Euterpe a écrit:
Au moment du procès Eichmann, Arendt a déjà un passif. Le simple fait de juger Eichmann en Israël lui posait un gros problème.

Juger Eichmann en Israël empêche de donner une valeur universelle à ce procès. Le condamner à mort en fait une banale vengeance, et rabaisse le crime nazi à un crime ordinaire. En inventant la CPI et le TPI, nous nous sommes mis en conformité avec nos valeurs, enfin du moins les valeurs dites "humanistes" (que l'on n'est pas obligé de partager, je tiens à cette liberté par rapport à l'universalisme).

contrairement à tous les sionistes, elle ne croyait pas dans l'État, encore moins dans l'État-nation.

Il est vrai que les Juifs n'étaient pas liés par l'appartenance à une même nation. On le leur a reproché (la "juiverie internationale"), comme on leur a reproché aussi la nation israélienne. Pas facile donc pour Arendt de se positionner sans provoquer un conflit. Pour ce qui est de la germanité, il semble bien que le sentiment de perdre une identité (ici juive ou allemande) soit, là comme ailleurs (encore aujourd'hui en France même), un vrai problème pour les sociétés et les individus qui les composent. J'ajoute que ce sentiment m'est totalement étranger. Je le vois chez les autres mais je ne le comprends pas, ou du moins, je ne le ressens pas.