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La place du bonheur dans la philosophie.

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5 participants

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Or la conscience que l'on a de soi, y compris dans nos états "heureux" amène avec elle tout le poids de la vie passée, et vous comprendrez aisément que l'état dont vous parlez s'en trouve modifié.

Vous n'avez pas tort ici...

Non, décidément le bonheur, on ne le met en mots que pour tenter de l'attraper, mais il ne se laisse pas saisir.

Peut-être bien oui... Mais cela ne doit nous empêcher ni d'en parler, ni de l'éprouver

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Aristippe de Cyrène a écrit:
rien que dire qu'on est heureux intensément est une tautologie.

Cet état est ou n'est pas, il n'y a pas de demi-mesure car il ne peut y avoir de gradations différentes comme dans le cas de la souffrance ou du plaisir. Mais lorsque les Anciens parlent d'un bonheur comme ataraxie peut-on parler d'intensité ? L'ataraxie est justement l'absence de trouble, l'absence de déplaisir ; c'est un état supposé neutre. Peut-on parler de neutralité intense par sa platitude ? Faut-il chercher du côté de la satisfaction ou du calme, de l'apaisement, de la sensation d'harmonie ? L'absence de trouble, de tumulte, etc., ne conduit-elle pas à une absence de soi ? Bien sûr on pourra alors se demander s'il s'agit là véritablement du bonheur. A moins que cela ne soit précisément cela, la paix retrouvée dans la réunion avec l'ordre et l'unité du Tout auxquels on participe. C'est alors la voie de l'acceptation, du contentement dans la pure présence au monde et/ou du monde, la confiance et l'évidence retrouvées, voire l'innocence du regard. En même temps on pourrait dire que c'est une attitude qui veut s'échapper du monde puisque l'absence de trouble est l'exception, tandis que la vie se meut ou est mue d'une série d'événements qui surgissent et nous provoquent.
Votre définition du bonheur suppose un parti pris spinoziste. Je vais me permettre une quasi digression. Le Désir est l'essence de l'homme et si ce dernier n'a pas atteint la perfection il la vise, s'efforce de persévérer dans son être en assimilant ce qu'il n'est pas et qui lui donne à être plus. L'homme est un mode de l'être, réalisant une dynamique de visée vers la puissance, vers l'unité personnelle pleine d'elle-même et jouissant d'elle-même, ce qui est une façon de rester dans le monde et d'en jouir, le monde (ou Dieu, c'est-à-dire la Nature) étant lui-même inachevé dans son unité (il y a une substance unique qui est active et productive, y prendre place c'est vivre dans une multiplicité ouverte et changeante), toujours en activité, infiniment, laissant les êtres le constituer et se réaliser eux-mêmes dans ce mouvement d'affirmation. Le bonheur serait-il alors la joie que l'on sent à se satisfaire doublé du sentiment et du savoir d'être justifié dans l'existence en participant à l'ordonnancement du monde (on réalise notre être, notre puissance, et on en assure les conditions de possibilité et de satisfaction) ? Peut-être faudrait-il parler de béatitude, d'adéquation de notre être avec l'Être et de leur "alimentation" mutuelle ?

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Cet état est ou n'est pas, il n'y a pas de demi-mesure car il ne peut y avoir de gradations différentes comme dans le cas de la souffrance ou du plaisir.
Exactement.

Concernant l'ataraxie, c'est vrai que c'est assez compliqué du coup. Je n'ai pas lu énormément Épicure donc je ne préfère pas trop m'avancer.  

Bien sûr on pourra alors se demander s'il s'agit là véritablement du bonheur.
Je ne pense pas que ce soit suffisant en effet. On ne peut pas se sentir heureux par la seule absence de trouble, bien que ça y participe. Mais je ne vois pas la philosophie Épicurienne seulement dans ce sens là. Pour moi, au delà de l'absence de trouble, c'est aussi une capacité à ne pas s'animer et s'embraser pour rien, il faut un juste milieux, de la tempérance, comme dit Aristote.  

et si ce dernier n'a pas atteint la perfection
Pour Spinoza, l'homme est déjà parfait, en tant qu'il est.
par réalité et perfection, j'entends la même chose.ÉthiqueII, définition VI


Le bonheur serait-il alors la joie que l'on sent à se satisfaire doublé du sentiment et du savoir d'être justifié dans l'existence en participant à l'ordonnancement du monde (on réalise notre être, notre puissance, et on en assure les conditions de possibilité et de satisfaction) ?
Peut-être oui... En tout cas il y a de ça.
Il ne faut pas non plus négliger la part d'affectivité dans le bonheur et aussi dans la philosophie spinozienne. La réalité humaine est d'abord une réalité affective.

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Silentio a écrit:
Faut-il chercher du côté de la satisfaction ou du calme, de l'apaisement, de la sensation d'harmonie ? L'absence de trouble, de tumulte, etc., ne conduit-elle pas à une absence de soi ?

Elle ressemble au sommeil (non troublé par des rêves). Je la vois plutôt comme un état transitoire, alors qu'elle se veut le contraire. La vie est faite de passions, "de tumulte et de fureur", conformément à notre constitution, notre corps étant alimenté en permanence par un flot de sang chaud.

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Sur le thème : "à la recherche du bonheur", les précédentes interventions tendent à rendre nécessaire une recherche préalable (comme l'avait bien compris Platon) à savoir : y a-t-il une essence éternelle et immuable de l'homme ? Y a-t-il une nature de l'homme ?

Car, ou bien, sur ce thème, on se situe dans le camp des essentialistes et, dans ce cas, le recours aux classiques jusqu'à Spinoza est légitime ; ou bien on accepte l'idée que le thème du bonheur n'a plus aujourd'hui ne serait-ce que 30 % du sens qu'il avait à l'âge classique, et alors qu'est-ce que cela signifie ?

Distinguons bien ce qui relève de la culture de l'époque dans les notions de passion, de désir, de liberté, d'altruisme, d'accomplissement de soi et même d'ataraxie... de ce qui relève de la "sensation de bonheur" (identique physiologiquement chez tous les individus ??? = une autre chimère que celle de croire que nous serions tous égaux devant le bonheur !)

Oui, la tradition philosophique s'intéresse toujours à ce qui "reste vrai" en l'homme lorsque tout change, mais attention sur la question du bonheur, très liée à celle de "conscience du monde". Il est possible que l'enveloppe des mots demeure tandis que la recherche du bonheur ne s'y retrouve pas au sens propre du terme.

Je ne sais pas si vous classeriez nettement le philosophe Alain parmi les essentialistes mais il a écrit une petite phrase sur le sujet : "Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l'ont pas cherché". A méditer.

Le bonheur : est-ce croire qu'on le cherche ? Le bonheur : est-ce croire que (éventuellement grâce aux classiques) on le trouverait mieux que notre voisin de palier, maçon de son état et qui sifflote en moyenne deux verres par jours ? Attention au philosophisme sur cette question.
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