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Autour d'une pensée de l'existence

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Dienekes
aliochaverkiev
Vangelis
Crosswind
Arcturus
9 participants

descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 7 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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Crosswind a écrit:
Arcturus a écrit:

"Nous existons" ou "j'existe" est  d'abord le dire d'une intuition, c'est-à-dire le résultat d'une perception. 


Ce sont les mots "résultat" et "perception" qui heurtent ma raison. Tel que je le comprends, ce dont parle Sartre au travers du mot "existence" est avant toute chose une prise de conscience. En quelque sorte une reconnaissance brutale, une plongée dans l'abîme de l'étrangeté du fait qu'il y a. Cette reconnaissance, au fond, c'est penser l'impensable, c'est l'expérience d'une sorte de magie impossible. J'ai coutume de dire que cet état de reconnaissance rend la métaphysique plus concrète que le plus concret des rocs. On la touche littéralement de soi

Mais cette reconnaissance ne peut être dite comme "résultat de". Le faire revient à diminuer sa portée par caractérisation prématurée de ce qu'il y a. Entendez que l'on ne peut impunément affirmer qu'énoncer "nous existons" nécessite une certaine configuration au sein même de ce qui se montre dans l'existence (par exemple un corps biologique, des yeux, des oreilles et un cerveau).  Je peux comprendre que ma phrase soit nébuleuse, auquel cas n'hésitez pas à me le faire savoir.  

La perception est le première source de connaissance. C'est ce moment de passivité dans lequel vous recevez, à partir d'un rapport avec soit l'extérieur soit votre intériorité, une représentation. Cette représentation est le contenu de votre intuition. C'est un donné, qui vous vient du rapport que vous entretenez avec l'extériorité et l'intériorité. Sans la perception vous ne connaissez rien.  Bien sûr ce donné est aussitôt  conscientisé, pensé, mais il y a bien d'abord une réception, un donné. Il n'existe pas que des représentations d'objets extérieurs, il existe aussi des représentations d'objets intérieurs (les sentiments). Il y a d'abord cette notion d'état, de donné. Ce donné, Sartre tente d'abord de le décrire, tel qu'il le ressent, d'où ses mots  assez subjectifs (obscénité notamment). Il dit d'abord comment il ressent, ce qu'il ressent, et il exprime ce ressenti avec ses mots. Vous êtes d'abord obligé d'accepter ce ressenti avant d'en faire l'analyse. Vous passez aussitôt à l'analyse du ressenti sans prendre le temps de fixer ce ressenti en vous, de lui donner corps en vous. C'est un défaut que l'on retrouve souvent dans le quotidien : cette rapidité à analyser sans tenir compte des données du réel. Nous avons coutume de voir cela en politique par exemple; l'individu ne prend pas le temps de récolter les faits, de collationner les faits, de partir faire une enquête, non il interprète aussitôt ce qu'il voit, il interprète à partir de ses présupposés sans même collationner les faits (surtout si ceux-ci contredisent ses certitudes). Il y a d'abord nécessité d'un moment de passivité dans la compréhension d'un texte comme celui de Sartre. Accepter de faire sienne sa représentation, épouser en quelque sorte, dans le sentiment, dans la perception interne, ce qu'il perçoit.

descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 7 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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Crosswind a écrit:

Arcturus a écrit:

Pour le moment j'en reste à la démarche première de Sartre : prendre connaissance de manière intuitive du résultat d'une perception. Ici il s'agit d'une perception interne, d'une intuition de source interne [...]


Par exemple, que répondriez-vous si je vous demandais contre quoi s'oppose cette internalité ? Devons-nous considérer ici par défaut le partage de ce qu'il y a entre un monde interne  et un monde externe, les deux se voyant métaphysiquement différenciés ? Y aurait-il les objets d'une part, et le point focal invisible mais sensible de ce qui les perçoit de l'autre ? 

Il est nécessaire que vous acceptiez d'abord de "sentir" de percevoir ! Sinon nous ne pourrons pas continuer de parler du sujet ! 
Il faudrait que vous ayez l'humilité d'accepter de  percevoir, se sentir, de laisser venir en vous la perception, pas d'immédiatement repousser toute "sensation", acceptez d'être "pénétré" ! Ne repoussez pas toujours, à l'extérieur de vous, ce que l'autre attend que vous receviez dans votre sensibilité ! Sachez recevoir ce qui n'est pas "vous", en vous.

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Crosswind a écrit:


Arcturus a écrit:

La deuxième question est la définition du réel. Vaste question. Je dirai que le réel est ce qui s'impose à soi, ce qui ne peut pas être le produit de votre volonté, de votre imagination, de votre mémoire, etc. Ce qui s'impose à vous c'est la réalité extérieure mais aussi la réalité intérieure. Le réel est ce qui impacte votre perception, votre sensibilité, que cet impact vienne du sens externe ou du sens interne.



Nous pourrions dire que la table que je vois ou touche est réelle en tant qu'elle m'apparaît comme table. Mais si l'on franchit un pont supplémentaire, pourrions-nous affirmer qu'elle existe indépendamment des moyens de la connaître ? Autrement dit : l'objet table de mon quotidien, clairement défini sur le plan empirique, peut-il se voir attribuer des caractéristiques uniques qui pourraient le définir en tant qu'être entièrement indépendant ?

Ici nous nous engageons dans un sujet qui pourrait faire l'objet d'une étude séparée. La table n'existe pas séparément de vous en tant que table. Car la table, en tant qu'elle est ce qu'elle est, indépendamment de vous, c'est la chose en soi, chose en soi qui est inaccessible à la connaissance humaine. La table telle que vous la percevez est un phénomène, l'effet  de la chose en soi sur votre perception. L'effet n'est pas la chose. La réalité, pour vous, pour moi, c'est le phénomène.

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Qu'est-ce alors exister ?

Toutes les philosophies existentielles procèdent de cette question. De cette première question nous allons découvrir d'autres questions qui sont emboitées dans celle-ci comme c'est souvent le cas en philosophie. En se demandant qu'est-ce que l'existence nous allons découvrir d'autres questions qui font problèmes. Il y a donc un nœud de complexités philosophiques autour de l'existence et nous pouvons poser que les existentialismes, en maintenant les pluriels pour l'instant, sont des tentatives de réponses à cela.

Qu'est-ce que l'existence ?


En se posant cette question, nous éprouvons une sorte de gêne comme si le sujet n'était vraiment pas sérieux. Il semble qu'il y ait un évidence de l'existence. Sartre nous a fait comprendre que c'était une curieuse évidence, elle s'exhibe tout en se cachant, et en même temps si nous regardons du côté de la langue, si nous remontons à l'étymologie latine, exister vient de "ex-sistere" qui veut dire se tenir à l'extérieur de soi-même. Il semble qu'il y a une sorte de paradoxe inscrit dans l'existence, dans le sens premier, puisque exister  c'est à la fois être présent à soi et séparé de soi. C'est pour cela que l'allemand d'une façon générale utilisera l'expression " da  sein", être là.  Quand il s'agira de l'existence, telle qu'elle peut se proposer à vivre pour un être humain, l'allemand utilisera "existenz", montrant bien que nous sommes pas là, même si nous essayons de décrire les choses d'un point de vue spatial et temporel.

Un des fils directeur de toutes les philosophies existentielles c'est de bien montrer que l'existence, certes elle est à vivre, mais elle implique une dimension qui arrache le vivant que nous sommes à son destin biologique, c'est-à-dire, exister n'est pas vivre. Là aussi dans le vocabulaire courant on ne fait pas toujours la distinction, on dit "je vis". Or ce sont des abus de langage parce que la vie c'est le bios, quelque chose qui est descriptible en termes de processus physico-chimiques dont nous sommes les manifestations, de même que n'importe quel type d'organisme vivant. L'existence est quelque chose à décider, à accomplir, à orienter, tous problèmes que ne se pose pas la vie. De même qu'il y a une différence entre être et exister, il y a une violente opposition entre vivre et exister. Si nous n'avions qu'à vivre ce serait beaucoup plus simple, moins douloureux, moins passionnant. L'existence se confond avec ce pur "être-là". Comment sommes-nous-là dans le monde ?

descriptionAutour d'une pensée de l'existence - Page 7 EmptyRe: Autour d'une pensée de l'existence

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Arcturus a écrit:
La perception est le première source de connaissance. [...]  Sans la perception vous ne connaissez rien [...]


Nous sommes parfaitement d'accord, à l'exception peut-être de la manière de l'exprimer, qui je trouve chez vous pousse à l'imagination d'une source objectivable. C'est pourquoi je préfère exprimer cela par "fait plénier de la phénoménalité".

Arcturus a écrit:

C'est ce moment de passivité dans lequel vous recevez, à partir d'un rapport avec soit l'extérieur soit votre intériorité, une représentation. Cette représentation est le contenu de votre intuition. C'est un donné, qui vous vient du rapport que vous entretenez avec l'extériorité et l'intériorité.


Là réside très exactement notre pierre d'achoppement : vous parlez d'un rapport lorsque je parle avant tout d'un éprouvé pur. Vous et moi sommes en phase pour comprendre la passivité réceptive, bien moins lorsque vous évoquez un intérieur et un extérieur. 

Cependant, si vous entendez par intérieur et extérieur le simple constat ressenti, nous partons sur de nouvelles bases.   

Arcturus a écrit:

Vous passez aussitôt à l'analyse du ressenti sans prendre le temps de fixer ce ressenti en vous, de lui donner corps en vous. C'est un défaut que l'on retrouve souvent dans le quotidien : cette rapidité à analyser sans tenir compte des données du réel. [...] 


Je m'étonne, car ce qui justement nous différencie je crois, c'est ma volonté première de ne rien analyser. Regardez, vous parlez d'un intérieur et d'un extérieur lorsque je me cantonne au ressenti d'un simple étonnement du fait conscient, de l'expérience brute avant même les choses, de ce . Mes questions trouvent leur moteur au sein même de cette passivité recherchée, confrontée à des qualificatifs séparateurs tels que "rapport", "perception", "intérieur/extérieur", etc... Quelle est l'idée de Sartre, après tout ? Enoncer la perception d'objets, ou le sentiment (que l'on pourrait qualifier de naturel) d'une dichotomie entre un monde intérieur et un monde extérieur ? Je ne pense pas car ce serait après tout n'avancer qu'une plate évidence. Donc il vise cet étonnement réflexif du fait qu'il y a. Etes-vous d'accord avec moi sur ce dernier point ?

Dernière édition par Crosswind le Mar 26 Avr 2016 - 12:44, édité 1 fois
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