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L'utilisation de la biologie dans les sciences humaines.

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4 participants

descriptionL'utilisation de la biologie dans les sciences humaines. - Page 2 EmptyRe: L'utilisation de la biologie dans les sciences humaines.

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jeje62 a écrit:
Je pense que les phénomènes sociaux ont une cause biologique.

Il faudrait au moins quelques exemples et explications. Il paraît plus prudent de dire que certains phénomènes sociaux ont peut-être, parmi un ensemble de causes, des causes biologiques acceptables en raison de leur force explicative. Si je parle à quelqu'un, je suis dans une situation sociale. Indépendamment de la question de savoir ce que je peux lui dire, le fait de lui parler a-t-il une cause biologique ? Les embouteillages ont-ils une cause biologique ? La queue devant les boulangeries de l'ex URSS, dans les années 80, a-t-elle une cause biologique ?

jeje62 a écrit:
Il faut bien évidemment comprendre la culture comme ayant pour base l'état de nature de l'homme.

Quel état de nature ? Qu'est-ce que l'état de nature ailleurs que dans les fictions juridiques, politiques, historiques élaborées aux XVIIe et XVIIIe siècles ? Et qu'est-ce que la culture ? Vous voyez qu'on entre dans des considérations qui soulèvent de vraies difficultés conceptuelles et épistémologiques.

jeje62 a écrit:
Et si la culture domestique l'homme, ce dernier n'en reste pas moins un être biologique qui réagit selon des lois autres que celles faites par lui-même.

Si je réagis à la situation de la Tchétchénie comme à quelque chose d'indigne politiquement, ma réaction n'est pas biologique.

jeje62 a écrit:
déclencher des comportements biologiques par des phénomènes culturels, comportements qui n'auraient pas lieu d'être si la culture ne l'avait pas permis.

La "culture" peut en effet avoir un impact biologique (cf. Atlan, par exemple). Preuve que nous sommes émancipés, en partie, du seul déterminisme biologique.

jeje62 a écrit:
D'un point de vue purement scientifique, on ne pourra nier la futilité et la contradiction qui fait l'être humain dans ses comportements.

Nous ne sommes pas des animaux, des machines encore moins. Les scientifiques ne vont quand même pas nous reprocher de n'être pas assez rationnels pour pouvoir constituer un objet d'études scientifiques satisfaisantes !

jeje62 a écrit:
Les sciences humaines se proposent d'expliquer ce que l'homme est, mais qu'il refuse de voir.

Non. Les sciences humaines ne sont pas normatives pour l'essentiel. Elles expliquent ce que les hommes ne voient pas ou ne peuvent voir, parce qu'ils sont pris dans des contextes d'informations limitées, des contextes d'incertitude, etc., c'est une question d'échelle.

Kthun a écrit:
J'ai l'impression que, bien souvent, on supplante la "rationalité instrumentale" (dont la conceptualisation date de plusieurs siècles) par une "rationalité biologique".
En gros, le terme apparaîtrait ainsi "scientifique" grâce au vernis "biologique" ("survivance du plus apte") alors que le raisonnement est peu ou prou le même que l'utilitarisme d'un Bentham.

En effet le mode de raisonnement est le même. Mais l'expérience montre que ce sont les hommes qui décident de ce qui est utile ou qui ne l'est pas. Ça relève d'une sélection moins implacable que la sélection naturelle.

Kthun a écrit:
Tout ça pour dire que la biologie n'est pas responsable au premier chef de ce phénomène.

Vous avez raison, mais vous négligez ceci que la biologie constitue une caution que les sciences humaines n'ont pas, quand on cherche à constituer un objet d'étude en objet scientifique.

Kthun a écrit:
il me semble que l'on discrédite d'avance et sans examen l'intrusion de la biologie dans les sciences humaines (du moins en France).

Il faut avouer que le clonage, les OGM, etc., pèsent dans la balance.

Kthun a écrit:
Par conséquent, on constate, malheureusement, en France, une séparation disciplinaire à peu près nette entre les sciences de la nature et les sciences humaines.

Atlan a une grande audience, François Jacob aussi, etc. La séparation n'est pas si nette et concerne plus probablement certains centres universitaires.

Kthun a écrit:
J'ai constaté que, dans la vie quotidienne, les individus "non-intellectuels" accordent une place importante à la vulgate biologique dans l'explication des phénomènes sociaux. Par exemple, on entend dire que le "phénomène amoureux" dure 3 ans. Il y a aussi une grande place accordée à la "psychopathologie", c'est-à-dire catégoriser un comportement en société (par exemple "la dépression", "l'insomnie"). Les deux dimensions se rejoignent chez la figure du psychiatre.
Il y a l'illusion de comprendre quelque chose à la vie en société avec l'importance accordée au biologique (avec le corps) et le psychique. Du coup, j'émets l'hypothèse que les intellectuels et les praticiens des sciences humaines souhaitent se "couper" de la "masse" (qui considèrent que les sciences humaines ne sont pas "scientifiques", contrairement à la biologie). Par conséquent, cela participe, sans doute, du rejet du biologique (identifié comme "l'opium des masses") par les sociologues et autres.

Votre hypothèse ne tient pas (théorie du complot). Les individus dont vous parlez vont beaucoup plus loin souvent. Combien de fois ai-je entendu que les malades mentaux le sont génétiquement, les homosexuels, etc. Tout serait génétique. Pourquoi, dès lors, réfléchir, discuter, etc. Sans compter que ce genre d'explication à la mode permet de ne prendre aucune responsabilité, de n'avoir aucun scrupule à juger certains comme s'il s'agissait de ratés. Du coup on peut même convoquer la morale pour venir à l'appui de la génétique version populaire, et y aller de ses sentences les plus abjectes.

jeje62 a écrit:
Quand on observe un être humain, on peut être sûr de son état de santé, car on possède des moyens de vérification fiable.

Absolument pas. Regardez Mitterand en 1981. Il est censé mourir en peu de temps. Il briguera un deuxième mandat et ne succombera qu'en janvier 1996. Quand on voyait et qu'on entendait Mitterand, on n'observait pas un malade, pourtant, il l'était. Il y a des métabolismes surprenants, et ils sont moins rares qu'on pourrait le supposer.

jeje62 a écrit:
Mais en ce qui concerne son état mental, l'on ne peut être sûr de rien.

Ça dépend. Un psychopathe n'est pas psychopathe de A à Z, 24/24h, 7/7 jours... Vous pouvez tout à fait boire un verre avec lui sans que rien ne transparaisse.


Dernière édition par Euterpe le Jeu 13 Fév 2014 - 0:36, édité 2 fois

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Ce genre de débat tend généralement à faire une scission stricte entre le créationnisme et le spiritualisme d'une part et le tout biologique d'autre part. Si personnellement je rejette la première catégorie, pour autant le diktat du biologique n'est pas pertinent du moins dans l'approche qu'en font certains.
De tout le vivant le petit d'homme est celui qui arrive au monde le moins achevé, surtout concernant son cerveau. Ainsi on est très loin d'un déterminisme radical tant l'humain est ici en phase d'apprentissage et donc que le biologique est en attente de quelque chose d'autre. Étant entendu que l'environnement au sens large, et que je comprends comme le culturel, va prendre une part importante dans l'élaboration d'un être humain constitué (si jamais il peut l'être), on ne peut pas parler de déterminisme biologique mais plutôt de prédispositions biologiques. Donc il ne faut pas prendre le biologique comme un état final mais plutôt comme le début de quelque chose. Et tout l'intérêt de la recherche dans l'étude de l'être humain en général et non pas purement médicale, psychologique ou autre, n'est pas de définir quelle partie biologique va amener telle conséquence mais de comprendre comment l'homme se constitue de par son vécu. Comprendre l'interaction entre le biologique et l'environnement au sens large me semble l'étape première dans l'étude de l'homme.

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Je dois avouer que j'étais un peu fatigué hier et que je n'ai pas pris la peine de détailler. Je vais essayer d'être plus explicite. De plus j'ai négligé la société en me concentrant sur l'homme.

Le simple fait de parler a pour cause une série de réactions nerveuses et hormonales qui mène mon organisme à s'exprimer. L'organisme réagit à son environnement. Si vous parlez à quelqu'un, vous avez une raison de le faire, et c'est bien votre organisme qui, en fonction de votre environnement, éprouve le besoin de parler. On ne parle pas sans raison. Quant aux embouteillages, ils n'ont pas de cause biologique en eux-mêmes, mais ils sont bien la cause d'un être humain qui a réagi à son environnement et qui a donc causé un embouteillage, à moins que ce ne soit une déformation de son environnement et qui ne laisse d'autre solution qu'un embouteillage.

Quand je parle de l'état de nature, j'entends par là que notre culture permet l'assouvissement des instincts primaires, c'est-à-dire l'instinct de préservation, mais aussi l'envie de savoir pour certains, ou le besoin de s'affirmer pour d'autres. Je suppose que sans culture, l'homme ne saurait vivre en communauté. Hobbes nous le rappelle, « l'homme est un loup pour l'homme ». Ainsi ce qui permet à l'homme de se supporter, c'est qu'il lui est permis de se canaliser, et ceci est permis par la culture à travers le savoir, les loisirs, le sport, le travail pourquoi pas.

Quand je parle des lois qui régissent l'homme, je voulais dire que l'homme est régi à la fois par les règles qu'il a émises et à la fois par celles qu'il n'a pas émises.

Quant à sa futilité et ses contradictions, je pense que c'est justement cela qui rend son étude intéressante. S'il n'était qu'une machine, cela finirait par être ennuyeux, car la science finirait par trouver comment marche l'homme et c'est tout, on s'arrêterait là.

Je parlais évidemment d'un état de santé à un moment précis. Il est évident que les hypothèses restent des hypothèses, et si l'on était sûr de ce qui allait se passer, ce ne serait plus des hypothèses.

C'est bien ce que je dis. On ne peut juger de l'état mental d'une personne, elle peut avoir de nombreuses personnalités, et elle peut aussi mentir et jouer la comédie.

Je suis d'accord avec Vangelis, c'est ce qui me semble le plus passionnant dans l'étude de l'être humain.

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jeje62 a écrit:
Le simple fait de parler a pour cause une série de réactions nerveuses et hormonales qui mène mon organisme à s'exprimer. L'organisme réagit à son environnement. Si vous parlez à quelqu'un, vous avez une raison de le faire, et c'est bien votre organisme qui, en fonction de votre environnement, éprouve le besoin de parler. On ne parle pas sans raison.

On ne parle pas sans raison, en effet. Y a-t-il une raison biologique ? Je peux vouloir parler et parler, je peux ne pas vouloir parler et parler quand même, je peux le faire mollement, énergiquement, en pleurant, en riant, calmement ou en colère, en buvant un verre, en remontant mes chaussettes, en fumant, en pensant à autre chose, etc. La liste est longue. Nous sommes loin des archaïsmes behavioristes qui voudraient que le monde ne constituât qu'un ensemble de stimuli et que pour toute réponse nous n'eussions que des réactions, fussent-elles nerveuses, hormonales, ou tout ce que vous voudrez. Or ce que vous dites en guise de biologie est très réducteur, pour la biologie bien sûr, mais pour les hommes. Essayez donc de discuter avec des hormones.  ;) Si c'est vraiment la psychologie qui vous passionne, regardez de près les maladies auto-immunes, carrefours d'une interaction très intense entre le psychique et le physiologique ; vous verrez à quel point l'affaire est bilatérale, à quel point le psychique détermine le physiologique autant que l'inverse, sur  l'autoroute des circonstances et des expériences vécues. On n'a jamais guéri aucune pathologie psychique avec la seule chimie.

jeje62 a écrit:
Quand je parle de l'état de nature, j'entends par là que notre culture permet l'assouvissement des instincts primaires, c'est-à-dire l'instinct de préservation

Qu'est-ce que la culture ? Jouer au golf ? Dormir la nuit ? Déambuler dans un musée ? Manger cuit ? Qu'est-ce qu'un instinct primaire ? Vous pouvez en dresser une liste exhaustive qui ne mentionnerait pas l'instinct de survie ? Parce que l'instinct de survie, au fond, c'est la vie elle-même. Y a-t-il des instincts spécifiquement humains ? Si oui, lesquels ? Enfin, quel rapport entre lire Femme actuelle et l'instinct de survie ?
:scratch:

jeje62 a écrit:
l'envie de savoir

C'est quoi l'envie de savoir ? Consulter les pages jaunes, lire Ernst Robert Curtius, pratiquer l'ésotérisme, la télépathie, la lévitation ? Tout ça est biologique ? Ou bien la culture excède-t-elle le biologique ?

jeje62 a écrit:
Hobbes nous le rappelle, « l'homme est un loup pour l'homme ».

Hobbes résume un paradigme, il n'énonce pas un fait.

jeje62 a écrit:
Quand je parle des lois qui régissent l'homme, je voulais dire que l'homme est régi à la fois par les règles qu'il a émises et à la fois par celles qu'il n'a pas émises.

C'est déjà plus raisonnable et rationnel, comme hypothèse. Vous retrouvez Kant.

Dernière édition par Euterpe le Jeu 13 Fév 2014 - 0:37, édité 1 fois

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jéjé62 a écrit:
Dire que l'application de la biologie à l'homme ferait la base du racisme est absurde. Il est évident que nous n'avons pas tous les mêmes capacités à survivre et je doute que l'on puisse déterminer des « races » dans l'espèce humaine. Et une supposée supériorité d'une prétendue « race » est d'autant plus absurde que nous sommes issus d'un « mélange » de gènes et la préservation d'une prétendue « pureté » ne ferait qu'appauvrir la diversité génétique et donc la prétention d'une supériorité. L'eugénisme a là bien plus de poids et d'intérêt, et cela implique l'abolition du racisme. Je pense d'ailleurs que l'eugénisme s'applique de façon naturelle, en effet les individus d'une population qui possèdent une anomalie génétique ont tendance à ne pas survivre et donc ne transmettent pas l'anomalie. Or notre morale empêche cela. Je ne critique pas, je constate :).

Si j'ai bien compris — j'essaie de rester prudent en ces matières, je suis un littéraire, je conçois que je puisse dire de grosses bêtises sur le plan scientifique — les anomalies génétiques ont tendance à ne pas survivre et aussi les anomalies génétiques permettent de survivre et sont choisies par la "sélection naturelle". Ce qui permet à telle espèce de survivre aux dépens d'une autre, ou à un certain nombre d'individus de pouvoir mieux se reproduire (et donc perdurer), au sein de la même espèce, que leurs congénères — autrement dit, les qualités que l'évolution va sélectionner — sont tout autant des "anomalies" que les qualités contraires. Il n'y a pas d'un côté une "normalité" qui réussirait et de l'autre des anomalies condamnées à la destruction : il y a seulement des anomalies qui marchent et d'autres pas. Mais il n'y a que des anomalies, ou, disons, des différences.

Vous ne pouvez pas dire, je crois, que ceux qui comportent "une anomalie" ne peuvent la transmettre, comme si cela venait de son anormalité en elle-même. Non, il y a ceux qui peuvent transmettre leur anomalie (idée essentielle : parce que cela est favorisé par l'environnement) et ceux qui ne peuvent pas transmettre, mais ceci ne tenant pas à l'anormalité de l'anomalie en tant que telle.

Si je reprends aux choses élémentaires que j'arrive à comprendre : il y a des individus plus ou moins poilus. C'est normal ou pas normal d'avoir 34 poils sur le torse ou d'en avoir 223 ou 1448 ? Ça s'étale sans doute sur tous ces nombres et celui qui va dire que les 223 poils sont une race "normale" et supérieure est vraiment un gros malin. Viennent les temps de grandes chaleurs (ah oui, j'ai oublié de dire qu'ils ont tous des 4X4 et qu'ils produisent du CO2 à ne plus savoir qu'en faire) : le climat se réchauffe. Les 1448 poils, et même les 223 crèvent de chaud, dans leur fourrure surabondante, leur progéniture empoilée ne tient pas la route. Il n'y a que les 34 poils qui survivent. Ils sont plus "normaux" que les autres ? Une race supérieure parce que c'est "normal", 34 poils, que le reste est une "anomalie" ?
Tout à fait d'accord avec vous, d'ailleurs, sur le fond de votre intervention : tout le mal vient de ce qu'on veut à tout prix plaquer de la morale là-dedans. Même Nietzsche (que je soupçonne d'avoir vaguement feuilleté Wallace et surtout Spencer, mais pas Darwin himself, certainement), qui veut y plaquer de l'immoralité. (Ce n'est pas immoral non plus. Les "34 poils" sont "les plus forts", des seigneurs, il faut prôner les valeurs propres aux Trente-Quatre Poils contre les valeurs délétères, anti-vie des Mille Quatre Cents Quarante Huit poils ?)
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