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Les humains sont-ils égaux ou supérieurs aux animaux en principe et en droit ?

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4 participants

descriptionLes humains sont-ils égaux ou supérieurs aux animaux en principe et en droit ? - Page 2 EmptyRe: Les humains sont-ils égaux ou supérieurs aux animaux en principe et en droit ?

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@ Vangélis,
Je suis d’accord : une forme d’anthropomorphisme est nécessaire, je ne veux pas l’évacuer.
On peut soutenir l’égalité de principe (la non supériorité) entre l’humain et le non-humain sans pour autant nier les particularités propres à l'espèce humaine et la dignité supérieure qui s'y attache.
Cette distinction suppose qu’il y a conservation de l'« humanisme » à l'intérieur même de la visée anti-anthropocentrique.
Cette distinction a été soulignée notamment par Guillaume Bourgeois qui écrit : « On peut définir par humanisme une doctrine ou un système philosophique qui affirme la valeur de la personne humaine et qui vise l'épanouissement de celle-ci [...] L'anthropocentrisme peut être défini comme une doctrine qui fait de l'homme le centre et la fin de tout. Contrairement à l'humanisme qui valorise l'homme en tant qu'homme, l'anthropocentrisme valorise l'homme par rapport à la totalité à l'intérieur de laquelle il vit, c'est-à-dire en l'opposant à cette totalité ».
L'anthropocentrisme situe donc l'homme dans un monde qui n'a plus aucune valeur en soi, si ce n'est celles qui sont susceptibles de servir les intérêts humains. L'erreur est de ne pas comprendre qu’on affirme tout simplement qu'une humanité digne de ce nom doit étendre sa responsabilité au-delà de l'homme lui-même, c'est-à-dire respecter son environnement en tant qu'il fait partie de son humanité.

@ Liber,
En effet, la morale influence le droit. Mais le droit dont je parle est moins juridique qu’éthique.

D’après vous, les non humains ont ils une valeur intrinsèque, par eux-mêmes, ou bien n'ont-ils de valeur qu'instrumentale, utilitaire ?

descriptionLes humains sont-ils égaux ou supérieurs aux animaux en principe et en droit ? - Page 2 EmptyRe: Les humains sont-ils égaux ou supérieurs aux animaux en principe et en droit ?

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Je crois qu'il faudrait aussi observer, plus en aval de notre réflexion, les origines de la conception moderne de la nature. Pourquoi nous faudrait-il passer d'un anthropocentrisme à un biocentrisme ? La mort de dieu n'est-elle pas la misère de l'anthropocentrisme ?

A la mort de Dieu, il faudrait que nous observions une mort de la nature. Car si Dieu est mort, rien n'indique que son cadavre persistant n'est pas l'incarnation de la rationalité scientifique, se manifestant par exemple dans la gestion agro-industrielle, scientifique, des terres arables : c'est-à-dire leur "destruction".

L'homme n'a plus à être "maître" et "possesseur" de la nature. Il n'a plus à se représenter ainsi. Certes, le genre humain est le genre de tous les animaux, le genre de la réflexion et de l'apparence ; l'être collectif des hommes n'a pas besoin d'être pensé pour exister. Mais l'être collectif des animaux, en revanche, a besoin d'être pensé pour exister. Les animaux, les choses, la nature (ces choses) ne sont plus si l'homme n'est plus.

Il est des cultures qui ne conçoivent pas la nature comme une instance transcendante, ni même comme un "environnement", ni comme un "objet" que l'homme pourrait "exploiter". Mais la rationalité scientifique est précisément ce point de vue qu'a l'homme pour constituer une dichotomie radicale entre lui et la nature. Le point de vue de la science est nécessairement le rapport d'un "sujet" à un "objet" (scientifiquement déterminé). La réification est le propre de la science. Dieu n'est plus. Le monde de l'intelligible n'est plus. Mais le nihilisme est ; le cadavre de dieu est : c'est la science, c'est l'agro-industrie, c'est l'omniprésence d'une division sociale du travail, portée par la science et la technique, la croyance en une toute puissance de la science ; la croyance (obsolète) d'un homme qui "pourrait" se faire (lui-même) maître et possesseur de la nature. Cette croyance, je l'ai dit, obsolète dans la mesure où elle est celle d'une époque où dieu est encore vivant. Notre époque est non seulement celle de la mort de Dieu, mais aussi celle de la mort de la nature : Vive la Nature ! (Callicott).

L'œuvre de Philippe Descola (Par-delà nature et culture) est pleine de belles choses au sujet de l'occidentale dichotomie entre "nature" et "culture" ; c'est-à-dire sur la conception moderne du rapport de l'homme à la nature. Le rapport de l'homme à la nature ne peut être que le résultat du rapport de l'homme à lui-même : Marx serait-il le premier écologiste ?

Plutôt que de s'en tenir à l'humanisme, il s'agit de critiquer notre conception de la nature. Elle n'est pas une "chose". Seule la "science" doit constituer la "nature" comme une "chose", cela afin de l'étudier. Mais nous ne sommes pas astreints à cette perspective. Les amérindiens ne le sont pas en tout cas.

Aussi, plutôt que de dire que le "scientifique" est le "méchant" et que la "nature" est la "gentille" à défendre du méchant, il s'agit de comprendre les rapports de l'homme à lui-même, c'est-à-dire la société. L'écologie n'est-elle pas née du "spectacle" des catastrophes naturelles ? La science ne s'est pas toujours séparée de l'agriculture, par exemple : voyez l'agro-industrie, l'usage intolérable de produits chimiques... Mais la société a séparé le scientifique de l'agriculteur pour n'y substituer qu'une prolétarisation du savoir-faire de l'agriculteur. L'agronome était là, jadis, pour répondre aux questions de l'agriculteur. Aujourd'hui, l'agriculteur n'a de réponse que de Monsanto. Il n'y a pas, dans le gigantisme agricole que nous connaissons, de connaissance respectueuse des sols. Le problème de la santé des terres arables est celui de la mort de Dieu : son prolongement.

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Lucien,

Quel est donc ce dieu qui est mort ? Je ne crois pas que ce soit celui de Spinoza et de Einstein, qui nommaient « dieu » un concept non anthropomorphe, non personnel.
Le concept de nature créatrice de Spinoza n’est pas tout à fait équivalent au concept de dieu, parce que l’humain fait partie de la nature créatrice alors que le concept courant, standard, chrétien de dieu n’englobe pas l’être humain.
A contrario l’idée d’un dieu équivalent à la nature penche vers un mysticisme de la nature.

Dieu n’est pas mort en ce qu’il persiste sous forme de science. La divinité des nations industrielles est la techno science.

Oui le rapport de l’humain à la nature est à l’image du rapport de l’humain à lui-même.

Je n’ai pas lu Philippe Descola, Par-delà nature et culture, et je veux bien savoir ce que vous en avez retenu. Marx est certainement le premier écologiste puisque seule une société égalitaire peut être écologiste. Le succès du Front de gauche et l’identification à gauche du parti des verts l’illustre.

Comment notre société peut-elle sortir du rapport à la nature qui nous est infligé avec l'agro-industrie ?
Par le développement des AMAP, par le consommer autrement, par la célébration de la sobriété, mais pas seulement.

J’aime tellement imaginer des expériences communautaires de biosphères.
J’imagine une immense serre habitée par une petite communauté humaine occupée à maintenir l’écosystème.
Par un sas entrent et sortent de la serre les objets manufacturés, l’énergie solaire, les gens. La serre est câblée et peut recevoir beaucoup d’informations, elle peut aussi communiquer médiatiquement avec la société industrielle.
Mais sont confinés par les parois de la serre l’eau, l’air, la terre et la « biomasse ».

Il s’agirait de poser le défi de la stabilisation des équilibre, avec nous dedans.
Il s’agirait de reposer le problème, de le recommencer mais à plus petite échelle que celle de la terre, à une échelle plus rapide aussi.
Il s’agirait de simuler une situation où la biodiversité ne serait plus dégradée mais entretenue, maintenue, puis même augmentée.

Ce pourrait être couplé à un divertissement de télé-réalité, mais sans voyeurisme, ni affaires de mœurs, juste une communication externe sur le devenir de l’aventure.
La biosphère serait dans le désert pour ne pas prendre la place d’écosystèmes déjà riches.

C’est un rêve, je me demande combien d’autres personnes ont ce genre d’idée, j’aimerais réfléchir aux obstacles qui l’empêchent de germer.

Beaucoup de gens qui ne sont pas de mon avis et que je tiens pour scientistes s’alarment de ce que l’écologie dériverait depuis la science vers la politique puis vers la spiritualité.
Ils voient en cela un risque d’intégrisme vert, de totalitarisme vert.
A chaque fois je dénonce ces allégations comme contraires au sens de l’histoire, puisque l’écologie philosophique comme politique se réclame de Gandhi, de la non violence et de la tolérance.

Mais à présent j’ai envie de leur dire que cette violence qu’ils craignent est sans doute non pas celle des écologistes mais celle de la nature elle-même. A force de polluer et d’épuiser les ressources, c’est le principe de réalité qui va devenir brutal. Et il y a finalement des chances que les miséreux, les damnés de ce système, se fédèrent derrière une bannière d’intégrisme vert et de totalitarisme vert.

Ce sera un contresens par rapport à l’idée d’écologie, une trahison, du même ordre que la trahison de l’Église envers Jésus et l’idée d’une divinité naturellement bonne.

Dieu est mort comme l’écologie mourra de la révolte des esprits pollués.
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