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La "perversion narcissique" en question.

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11 participants

descriptionLa "perversion narcissique" en question. EmptyLa "perversion narcissique" en question.

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Ce "concept" a le vent en poupe auprès du grand public en France et ce depuis plusieurs années. Sa crédibilité a été garantie par le statut (psychanalyste, psychiatre ou psychothérapeute) de ceux qui l'ont popularisé.
D'un point de vue théorique, sa principale faiblesse (le terme "pervers-narcissique"), c'est que c'est un fourre-tout qui désigne des individus de sexe masculin. Les théoriciens de ce terme à la mode sont incapables d'illustrer cette pathologie par des exemples concrets (personnages réels ou de fiction, etc.) car le "pervers narcissique" serait, par nature, difficile à cerner en plus d'être passé maître dans l'art de la dissimulation. On en arrive rapidement à la conclusion que l'emploi de ce terme est moins vrai qu'il n'est utile. Il suffit de voir l'utilisation qui en est faite par des femmes sur des forums et autres blogs : la découverte de ce terme par ces dernières précède une "prise de conscience". Grâce à ce terme, on identifie parfaitement un conjoint - souvent père de famille - avec qui on a vécu parfois des années sans s'être rendu compte de ce qu'il "est" - oui car la "perversion narcissique" est une maladie incurable. Il s'agit maintenant d'essayer de fuir cet individu, non sans difficultés, car il exerce une domination sur son entourage. La victime auto-proclamée trouvera sur des forums le témoignage d'autres femmes qui feront écho à son expérience. Ce qui, en retour, ne pourra que renforcer la croyance d'avoir été la "victime" d'un "pervers narcissique".

Ce phénomène (la diffusion de cette représentation) est inquiétant à plusieurs égards. Il est la manifestation de la légitimation, sur un mode paranoïaque, de l'absence, et d'autonomie et de responsabilité, dans la société française. On fait reposer son malheur présumé sur l'épaule des autres sans s'interroger sur soi-même : les "victimes", lit-on, seraient majoritairement des femmes diplômées issues d'un milieu social aisé. Par conséquent, ces dernières ont d'autant moins d'excuses de ne pas savoir mener leur vie privée sans rejeter la faute sur autrui (d'autant plus que le "pervers narcissique" en question n'est pas nécessairement celui qui bat sa femme, la viole ou la tue - donc des actes - mais celui qui manipule par des paroles). Ce terme est relayé, de plus en plus, à la fois par les médias et des ouvrages qui abordent ce thème (succès commercial garanti pour leurs auteurs). Sa puissance performative n'irait pas sans conséquences institutionnelles : son apparition dans le droit français et son couronnement scientifique à l'université constituent un horizon envisageable dans un tel contexte.

descriptionLa "perversion narcissique" en question. EmptyRe: La "perversion narcissique" en question.

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Pourtant, ces "pervers narcissiques", tout le monde en a rencontrés dans sa vie. Les forums internet sont leur nouvel eldorado. Ils s'y montrent à loisir manipulateurs, dominateurs, enjôleurs. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un malade mental, un sadique refoulé qui trouve un plaisir malsain dans la contemplation de sa propre personne écrasant l'autre. Il est étrange que vous n'en trouviez pas des exemples concrets. Tous les dictateurs sont des pervers narcissiques. Les Nazis l'étaient aussi, bien sûr.

descriptionLa "perversion narcissique" en question. EmptyRe: La "perversion narcissique" en question.

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L'expression "pervers narcissique" a une utilisation clinique déjà ancienne, me semble-t-il (Freud ?). L'association des deux mots me fait songer à la distinction faite par Rousseau (je crois que c'est dans le Discours sur les origines et les fondements de l'inégalité parmi les hommes) entre l'amour de soi et l'amour propre : l'amour propre est ici présenté comme une sorte de dégradation ou de détournement (pervertere) de l'amour de soi, dès lors qu'il fait intervenir le regard de l'autre dans un souci de plaire. L'entité clinique de "perversion narcissique" n'est-elle pas un développement extrême, devenu pathologique, de l'amour propre tel que le présentait Rousseau : une négation de l'autre en tant qu'autre et son utilisation en tant qu'objet dans une relation avec soi-même ?... un pur produit de la vie en société, en somme, et un phénomène aussi ancien que la société elle-même.

Le phénomène de "diffusion" que vous mentionnez (utilisation inappropriée par le grand public) concerne de nombreux diagnostics de psychiatrie ou de psychopathologie (troubles obsessionnels compulsifs, névroses...) et en particulier ceux pour lesquels il n'existe pas de démarcation discrète entre la normalité et la pathologie.

descriptionLa "perversion narcissique" en question. EmptyRe: La "perversion narcissique" en question.

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Comment définiriez-vous cette notion de "pervers narcissique", Kthun ?

descriptionLa "perversion narcissique" en question. EmptyRe: La "perversion narcissique" en question.

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Je ne vois vraiment pas pourquoi le sexe masculin aurait le monopole de la "perversion narcissique". Je dirais même que j’ai plutôt eu l’occasion de constater chez de nombreux couples que la femme était très manifestement la manipulatrice d’un pauvre bougre berné, sauf que la domination est peut-être plus subtile et discrète lorsqu’elle est exercée par une femme, du fait qu’étant plus faible par sa constitution physique et par son statut culturel (passé de soumission à la protection du mâle) la femme est davantage portée à ruser pour arriver à ses fins égocentriques et intéressées. C’est justement cette manière plus douce et sournoise d’agir qui la dispense d’user de violence, ce qui expliquerait que les hommes ont sûrement moins à s’en plaindre contrairement au cas des femmes qui sont appelées à réagir quand en plus elles sont brutalisées, encouragées dans cette voie par les mouvements féministes, notamment sur internet.
En fait je trouve cette "pathologie" très répandue, à des degrés plus ou moins élevés et manifestes bien sûr. C'est un peu comme la névrose, nous en sommes tous plus ou moins atteints, paraît-il.  :D
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