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descriptionLa mort n'est pas un sommeil éternel EmptyLa mort n'est pas un sommeil éternel

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Bonjour, je viens de m'inscrire et ne sais pas si j'ai ma place sur ce forum, c'est peut-être un forum de philosophes professionnels ou d'étudiants en philo, ce que je ne suis pas, qu'on me le dise.

On dit que la mort est un sommeil éternel, « Ici repose » est-il écrit sur les tombes, « Il dort de son dernier sommeil » dit-on. Erreur fatale, car le sommeil est le sommeil de quelqu’un. Or, dans une dépouille mortelle, il n’y a plus personne hormis quelques milliards de cellules et de bactéries pour autant qu'on puisse dire d'une bactérie que c'est quelqu'un. La mort n'est pas un sommeil, c'est la perte de conscience définitive de ton individualité, c’est l’anéantissement d’une vie, c’est-à-dire d’un ensemble de souvenirs, de perceptions, d’émotions, de sentiments.
Plusieurs possibilités se présentent en théorie :

1 - Il existe une âme individuelle qui s'échappe du corps et :
a - soit cette âme survit éternellement, avec toutes les caractéristiques du corps qu'elle habitait, c'est- à-dire de goûts, des désirs, des aversions, etc. Mais cette éventualité me paraît peu probable car dans ce cas, à quoi bon une vie avec un corps ? Ceci dit, je n'explique pas les sorties de corps des personnes en mort clinique, en fait, le cœur s'est arrêté de battre, le cerveau d'émettre des ondes, mais il n'est pas détruit, et le patient est capable de voir et entendre tout ce qui se passe autour de lui. Serait-ce le cas si le cerveau était détruit ?
b - Soit elle n'a pas de personnalité et rejoint le grand Tout dans une sorte de plénitude qui n'attend plus rien. Mais cette plénitude, c'est encore de la vie, ce n'est pas un sommeil.

2 - Il n'existe pas d'âme individuelle.
Mais hors de ta structure il existe des myriades et des myriades d’autres structures susceptibles de vivre, c’est-à-dire d’éprouver quelque chose. Tant que la SQEM (Structure qui écrit ces mots) fonctionne je n’accède pas à ce qu’elles vivent, mais, à l’instant de l'arrêt du fonctionnement de la SQEM, deux particules fusionneront dans un orgasme, ou un atome sera brisé dans la douleur ou un spermatozoïde pénétrera dans un ovule, un papillon sortira de sa chrysalide ou un bébé du ventre de sa mère et il y aura toujours des sensations, des émotions ou des pensées. Et si les humains font de cette terre un enfer, c'est Moi qui souffrirais, quelle que soit la forme dans laquelle Je serai à l'instant de la mort de la SQEM, ce pourra être un dauphin pris dans un filet, un thon empoisonné par le mercure, une abeille tuée par les pesticides, un bébé né avec une déformation, etc. Ce sont donc les humains qui sont en train de préparer l'enfer, certains y vivent déjà d'ailleurs.

Heureusement, il y en a qui veulent préserver cette terre et qui agissent en conséquence. Finiront-ils par gagner ?

Donc, pour résumer, il y a toujours de la vie, il n'y a pas de sommeil éternel.

descriptionLa mort n'est pas un sommeil éternel EmptyRe: La mort n'est pas un sommeil éternel

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Le problème de la mort c'est que nous désignons par le même vocable "la mort" deux états qui sont complètement différents : la mort des autres et la mort de soi-même. La mort des autres est un état observable et pensable. Notre mort n'est ni l'un ni l'autre. Nous ne verrons pas notre cadavre, n'assisterons pas à notre enterrement, ne saurons jamais rien de notre environnement intime, des sentiments de nos proches, de ce qu'engendrera notre absence quand nous ne serons plus.


Vous me direz certes qu'on peut le supputer, l'induire de ce que nous observons et pensons de la mort des autres. Mais c'est alors que nous penserons justement notre mort comme celle d'un autre et qu'ainsi nous ne penserons plus à notre mort.


L'idée que la mort est un sommeil éternel ne peut alors s'appliquer qu'à l'idée de la mort des autres. Elle n'est pas si mauvaise que cela après tout. L'état du dormeur ressemble beaucoup à l'état du cadavre et parfois à s'y méprendre. Penser la mort comme un sommeil nous voile son horreur, le trou sans fond que creuse le deuil, instille dans l'amertume des larmes la douceur d'une consolation. Le sommeil est réceptacle de rêves dont le réveil nous assure de la réalité en en gardant la mémoire. Sans réveil observable par les autres, la mort peut laisser s'ouvrir la porte de rêves inouïs.


Le sommeil comme la mort participe d'ailleurs et puissamment au mystère des choses. Relisons Proust : "Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes..."

descriptionLa mort n'est pas un sommeil éternel EmptyRe: La mort n'est pas un sommeil éternel

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Oui, bon, la formule "sommeil éternel" n'est qu'une métaphore. En grec ancien, de quelqu'un qui venait de mourir, on disait "il (elle) ne verra plus le jour". En Chine, on dit, encore aujourd'hui "il (elle) a quitté le monde visible". Etc. Par ailleurs, le terme "mort" entre aussi dans un certain nombre d'expressions imagées : "être mort de peur, de fatigue, de faim ...", "faire quelque chose la mort dans l'âme", "la petite mort" (orgasme), "la posture du mort" (yoga), etc. Mais il est évident qu'aucune de ces expressions n'est pas à prendre au pied de la lettre. 

Par ailleurs, s'il est sensé d'étudier la mort comme phénomène physiologique (Bichat) ou social (Durkheim), il est en revanche dépourvu de sens de s'y intéresser d'un point de vue soi-disant existentiel. De telles préoccupations se nourrissent en effet de questions oiseuses, c'est-à-dire sans réponses possibles. Or "d’une réponse qu’on ne peut formuler, on ne peut pas non plus formuler la question. Il n’y a pas d’énigme. Si une question peut de quelque manière être posée, elle peut aussi recevoir une réponse"(Wittgenstein, Tractatus, 4.003-6.5).


En bref, "il n’est rien à quoi [l'homme libre] pense moins qu’à la mort, et sa sagesse est la méditation de la vie"(Spinoza, Éthique, IV, 67).
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