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L'avenir de l'Europe

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4 participants

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Silentio a écrit:
En faveur d'une Europe politique, oui. Quelle forme cela doit-il prendre ? Je n'en sais strictement rien.


Nous sommes habités du même doute – de la même circonspection ? – à l’endroit du « projet » européen.On se dirige.ait vers une sorte de fédéralisme abâtardi, aujourd'hui je suis bien en peine de savoir ce qu'il en est. 
Les élites n'ont pas intérêt à voir surgir une Europe politique, me semble-t-il. L'absence de contre-pouvoir leur sied à ravir, si cela favorise leurs finances.

Elite entendu au sens d’élite traditionnelle, d’élite sociologique( ?). Oui bien, sur sans contre-pouvoir le clientélisme et les petits arrangements entre amis sont plus aisés. Mais, pour ne pas caricaturer, il y a aussi une résistance populaire (pour le coup c’est la bonne épithète) qu’il convient d’expliciter.

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Si je comprends bien, l'Europe des nations empêche une politique supra-nationale, tandis que le fédéralisme se débarrasserait de l'État ou le reléguerait à une place inférieure, le pouvoir partant d'en haut. Pourquoi ne pas imaginer une sorte de conseillisme européen (conservation des États comme des Landers + mandat impératif pour le président de l'Europe avec un pouvoir venant du bas) ? (Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas potassé les institutions européennes qu'il est fortement possible que je dise n'importe quoi.)

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Silentio a écrit:
Si je comprends bien, l'Europe des nations empêche une politique supra-nationale, tandis que le fédéralisme se débarrasserait de l'État ou le reléguerait à une place inférieure, le pouvoir partant d'en haut. 



Ce sont ces deux dynamiques, contraires, qui me semblent devoir être mises en cause. J’en veux pour preuve qu’en France, mais dans de plus en plus de pays, le positionnement vis-à-vis de l’U.E devient clivant sur l’échiquier politique.
A un moment, il faudra se positionner: écouter les volontés nationales et laisser aux états leurs rôles, ou assumer une vraie politique europhile – qui implique un projet, porté par des élites compétentes et convaincues. Ce qui implique des alliances partisanes transnationales – paradoxalement; ce que les sceptiques savent faire.

Edit : il me semble important de faire un aparté sur la situation actuelle, ou d'essayer de s'y risquer. Le fédéralisme est timidement, discrètement, en marche. La BCE assure une part importante, quoi que variable, des dettes des pays les plus faibles (Grèce, Italie, Espagne, Portugal, Irlande) en rachetant des bons du trésor. En cas de défaut, c'est l'U.E qui ne sera pas remboursée. C'est une forme de mutualisation. Sur le plan économique, outre les programmes d'aides (PAC etc.), on observe de plus en plus une propension des pays nordiques à financer les programmes anti-immigrations des pays du sud - Italie principalement. Là encore, n'est-ce pas une forme de mutualisation ? 

Silentio a écrit:
Pourquoi ne pas imaginer une sorte de conseillisme européen (conservation des États comme des Landers + mandat impératif pour le président de l'Europe avec un pouvoir venant du bas) ? 




Idéalement, oui. L’élection d’un Président implique un sentiment d’appartenance (sinon, quid de sa légitimité ?) que je ne trouve pas chez les gens avec qui j'échange  – et que je n’éprouve pas. C’est ce qui me faisait m’interroger sur le rôle que doit / devrait jouer l’État dans l’élaboration de ce discours. Philosophiquement parlant, c’est une question passionnante, que je tranche difficilement.  L’État éduque ou instruit ?

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Silentio a écrit:
Les politiques d'austérité étouffent les peuples européens. C'est à ce motif que les Grecs ont récemment élu des représentants d'extrême-gauche, du parti Syriza, pour mener à bien une contre-offensive. Cette lutte met en lumière l'incapacité de l'Europe à trouver une unité : reproduisant une forme de lutte des classes entre pays riches créditeurs et pays en crise redevables des aides perçues, on voit la Grèce s'en prendre à l'Allemagne comme un dirigeant "fasciste" d'une Europe technocratique animée seulement par l'argent. Face à cette Europe sans autre projet que l'économie, nuisant à certains pour le bien des autres, il y aurait un projet politique occulté qui pourrait se réveiller, les Grecs ayant fait le choix d'affirmer leur souveraineté nationale face à une Europe impersonnelle liant leurs membres et les asphyxiant. Je me demande donc si l'Europe est un projet viable et dans quel sens elle devrait évoluer, voire si en sortir résoudrait quoi que ce soit. Enfin, vous semble-t-il qu'il y ait quelque chose comme un projet propre à l'Europe comme ont pu l'affirmer des philosophes comme Husserl et Patocka ?

L'union européenne est de la belle ouvrage. Entendez en ce sens la prolifération de la paix en notre sein, l'élévation du niveau de vie dans nombre de pays autrefois bien mal en point économiquement, une culture européenne [à] jamais gravée dans l'esprit de tous. Un bémol, l'esprit joyeux de naguère s'ébaubit.

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Bonjour à tous,



Je crois qu'avant de parler de l'avenir de l'Europe, il faut comprendre d'où elle vient et comment elle a évolué.
Son origine était de maintenir la paix, dans un vision très américaine, conforme à la charte de l'Atlantique (1).

Concernant la paix, l'Europe a réussi et je crois que la génération des 50 ans actuels est sans doute la seule à ne pas être partie en guerre... depuis... toujours ? 

Il n'empêche que notre Europe est une création américaine qui a évolué en pacte de défense anti-soviétique puis, sous pression du patronat européen, affilié au patronat américain, en marché unique (2).

Il faut noter que ce marché est purement économique et ne tend pas à une unité culturelle... ce qui me semble encore la marque d'une philosophie américaine.

Bien entendu, la chute du mur de Berlin a rompu l'équilibre du meilleur des deux mondes entre système social communiste et les libertés d'entreprendre capitalistes et nous a rendu d'autant plus dépendants des américains.


Lors de la création de la monnaie unique, ce sont encore les américains qui sont à la manœuvre et forcent l'Allemagne à accepter la Grèce et l'Italie, condition non négociable pour la France qui sinon se retrouve en minorité démographique (et donc minorité représentative) face au monde allemand.

De toute manière culturellement, il n'y a pas photo: nos jeunes et moins jeunes ânonnent des chansons qu'ils ne comprennent pas car anglaises et s'abreuvent de séries et de films américains vantant la philosophie américaine. Or la bataille culturelle est le centre de toute chose. Au niveau de la bourse aussi: quand New-York va, Paris va!

Je ne suis pas pour autant anti-américain, car quelles seraient les alternatives ? Les allemands ? On a déjà essayé et cela ne nous a pas plu. Les Russes ? L'autoritarisme culturel nous sembleraient (à nous français) trop grand: cela reviendrait à accepter Mélenchon comme président! :). Les français ? Si c'est pour infliger un Sarkozy, un Hollande ou un Macron à l'Europe, je ne suis pas franchement pour

Par contre, la structuration européenne n'a pas impliqué une unité culturelle et il y a peu de chance qu'elle le fasse un jour (d'autant plus que même les états européens ne sont pas homogènes culturellement si on en croit les travaux d'Emmanuel Todd sur les systèmes familiaux). Dès lors, une vision politique et culturelle donc économique commune semble impossible. 

Avec une banque centrale dite "indépendante", l'Europe est de toute manière émasculée dans ses choix politiques... probablement pour maintenir le status quo (quand même très pro-patronat et pro-allemand) mais aussi pour rester sous contrôle américain. 

De plus, les gens ne circulent pas en Europe: la libre-circulation réelle, c'est juste pour les marchandises et les capitaux.
Avec l'ouverture sur le monde et la montée des inégalités sociales planétaires, nous affrontons aussi en Europe et en France une fracture entre les dominants qui en profitent et le peuple qui en souffre. Le peuple demande une redistribution des richesses et les riches demandant qu'on les débarrasse du peuple (donc mégapolisations, gentrifications, polices privées  municipales ou personnelles, services publics et privés à deux vitesses qui se répandent partout en Europe. Les USA encore...)

Cependant les pays d'Europe ont des besoins d'évolutions économiques différents, essentiellement des différences nord-sud, de besoins d'emploi différents (importants lorsqu'ils ont beaucoup de jeunes), de respect différents à l'autorité (les pays du sud détestent l'autorité et donc chassent toujours le pouvoir en place) et des besoins différents vis à vis de la force de la monnaie. 
Donc l'Europe subit des tensions mais n'ayant aucun moyen de s'homogénéiser, elle restera dans un status quo permanent, d'autant plus que les membres de l'est sont très pro-américains, par volonté d'indépendance vis à vis de la France ou de l'Allemagne mais ayant aussi encore besoin des USA pour maintenir leur sécurité à l'est.


A mon avis, l'Europe va donc se désagréger, par sorties successives de pays. Elle a commencé par les plans de redressement dans les pays du sud, puis le Brexit. Puis nous avons des replis culturels en périodes économiques difficiles (par exemple sous forme d’ethnocentrismes) ou encore des luttes sociales (cela c'est une grande spécialité française ).
Cependant, je crois que l'Europe, dans son ensemble, sans pouvoir de direction dans un monde qui n'induit plus un fort développement industriel, nuit désormais à la prospérité de ses peuples.
Or entre la prospérité et la paix, les hommes n'ont jamais hésité. Donc à la fin de cette désagrégation, je crois que nous aurons la guerre. Mais cela peut être lent, très lent... sauf si une crise économique majeure nous balaye.


A vous lire,
Kheiron




(1) dont tout particulièrement les points suivants:
Quatrièmement, ils s'efforceront, tout en respectant comme il se doit leurs obligations existantes, d'assurer, sur un pied d'égalité, à tous les États, grands et petits, vainqueurs ou vaincus, l'accès et la participation, dans le monde entier, au commerce et aux matières premières indispensables à leur prospérité économique.
Cinquièmement, ils désirent faire en sorte que se réalise, dans le domaine économique, la plus entière collaboration entre toutes les nations, afin d'assurer à toutes de meilleures conditions de travail, le progrès économique et la sécurité sociale.

(2) Par exemple l'acte unique européen a été créé par l'European Round Table.
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