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Démocratie et élitisme

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5 participants

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Si vous n'êtes démocrate qu'en ces temps-là, que préconisez-vous pour les temps intermédiaires ? Le parlementarisme, consensus entre l'aspiration à la démocratie et l'aristocratie censée maintenir un minimum d'ordre ?

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Silentio a écrit:
Si vous n'êtes démocrate qu'en ces temps-là, que préconisez-vous pour les temps intermédiaires ? Le parlementarisme, consensus entre l'aspiration à la démocratie et l'aristocratie censée maintenir un minimum d'ordre ?

Je suis parlementariste quelle que soit la période à envisager, d'abord parce que c'est la moins programmatique, la moins "planiste" des manières de faire la politique. La délibération a cette vertu de montrer que face à une réalité qui doit faire l'objet d'un débat politique, la solution n'est pas donnée d'emblée, mais prend forme à mesure seulement que les débats avancent, avec cette garantie que tous les points de vue se sont exprimés, etc. De plus, si la décision politique ne doit être prise qu'à la fin de débats parlementaires, ça suppose que la délibération seule constitue l'arbitrage le plus probant, le plus ouvert, le plus légitime ; en outre, la délibération fait que l'opinion des uns et des autres n'est pas engagée d'avance. Nous ne sommes jamais aussi libres que dans le débat. Bien sûr, il y faut des conditions. Or les conditions qu'offre la Ve république sont incompatibles avec la liberté parlementaire : bipartisme qui oblige la plupart des membres à ne tenir de discours que conforme à la ligne des partis en présence, pas de proportionnelle, exécutif trop fort, etc. On voit que les opinions sont engagées d'avance, et que la langue de bois écrase de sa chape le discours politique. Sans compter les nombreux autres aspects de la politique moderne qui interdisent, provisoirement ou pas, de rendre à la politique la société française, comme cette exigence tyrannique du tout tout de suite, de l'efficacité, de l'immédiateté imposés aux hommes politiques. Trop de Français accusent le débat pour ce qu'il est : une délibération qui, par définition, prend du temps.

Vous avez probablement entendu Sarkozy et Fillon ces derniers temps : le premier parle des Français comme d'un peuple frondeur, le deuxième de la difficulté à réformer la France. Ils disent vrai, mais ne le disent qu'en usant d'euphémismes pour éviter le suicide politique. La France ne sait pas se réformer, elle vit dans le tout ou rien : le mutisme ou la révolution. Mais, elle ne s'en contente pas. Elle a de surcroît le culot de reprocher l'un et l'autre à ses hommes politiques depuis des siècles...

Pour les phases intermédiaires, je serais plutôt straussien : la justice n'est pas nécessairement fonction du régime politique. On peut vivre en démocratie, et vivre dans l'injustice ; on peut vivre sous un autre régime et vivre sous la justice. Observez Napoléon III. C'est exactement sa politique : rendre autoritairement le pouvoir au "peuple". Et puis le désastre de Sedan fiche tout parterre.

Pour le reste je suis absolument contre les trop grandes entreprises et toute espèce de concentration du capital, qui appellent inévitablement la complicité de l'État - je ne parle même pas des milliards qui sont donnés aux très grandes entreprises chaque année. De plus, l'autogestion dans certains domaines importants est indispensable à toute démocratie. Mais en France l'autogestion ayant souvent viré à l'anarchie, on n'est pas encore mûr, on la craint plus qu'on ne la désire. Tout ceci n'est qu'un échantillon, le débat et le chantier sont immenses.

Mais on aura beau envisager les choses sous un angle ou sous un autre, le premier des problèmes, c'est le rapport des Français à l'autorité : ils veulent tout à la fois un pouvoir fort et incarné et le guillotiner. Ça fait plus de deux siècles qu'on ne trouve pas ou qu'on feint de ne pas trouver une ou des solutions, ou que les circonstances ne sont pas favorables.

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Euterpe a écrit:
Vous avez probablement entendu Sarkozy et Fillon ces derniers temps : le premier parle des Français comme d'un peuple frondeur, le deuxième de la difficulté à réformer la France. Ils disent vrai, mais ne le disent qu'en usant d'euphémismes pour éviter le suicide politique.

Disent-ils si vrai que cela ? Les réformes et les révolutions, les Français en ont "soupé", sans que leur quotidien en soit vraiment amélioré. Je sens plutôt un écœurement devant la faible efficacité des hommes politiques, boire leur huile de foie de morue ou à l'opposé, leur sirop, ne donnant pas plus de résultats. Fillon le reconnaît volontiers : peut-être aurait-il fallu frapper beaucoup plus fort, les Français ne lui en auraient pas tenu rigueur. Car aujourd'hui, Sarkozy pour nous ménager une vie plus douce que certains de nos voisins qui boivent le calice jusqu'à la lie, a doublé la dette, et que lui reproche-t-on ? Justement cette irresponsabilité. "Je veux dire la vérité aux Français", mais il ne la dit pas. "Je veux réformer la France", mais il ne la réforme pas. Seul François Bayrou paraît lucide, mais il est à peu près inaudible.

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Liber a écrit:
Les réformes et les révolutions, les Français en ont "soupé", sans que leur quotidien en soit vraiment amélioré.
Parce qu'ils s'en mêlent à tort et à travers. Les révolutions ne sont jamais venues d'en haut, c'est donc le pouvoir qui en a soupé. Pourquoi le peuple français fait-il plus de révolutions que les autres ? A intervalles si rapprochés et si réguliers ? Les réformes ? Elles viennent toujours d'en haut. Et la plupart sont proposées ou initiées parce que le pouvoir entend les vœux des uns et des autres. Dans aucun autre pays que la France l'autorité n'a été si réformatrice depuis des siècles. Peu de pays pourraient se targuer de vivre sous l'autorité d'un pouvoir qui entend, qui écoute et qui est tout disposé à satisfaire ce qu'on lui demande. Mais à l'heure des réformes, il faut toujours qu'un corps constitué, quel qu'il soit, vienne compliquer l'affaire, soit pour s'y opposer, soit pour en tirer avantage au détriment des autres. A l'heure des comptes, on constate que les Français ne savent pas se donner rendez-vous. Ils ne sont unanimes que pour crier la nécessité des réformes, comme s'il suffisait de les demander pour juger qu'elles sont faites. Mais quand il s'agit de les faire, c'est la guerre civile. Tous les pouvoirs en place ont en commun d'avoir été critiqués, ébranlés, paralysés. Déjà sous la Régence, l'opinion publique prétendait faire la loi, et la faisait de toute façon. Même Louis XIV s'est résigné à y recourir. Chez nous, l'opinion publique, c'est une menace et un chantage permanents face auxquels peu d'hommes politiques ont eu le courage de ne pas céder, et de répondre avec fermeté, par exemple Casimir Périer, mort beaucoup trop jeune, et Adolphe Thiers.

Quand un peuple rate l'occasion démocratique sans précédent qui lui est offerte comme on la lui a offerte en 1789, année de la plus grande et de la plus directe consultation populaire jamais réalisée, ce peuple doit prendre ses responsabilités et rendre des comptes. La plupart des autres peuples occidentaux, qui n'ont jamais eu le cadeau d'un printemps 1789, prennent les leurs et se distinguent des Français sur un point que les analystes politiques de chez nous ne perçoivent que rarement (culture politique oblige) : la confiance. Faire confiance à un pouvoir constitué, c'est ce que les Français n'ont jamais consenti, ce à quoi ils n'ont jamais été capables de s'élever. L'efficacité de nos hommes politiques leur est interdite au moment d'accéder au pouvoir, pas pendant l'exercice de leur mandat.

Liber a écrit:
Fillon le reconnait volontiers : peut-être aurait-il fallu frapper beaucoup plus fort, les Français ne lui en auraient pas tenu rigueur. Car aujourd'hui, Sarkozy pour nous ménager une vie plus douce que certains de nos voisins qui boivent le calice jusqu'à la lie, a doublé la dette, et que lui reproche-t-on ? Justement cette irresponsabilité. "Je veux dire la vérité aux Français", mais il ne la dit pas. "Je veux réformer la France", mais il ne la réforme pas. Seul François Bayrou parait lucide, mais il est à peu près inaudible.
La dette n'a pas été doublée. Quant aux cinq années Sarkozy, de fait, ce sont les plus réformatrices de toute la cinquième. On ne compte plus les réformes (sur lesquelles aucun socialiste ne reviendra, du reste...) : très largement plus qu'une centaine. Mais comme on a reproché son rythme à Sarkozy, beaucoup de réformes importantes tiennent plus du compromis que de la réforme. De sorte qu'il faudra en faire d'autres pour terminer le travail dans quelques années. La vérité, Sarkozy la dit encore, mais il la dit moins, moins bien, et si diluée dans des capsules placebo que ce n'est pas sans risque. Les Français n'aiment pas déchiffrer ce qu'on leur dit. Mais Fillon, qui sera vital dans la campagne présidentielle si la droite veut gagner, il dit la vérité, et il la dit si bien que ce sera sa tâche principale jusqu'en mai. Il est l'un des seuls, peut-être le seul, à pouvoir la dire sans que personne ou presque ne lui en tienne rigueur. On le voit bien jusque dans les rangs de la gauche. La plupart des adversaires de la droite redoutent Fillon (le mot est faible... ils tremblent tous à l'idée de débattre avec lui, on l'a encore vu l'autre soir : Aubry ne maîtrisait pas sa respiration, et parlait la bouche asséchée comme un désert, ce qui est symptomatique) plus encore que ceux qui redoutaient Sarkozy en 2007.

N'oubliez pas non plus la crise. Celle de 1929, à côté, a le teint pâle...

Le début de campagne de Bayrou est plus qu'intéressant et prometteur, s'il ne la gâche pas quand les journalistes lui posent des questions qu'il n'a pas anticipées. L'improvisation est son point faible. Mais je crois qu'il est meilleur cette année qu'en 2007, et qu'il a beaucoup de propositions très fortes dans sa besace, qu'il est impatient d'annoncer. Il sera redoutable s'il met la main à tout et qu'il est aussi enthousiaste, aussi "habité" que lors de son premier meeting en janvier, sans doute le meilleur de sa carrière.

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On va me demander de voter cette année étant donné que j'ai 18 ans. Et j'avoue que je ne me suis jamais intéressé à la politique (à tort je le sais bien), donc du coup je me sens un peu perdu au milieu de tous ces candidats !
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