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Faut-il supprimer, ou non, l'enseignement de la philosophie en classe de terminale ?

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4 participants

descriptionFaut-il supprimer, ou non, l'enseignement de la philosophie en classe de terminale ? - Page 2 EmptyRe: Faut-il supprimer, ou non, l'enseignement de la philosophie en classe de terminale ?

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Erysimumcheiri a écrit:
philosopher ce n'est pas non plus réfléchir inutilement. 


Tout dépend ce que vous mettez derrière le terme d'utilité. Que voulez-vous dire, quand vous dites cela ?
Erysimumcheiri a écrit:
Il n'y aurait donc aucun autre point de départ à la philosophie ? Soit je ne comprends pas ce que vous entendez par "ce vide", soit je ne suis simplement pas d'accord avec ce que vous dites puisque la philosophie me semble prendre naissance aussi bien dans les événements de la nature que dans les actions des hommes, que je ne considère ni l'un ni l'autre comme faisant partie du vide.


C'est parce que vous entendez vide ici au même sens qu'une bouteille peut l'être, comme je le disais dans mon message. Quant à mon propos, il ne veut pas dire qu'il n'y a pas de point de départ à la philosophie ; ce qu'il veut dire, c'est qu'un élève n'est jamais autant au contact de la philosophie que quand il se sent complètement démuni face à elle, comme nu, face à un brouillard si épais qu'il y voit rien (notez que je n'ai pas écrit qu'il n'y voit rien, mais qu'il y voit rien). Et c'est la raison pour laquelle les élèves ne savent pas comment réagir devant cette matière : ils sont dans une position où le but est d'avoir le bac (pour ceux qui sont en Terminale, mais contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est pire encore par la suite), et donc ils souhaitent faire ce qu'il faut pour l'avoir, emprunter les éléments qu'il faut pour réussir. Mais comme la philosophie leur montre qu'elle est le contraire de cela, ils sont complètement perdus. Or c'est quand ils sont complètement perdus que peut se frayer un chemin l'expérience socratique du "savoir que je ne sais rien", qui n'est pas une pirouette, mais une expérience essentielle. Cette expérience, c'est précisément le vide dont je parle, qui n'est évidemment pas un vide comme les autres, puisque on peut en faire l'expérience. C'est un vide éminemment plein. 

Or, réduire la philosophie ou la réflexion (pour reprendre les termes en question par rapport au texte de Revel) à des informations, c'est empêcher l'élève d'expérimenter l’insuffisance, le manque, la perdition, etc. qui sont de réelles expériences de philosophie. On en arrive rapidement à faire de la philosophie une simple méthode pour traiter une question (qui n'est donc plus une question mais un problème). Alors on problématise, on liquide le problème à grand coup d'informations, et on en vient à des élèves (c'est ce que j'ai vu en Khâgne et qui m'a horrifié !) pour qui la philosophie devient du jonglage : un sujet au hasard, une heure de préparation, un plan fait en dix minutes, hop-là, le tour et joué, on peut aller en mettre plein la vue. Il n'y a plus que de la méthode, de la mécanique. 

JimmyB a écrit:
Cette idée est un drame de la philosophie française. 

Pensez-vous vraiment que l'idée selon laquelle la philosophie ne commence que par rapport à l'opinion est lié à la France ? Mais c'est vieux comme... la création de la philosophie. Quel dialogue socratique n'est pas construit par rapport l'opinion des interlocuteurs de Socrate ? Quel propos de Socrate n'est pas une réponse aux opinions des autres ? Philosopher, c'est réagir par rapport à ce qu'on croyait être vrai, évident, et dont on se rend compte tout à coup que ce n'est pas si facile. 

JimmyB a écrit:
Et quel poncif de penser que l'expérience est liée à l'âge.  

L'expérience n'est pas réductible à l'âge, ça je suis tout à fait d'accord ! Mais c'est autre chose de dire que l'expérience n'a pas de lien avec l'âge. Si elle n'en avait pas, il n'y aurait pas de temps pour l'expérience (j'emploie temps ici au sens où on dit par exemple "un temps pour tout"). Chaque âge peut nous donner à faire une expérience, à charge pour nous ensuite de la faire, mais penser qu'on puisse faire n'importe quelle expérience à n'importe quel âge, c'est absurde. Connaissez-vous un seul enfant de 10 ans qui ait fait l'expérience de l'amour ? Je parle bien de faire une expérience, c'est-à-dire être capable d'y répondre, au lieu de simplement la subir. 

JimmyB a écrit:
Le questionnement, l'étonnement philosophique comme le dit Jeanne Hersh est primordial pour être curieux

L'étonnement philosophique est à cent mille années lumière de la curiosité. Un élève curieux, un élève qui s'intéresse à plusieurs choses, qui a ce que "on" appelle une "ouverture d'esprit", qu'est-ce que cela à avoir avec l'expérience socratique dont je parle au début de ce message ? Je le répète et je maintiens, enseigner la philosophie au collège, c'est prendre le risque d'habituer les élèves à faire de la philosophie une machine à régler des problèmes, ou un jonglage intellectuel, ou je ne sais quoi d'autre. 

JimmyB a écrit:
Parce que si l'on suit votre raisonnement, il ne faut pas non plus étudier de textes littéraires. Comment comprendre Dom Juan sans expérience de la séduction et du romantisme. On l'apprend en 5e.
On ne peut étudier l'histoire, comment comprendre la vie d'un soldat de la seconde guerre mondiale sans l'expérience de la guerre ?

Je ne crois pas que les élèves de 5e qui étudient Dom Juan soient au contact de ce qu'est la séduction. L'étude qu'ils font de ce texte est faite sous un autre angle, ils y apprennent d'autres choses, à commencer par la construction d'un texte littéraire : c'est en 5e qu'on apprend, si je me souviens bien, ce qu'est une péripétie, un élément perturbateur, etc. Bref, ne nous faites pas croire que les élèves de 5e ont un rapport à l'œuvre en tant qu'elle dit quelque chose du monde. Personnellement j'ai fait cette expérience avec Flaubert, que j'ai étudié une fois en classe de Seconde, une fois en classe d'Hypokhâgne. En Seconde, les cours se concentraient sur les mécanismes littéraire, sur l'histoire de l'ouvrage, sur quelques éléments d'écriture, sur des thèmes, etc. En Hypokhâgne, j'ai été forcé à faire une lecture qui puisse touché l'essence de l'œuvre, ce qui la dépasse, ce qu'elle peut nous apprendre au sens fort du mot apprendre. Demandez à un élève de Seconde de comprendre pourquoi Flaubert disait que mai 1870 ne serait pas arrivé si on avait lu L'Education sentimentale, vous verrez qu'il n'en est pas capable. Et cela non pas parce qu'il est débile, mais parce qu'il n'a pas encore les ressources nécessaires. 
De même en histoire : vous souvenez-vous d'un seul de vos professeur du collège qui vous ait fait un cours sur "qu'est-ce que la guerre ?" ou "y a-t-il une différence entre un ennemis et un adversaire ?", je ne le pense pas. Quand on étudie la seconde guerre mondiale en classe de 3e, on étudie les dates, les mouvements, les conséquences, les causes, etc. bref, on donne une vue d'ensemble de ce qu'il s'est passé, on ne cherche pas à apprendre aux élèves ce qu'est la guerre. 

JimmyB a écrit:
Mais si je ne me suis pas fiché de la philosophie en terminale c'est parce que mes parents m'ont fait découvrir les livres et la philosophie dès l'entrée en collège

Et c'est une très bonne chose ! Je ne dis pas qu'aucune personne ne doit ouvrir un livre de philosophie avant la Terminale ! Je dis que la philosophie en tant que matière enseignée n'a pas de sens au collège.

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Desassossego a écrit:
Pensez-vous vraiment que l'idée selon laquelle la philosophie ne commence que par rapport à l'opinion est lié à la France ?


Non, l'expérience, la nécessité d'expérience pour faire de la philosophie.

Desassossego a écrit:
L'étonnement philosophique est à cent mille années lumière de la curiosité


Pas selon Jeanne Hersh. Et en effet je ne connais pas d'enfant de la sorte car pour moi l'expérience n'est pas nécessaire pour faire de la philosophie... Car se poser des questions n'est pas uniquement constitutif de l'epérience. Je connais peu de terminale ayant fait l'expérience de l'amour, le vrai, pas seulement l'acte.
C'est ce que je disais déjà dans mon premier message.

Desassossego a écrit:
Je ne crois pas que les élèves de 5e qui étudient Dom Juan soient au contact de ce qu'est la séduction. L'étude qu'ils font de ce texte est faite sous un autre angle, ils y apprennent d'autres choses, à commencer par la construction d'un texte littéraire : c'est en 5e qu'on apprend, si je me souviens bien, ce qu'est une péripétie, un élément perturbateur, etc. Bref, ne nous faites pas croire que les élèves de 5e ont un rapport à l'œuvre en tant qu'elle dit quelque chose du monde. Personnellement j'ai fait cette expérience avec Flaubert, que j'ai étudié une fois en classe de seconde, une fois en classe d'Hypokhâgne. En seconde, les cours se concentraient sur les mécanismes littéraire, sur l'histoire de l'ouvrage, sur quelques éléments d'écriture, sur des thèmes, etc. En Hypokhâgne, j'ai été forcé à faire une lecture qui puisse touché l'essence de l'œuvre, ce qui la dépasse, ce qu'elle peut nous apprendre au sens fort du monde apprendre. Demandez à un élève de Seconde de comprendre pourquoi Flaubert disait que mai 1870 ne serait pas arriver si on avait lu L'Education sentimentale, vous verrez qu'il n'en est pas capable. Et cela non pas parce qu'il est débile, mais parce qu'il n'a pas encore les ressources nécessaires.
De même en histoire : vous souvenez-vous d'un seul de vos professeur du collège qui vous ait fait un cours sur "qu'est-ce que la guerre ?" ou "y a-t-il une différence entre un ennemis et un adversaire ?", je ne le pense pas. Quand on étudie la seconde guerre mondiale en classe de 3e, on étudie les dates, les mouvements, les conséquences, les causes, etc. bref, on donne une vue d'ensemble de ce qu'il s'est passé, on ne cherche pas à apprendre aux élèves ce qu'est la guerre.


Vous avez le droit de ne pas le croire et vous en avez votre propre expérience. Moi j'ai eu l'expérience à laquelle vous ne croyez pas. Que faisons nous ? On continue à jouer à "Qui a vécu quoi ?" Nous n'avons pas le même âge les choses ont quelque peu changé.
Pour l'instant je n'ai vu aucun argument de votre part donc j'arrête là ce débat puisque vous modérez les personnes sur ce que vous faites précisément.





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JimmyB a écrit:
Non, l'expérience, la nécessité d'expérience pour faire de la philosophie.


Qu'est-ce qui vous fait penser que cette idée vient de France ?


JimmyB a écrit:
 car pour moi l'expérience n'est pas nécessaire pour faire de la philosophie


Pourriez-vous développer, car je ne vois pas comment pourrions-nous avoir rapport à la philosophie sans expérience, ou plus précisément et selon mon propos, sans opinions ? Car ce qui fait que nous allons philosopher, c'est ce qui dans notre vie va nous solliciter, nous requérir. Où commence la philosophie, si ce n'est sur ce qu'on croit savoir ?



JimmyB a écrit:
Moi j'ai eu l'expérience à laquelle vous ne croyez pas. 


Laquelle ? Être en rapport à une œuvre en tant qu'elle dit quelque chose d'essentiel sur le monde, et ceci en classe de 5e ? Je veux bien vous croire, mais dans ce cas dites-en nous plus ! 


JimmyB a écrit:
Pour l'instant je n'ai vu aucun argument de votre part donc j'arrête là ce débat 


Si je n'ai pas donné d'arguments sur ce point précis de la discussion, c'est simplement car de votre côté vous n'avez pas pris au sérieux ce que j'ai dit dans mon premier message. Voyez : 1) j'affirme qu'apprendre la philosophie commence quand on questionne ce qu'on croyait savoir, et que donc la philosophie se positionne et se tient par rapport à des opinions (en donnant ensuite l'exemple des dialogues socratiques) 2) vous me répondez que si on suit ce raisonnement, alors on ne peut pas étudier la seconde guerre mondiale sans expérience de la guerre, ce qui est absurde et en plus n'a rien à voir avec mon propos, puisque lorsqu'on étudie la seconde guerre mondiale à l'école, ce qu'on étudie, c'est un événement historique, non le concept de guerre...


JimmyB a écrit:
Je connais peu de terminale ayant fait l'expérience de l'amour, le vrai, pas seulement l'acte.


C'est vrai, mais admettez peut-être qu'à 17-18 ans on est déjà plus en rapport à l'amour qu'à 12-13 ans, au moins parce qu'on commence à en penser quelque chose, à en affirmer quelque chose.

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Je me suis mal exprimé. Les expériences nous en faisons nécessairement quel que soit l'âge, mais des expériences spécifiques ne sont pas nécessaires pour faire de la philosophie. Je convoque Dewey si vous voulez qui affirme que seule la faculté d'apprendre est innée. Donc quel que soit l'âge apprendre est possible vous en conviendrez aisément, en faire l'expérience aussi donc. Du coup ce que vous remettriez en cause est la faculté d'en tirer quelque chose, ce que vous ne pouvez prouver.
Dès lors le débat est vain sur ce sujet.
La philosophie comme je vous l'ai dit ne commence pas à ce qu'on croit savoir mais à ce qu'on doute de comprendre, dès lors cela revient à poser des questions, se poser des questions et tout le travail va consister à force de réflexion à se poser des questions plus pertinentes.
En 5e, Nous avons dû lire Frankenstein et parmi nos contrôles un devoir de réflexion, une rédaction, la première, qui portait (je paraphrase) sur la question de savoir si la vie se réduisait à de l'électricité dans le corps. C'est une question simple en apparence mais très compliquée selon le degré de connaissances que l'on a. Le devoir fut apprécié, il y eut de bonnes notes et une correction instructive. C'est possible, c'est faisable, c'est bénéfique, c'est devenu la matière préférée de tous les élèves de ma classe.

Et non je n'admets pas qu'à 17-18 ans on connaisse davantage l'amour surtout avec l'exemple de Dom Juan que j'ai évoqué. La question hormonale n'est pas la question amoureuse pas plus que la question sexuelle.
Surtout si l'on pense comme certains psychanalystes que tous les amours de notre vie sont des tentatives de revivre l'amour de l'enfant envers sa mère et réciproquement.


PS : je ne dis pas que c'est né en France mais que c'est typique de la France actuelle, il suffit de lire les essais contemporains.

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