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Idéologie et violence.

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Intemporelle
fantoben
7 participants

descriptionIdéologie et violence. EmptyIdéologie et violence.

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Les idéologies : source de violence

L'Histoire nous a révélé que la principale source de violence dans le monde, c'est le fanatisme idéologique : qu'il soit religieux, politique ou social. Cette violence latente, imputable à toutes ces idéologies se manifeste tôt ou tard par de nombreuses querelles intestines entre les individus ou encore par des guerres entre nations. Et pour essayer de contrer ce fléau, on a dû inventer une autre idéologie qui se traduit par un idéal de paix, d'où la naissance de multiples manifestations pour la paix que nous avons connues depuis les dernières décennies.

Mais Guerre et Paix sont deux termes tellement antithétiques qu'ils finissent par se rejoindre (les contraires s'attirent). Ainsi, pour certains auteurs il y aurait des guerres inutiles, évitables bien souvent ; alors qu'en d'autres moments, une guerre pourrait être jugée utile pour le maintien de la paix et de la liberté. Il est vrai que d'un point de vue purement rationnel, on peut faire un bilan positif des guerres passées et savourer pleinement les privilèges d'accès à certaines libertés, et même sur les plans économique et géographique, à une stabilisation géopolitique. Je suis en partie d'accord sur ce dernier point, mais à partir de quelle autorité proviendra la justification d'une telle guerre utile, si ce n'est encore une fois d'une autre forme d'idéologie dite de préservation de tel ou tel groupe culturel au détriment d'un ou plusieurs autres.

En général ce sont ces mêmes gens qui, s'affichant constamment en faveur de la paix, provoquent subtilement les mésententes et les conflits. Pourquoi ? Simplement parce que toute personne porteuse de fanatisme idéologique est susceptible de déclencher un jour ou l'autre de graves confrontations avec d'autres individus véhiculant des doctrines opposées. On n'a qu'à observer les sanglantes guerres de religion qui ont cours présentement dans le monde pour s'en rendre compte. Les mouvements pour la paix portent en eux ce même type d'idéologie, au même titre que ceux qui prônent une idéologie écologiste par exemple. Les adeptes de ces deux idéologies se retrouvent très souvent  face à des rapports de force qui les poussent à imposer leur doctrine par la violence. Des fleuves de sang ont déjà coulé et coulent encore au nom d'un Dieu : idéologie de la Terre promise ; au nom de la Patrie : nationalisme ; au nom de la Paix ou de la Liberté : idéalisme ; et bientôt peut-être au nom de l'Écologie.

Tout comme les mouvements pour la paix, les groupes écologistes se doivent bien souvent de violer les lois civiles et de troubler la paix sociale afin de mieux faire connaître leur Cause. À preuve, combien de gens du groupe Greenpeace ont été « traînés » en justice et même emprisonnés pour leurs méfaits ? On pourrait aller jusqu'à dire que toute manifestation a quelque chose de violent en soi. Par exemple les individus qui font la grève de la faim pour obtenir une faveur, ou encore pour gagner une cause, font eux aussi preuve de violence. Ils prennent en otage la population et font du chantage auprès des autorités d'un pays ou d'un groupe social pour faire triompher leur Cause. Et tous savent très bien que la prise d'otages et le chantage relèvent d'une forme de violence.

Au départ la tentative de suicide à partir d'un geste tel la grève de la faim est une violence déguisée. Et si par surcroît elle sert au chantage ou à obliger par la force de cette menace des gens en autorité à prendre des décisions inadéquates ou contraires au bien commun, alors il y a double violence. Quelle différence y a-t-il entre le soldat volontaire mort au combat et le gréviste de la faim mort pour sa cause ? Aucune ! Les deux croyaient fermement en leur propre idéologie et usèrent de violence pour atteindre leur but. Une manifestation pour la paix par des milliers de personnes dans les rues d'une ville, c'est de la violence collective. Toute manif. publique, quelle qu'elle soit, est violence. Qu'elle soit faite par des pro-vie ou par des pro-choix pour ce qui concerne l'avortement par exemple, c'est la même chose. Toute Cause ou toute Idéologie est porteuse de violence, implicitement ou explicitement.

La sagesse de l'humanité serait-elle alors d'essayer de se débarrasser de tout fanatisme idéologique à travers le monde, sans pour autant recourir à d'autres formes de violence ? La question reste posée. Mais sans entretenir une attitude idéaliste, peut-être qu'une bonne éducation de base ainsi qu'une prise de conscience collective suffirait. Ce faisant, il serait sans doute beaucoup plus facile de centrer nos énergies sur le respect des différences et la reconnaissance des besoins de chacun. À partir donc d'une approche purement rationnelle, d'un travail intellectuel à la fois personnel et collectif axé sur le respect de soi et des autres, il ne serait peut-être pas utopique de penser qu'un jour le monde puisse enfin casser ses chaînes idéologiques qui l'empêchent d'évoluer depuis des millénaires.

descriptionIdéologie et violence. EmptyRe: Idéologie et violence.

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Au nom de quoi la violence serait-elle à éliminer, si ce n'est au nom d'une idéologie elle-même ? Une idéologie n'est rien d'autre qu'un système d'idées, la violence ne lui est pas consubstantielle. Une attitude radicalement pacifiste, qui proscrit toute forme de violence, est encore une idéologie.

Non seulement votre affirmation est utopique (casser la chaîne des idéologies), mais repose sur des présupposés que vous n'avez pas interrogés. A savoir que les idéologies freinent le développement humain, ce qu'il vous faut prouver, parce qu'il est tout à fait possible d'affirmer le contraire. Tous ceux qui souscrivent à une conception dialectique du mouvement de l'histoire par exemple, vous diront que les guerres et les violences ont souvent permis à l'humanité de faire des avancées qui n'auraient pas été permises sans. J'ai une certaine méfiance vis-à-vis des postures philosophiques qui voient du bien dans toute violence, mais il n'empêche qu'il ne faut pas tomber dans le travers inverse, une analyse trop orientée idéologiquement de la violence, qui fait passer à côté de la positivité propre à certaines violences.

Par ailleurs, pourquoi votre affirmation est-elle utopique ? Précisément parce qu'elle méconnaît ce qui fait le moteur de l'action chez l'homme. Dépourvu d'instinct, l'homme oriente son activité par les idées, et plus généralement, pour leur donner une cohérence d'ensemble, par un système d'idées. L'idéologie est partie intégrante d'une certaine manière que l'homme à de se rapporter au monde. On pourrait penser qu'un monde sans idéologie correspondrait d'une certaine manière à un univers proche de celui représenté dans le théâtre de l'absurde, mais là encore, cet univers est unifié sous la cohérence d'une idéologie, à savoir que le monde est dépourvu de sens. Et c'est précisément dans le cadre d'une telle idéologie - le monde est dépourvu de sens - que toutes les actions des personnages prennent sens.

descriptionIdéologie et violence. EmptyRe: Idéologie et violence.

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Intemporelle a écrit:
Par ailleurs, pourquoi votre affirmation est-elle utopique ? Précisément parce qu'elle méconnaît ce qui fait le moteur de l'action chez l'homme. Dépourvu d'instinct, l'homme oriente son activité par les idées, et plus généralement, pour leur donner une cohérence d'ensemble, par un système d'idées. L'idéologie est partie intégrante d'une certaine manière que l'homme à de se rapporter au monde. On pourrait penser qu'un monde sans idéologie correspondrait d'une certaine manière à un univers proche de celui représenté dans le théâtre de l'absurde, mais là encore, cet univers est unifié sous la cohérence d'une idéologie, à savoir que le monde est dépourvu de sens. Et c'est précisément dans le cadre d'une telle idéologie - le monde est dépourvu de sens - que toutes les actions des personnages prennent sens.

C'est d'ailleurs dans l'univers post-Guerre froide où l'on nous dit qu'il n'y a plus d'idéologies ni de grands récits, que le libéralisme a gagné, qu'il assure la paix et le progrès, qu'on a atteint la fin de l'histoire et que toute lutte est infondée, que l'on est le plus dans l'idéologie - non dite, donc d'autant plus prégnante dans notre vie quotidienne. La fin des idéologies contribue à l'idéologie mondialisée du capitalisme. C'est un nouveau mythe.

descriptionIdéologie et violence. EmptyRe: Idéologie et violence.

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Définissons l'idéologie comme "système d'idées qui porte à la violence", puisque c'est ce que fantoben semble avancer. A l'égard de cette relation de consubstantialité entre violence et idéologie une première remarque s'impose.  

Est-ce l'idéologie qui cause la violence ou n'en est-elle que la justification ? Il se pourrait bien après tout que la violence résulte de conditions qui n'ont rien à voir avec la pensée, c'est-à-dire avec des conditions matérielles toutes prosaïques.
Beaucoup d'auteurs ont considéré que la question de la violence légitime ─ qu'ils assimilent à la question politique ─ s'appuyait sur des raisons comme l'accès à la terre, aux femmes, à la sécurité, etc. (Balandier, Godelier). La situation matérielle difficile dans laquelle je me trouve me conduit à tels actes (violents) que je me dois de légitimer dans l'idéologie. Aussi, serait-on en droit de considérer que la fin de toute violence ─ usage de moyens coercitifs ─ réside non pas dans la fin de l'idéologie mais dans la fin des conditions (difficiles) qui imposent une réaction violente à légitimer.

J'ai pour ma part l'impression que la ferveur en une idéologie quelconque est inversement proportionnelle à la qualité du niveau de vie (plus la qualité de vie s'améliore, moins l'idéologie suscite de ferveur).

descriptionIdéologie et violence. EmptyRe: Idéologie et violence.

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J'ai du mal à bien saisir ce que peut-être un champ. Est-ce quelque chose comme un domaine de validité ? Quelque chose qui définit ce à quoi elle s'applique (que sont mes objets ?) et établit des règles ou jugements de valeur auxquels ses objets sont soumis ? Délimite-t-elle dans un premier champ déjà-là ? L'idéologie peut-elle accepter l'existence d'autres champs qu'elle considère comme neutres (parce que j'ai l'impression que l'idéologie porte en soi quelque chose d'exclusif, d'hégémonique) ?

Je ne pense pas avoir encore rencontré cette notion de limite, voilà pourquoi quelques précisions m'intéresseraient !
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