans la philosophie d’Aristote (paradigme de la forme s’appliquant aux êtres vivants... où l’âme (pensée) est la forme d’un être corporel, un principe dynamique interne responsable des processus de développement naturels d’un organisme, etc.)  ou encore celle de Hegel notamment dans la Phénoménologie de l’esprit. En soulignant que nous parlons ici de phénomènes de société, c'est-à-dire d’organismes vivants.

Mais la liberté se situe dès l’origine dans ce concept alors très abstrait de démocratie, de même que l’idée de justice : ce n’est pas un hasard si dans l’actualité récente les mots liberté et justice sont toujours prononcés par les peuples en révolte qui les associent intuitivement à l’idée de démocratie comme seule concrétisation possible de ces deux valeurs essentielles…  malgré toutes les contradictoires rencontrées dans leurs mises en pratique !

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Tom a écrit:
Toute discussion sur l'existence ou non de la liberté au sens métaphysique est une perte de temps. Ce que j'aime beaucoup dans l'accroche de votre sujet est le fait d'évoquer en arrière plan la société. Il est drôle de voir des métaphysiciens disserter sur l'existence de la liberté, alors que dans les faits, dans la réalité, le problème est autre et bien plus pertinent. Au lieu de parler d'une liberté métaphysique, parlons de la réalité de la liberté. Ou dans d'autres termes : la liberté réelle.

Dans La crise de la culture, "Qu'est-ce que la liberté ?" Hannah Arendt a par exemple cette phrase :

le champ où la liberté a toujours été connu, non comme problème certes, mais comme un fait de la vie quotidienne, est le domaine politique

J'ai encore envie de dire (ça doit être la 3ème fois que j'évoque cette vision sur ce forum) : la politique c'est l'espace entre les hommes, c'est l'espace où ma liberté peut se réaliser. Si certes ma liberté n'a une existence effective, ne peut en avoir une, que si l'institution le garantit de manière apriorique, il faut voir la liberté dans le seul domaine de la réalité, seul domaine où, par la politique, elle peut se réaliser.

Si on est de ce point de vue là, alors il faut admettre que la liberté est relative. Mais ne paniquons pas. Liberté relative n'est pas synonyme d'une liberté de tournebroche. Il faut avoir en tête la pensée de la finitude.

Prenons pour aborder cela une question : "la liberté s'apprend-t-elle ?". Interrogeons d'emblée les présupposés d'une telle question : qu'est-ce qu'apprendre à être libre ? Qu'est-ce qu'être-libre ? Si la liberté s'apprend, doit s'acquérir, c'est que nous naissons dans un état d'inégalité dans lequel nous ne possédons pas la liberté. Cependant, comment enseigner une chose comme la liberté ? La liberté est-elle une chose qui s'apprend ou qui se développe ? être-libre, n'est-ce pas une manière d'être-libre ? Nous vivons dans une société avec des mœurs qui nous imposent des détours, comme la politesse, pour atteindre un but quelconque. Rappelez-vous votre enfance lorsque votre mère vous demandait le "mot magique" pour espérer avoir ce superbe morceau de gâteau. Que faisait-elle ? Elle vous enseignait une manière d'être-libre en société.

Il faut voir de quelle manière notre liberté limitée, relative aux différents domaines de la réalité peut se réaliser. Il faut prendre en compte la liberté dans ses limites et comment elle s'exerce dans ses limites. Il faut faire séjourner notre pensée dans cette manière de voir : comment ma liberté peut-elle pleinement se réaliser dans ses propres limites ?

Il est vrai que nous ne pouvons pour ainsi dire "observer" ce mot liberté qu'au sens concret qui lui est donné dans son application politique, mais peut-on vraiment séparer cette approche concrète, cette réalisation pratique  sans remonter plus haut dans sa genèse ? Kant par exemple s'appuie sur la raison théorique puis après en avoir défini les limites dans une approche dite "critique", oriente sa réflexion sur la "raison pratique", la première servant d'appui à la seconde, etc. Je veux dire par là que tout étant lié, on ne peut se passer d'une réflexion qui ambitionne de remonter aux sources, et ceci d'autant plus que nous sommes dans un concept de valeur, très abstrait.  Sinon à quoi servirait la philosophie, Kant lui-même étant parti d'une réflexion sur la métaphysique, il ne s'est pas interdit d'en fréquenter les frontières.
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