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Controverse de Valladolid (1550-1551)

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4 participants

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Vous avez évidemment raison et je fais amende honorable. Comme je vous le disais, j'ai toujours cru à l'histoire des âmes, sans plus. Mais en vous lisant, je me suis souvenu d'avoir été vraiment frappé par la splendeur sans mesure de ces cœurs du pouvoir dominicain posés directement au beau milieu d'un peuple vraiment modeste, sans présence des classes sociales intermédiaires qui font le lien chez nous. J'ai eu le sentiment inverse à Azkoitia au pays basque espagnol, une charmante petite ville verte. Lorsque on passe les murs d'un vieux manoir pour visiter la chapelle familiale de saint Ignace, pas un chat, et une impression surprenante. Une rigueur absolue, uniquement consacré à la prière sans aucune fioriture et dans une quasi obscurité. Une seule statue posée au sol avec les bancs noirs usés par la pratique : en bois polychrome, hyper réaliste, à l'exacte taille humaine, le christ descendu de la croix, torturé, soutenu par deux hommes, le regard tourné vers l'autel. Il est à vos cotés. On est seul avec lui, c'est terrifiant. Je n'ai pas trouvé de photo de ce chef-d'œuvre, mais si vous avez déjà vu des statues espagnoles du christ, vous ne doutez pas que les sculpteurs ont déjà vu des torturés. Une sculpture d'Ignace mort en marbre, publique, reprend ce thème dans la basilique à coté.  
Bref, j'ai fait le rapprochement. En plus, j'ai du me mélanger les pinceaux en cours de route, lorsque le film "Mission" m'est revenu. La pensée à la merveilleuse faculté de mélanger deux siècles... Ceci étant, je pense que le fond du problème était bien une question de pouvoir, mais aussi deux courants fondamentaux contraires au sein de l'Église, dont l'Espagne est le creuset. Valladolid est en dessous de la ville natale d'Ignace de Loyola. La controverse pouvait elle ne pas être influencée par cet esprit catholique espagnol paradoxal, autant pionnier du mysticisme qu'inventeur récent de l'Opus Dei? 
Je me demande si dans cette controverse, la fait que la langue espagnole possède deux verbes être y est pour quelque chose. Mea Culpa.

Veuillez respectez la typologie d'usage du forum. Si vous passez par un logiciel de traitement de texte, penser à supprimer le formatage du texte (icone d'un A avec un panneau stop : sixième encart en partant de gauche, dernière icone). Eunomia. 

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Eunomia a écrit:
Dienekes a écrit:
• Las Casas conteste les visées impérialistes développées par Sepulveda, mais ce faisant il doit marcher sur une corde raide, coincé entre des intérêts impérialistes faciles à comprendre au sein même de la couronne et  l’impossibilité de renier frontalement les visées humanistes développées par Sepulveda.


Las Casas aura une influence notable tout de même, avec les Lois nouvelles de 1542 et l’évangélisation qui revient aux clercs.


Par cette phrase, je ne voulais pas minimiser le mérite de Las Casas dans ce débat. Il a au contraire une position extrêmement courageuse et, c’est ce que je voulais indiquer, particulièrement délicate à défendre et le fait avec brio. Comme vous l’indiquez, il parvient à influencer la situation politique de l’époque même si la disparition des encomiendas ne survient que bien plus tard (1791).

Ce débat est passionnant de par la position même de Las Casas. Il doit combattre des visées impérialistes qui se basent sur des valeurs impossibles à renier sans se mettre automatiquement au ban de la société : faire une critique humaniste de l’impérialisme humaniste de Sepulveda…

descriptionControverse de Valladolid (1550-1551) - Page 3 EmptyRe: Controverse de Valladolid (1550-1551)

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J'apportais une précision pour l'ensemble du forum, vous êtes autrement plus qualifié que moi sur Valladolid :lol: . 


Dienekes a écrit:
il parvient à influencer la situation politique de l’époque même si la disparition des encomiendas ne survient que bien plus tard (1791).

La problématique des encomiendas conduit jusqu'à de véritable guerre, au Pérou notamment. Pour les régions marginales, il ne s'agit "que" d'une reconnaissance sociale, comme quoi l'or ne fut pas la seule motivation des conquistadors. La royauté essayera de changer la donne, notamment avec le système des deux vies, mais en vain.

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Parmi les mille et une controverses publiques qui ponctuent l'histoire, pourquoi tout le monde connaît celle-ci ?
Quelle est sa signification universelle? Est-ce l'expression d'une culpabilité inconsciente? Par exemple, en vous lisant, je comprends que je ne la connais que par une résurgence qui en modifie la nature première.

Je me pose la question de savoir si cette modification de l’histoire est plus significative que l’histoire elle-même. Dans les cours de vente, j’ai appris la découverte capitale de la dissonance cognitive par les américains. Aurions-nous collectivement une espèce de remord enfoui qui serait dissonant avec la vision positive que le groupe a de lui-même?
 
Par exemple, l’émergence de controverse de Valladolid modifiée, pourrait représenter  une fixation de la culpabilité vis-à-vis des massacres terribles sur lesquels nous sommes assis, le pouvoir éducatif centralisé ayant permis l’enfouissement dans le non-dit?
 
Le progrès nous montrant que ces sauvages ne l’étaient pas, la dissonance augmente avec le temps et l’interprétation surgit, unanimement reprise, bien que fausse. Ce qui compte étant plus l’emploi comme thérapie inconsciente que la vérité historique.
 
Dans cette hypothèse, nous pourrions « lire » différemment la controverse, par exemple mettre à jour les circonstances atténuantes présentes dans ce choix de résurgence. Nous avons collectivement massacré des hommes comme on abat des animaux, des êtres inférieurs. L’aveuglement fanatique religieux est une excuse d’irresponsabilité, mais plus certainement la division affichée par le choix d’une « Controverse » est à mon sens plus parlant. Comme si nous avions agi qu’à moitié, que nous nous affranchissions de cette moitié alors que l’autre représente maintenant ce que nous sommes. Le choix, la volonté subsistent et nous conservons l’idée d’une maîtrise collective de l’histoire. Nous leurs... nous nous rendons une âme, parce que nous avons aussi une vision collective, réflexive de l'homme qui est globale et nous comprend tous, y compris ce que nous avons massacrés.. 
 
La Controverse de Valladolid? Une thérapie de groupe. 
Pouvons-nous la comprendre comme cela, avec d'autres interprétations, bien entendu ? 
 
Eunomia, j’ai fait comme vous m’avez dit, de Word à ici.

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louispascal a écrit:
Eunomia, j’ai fait comme vous m’avez dit, de Word à ici.



Votre message est impeccable.

louispascal a écrit:
Par exemple, l’émergence de controverse de Valladolid modifiée, pourrait représenter  une fixation de la culpabilité vis-à-vis des massacres terribles sur lesquels nous sommes assis, le pouvoir éducatif centralisé ayant permis l’enfouissement dans le non-dit ?


Demandez vous, d’où vient "la modification". Tout est facilement accessible. Las Casas va être reprit par les opposants de l’Espagne, au point d’être une des sources de « la légende noire ». Les massacres américains n’ont jamais été un secret pour personne.

louispascal a écrit:
Le progrès nous montrant que ces sauvages ne l’étaient pas (…).

Au contraire, l’image de l’Indien-sauvage n’est colle pas avec la vision des Espagnoles, ils sont d'avantage perçus comme de jeunes enfants encore pure (cf. Millénarisme). Les Conquistadors furent émerveillés devant les richesses des Amériques, et notamment devant Tenochtitlan. Cortès écrivant à Charles Quint (lettre du 30 Octobre 1522) décrit la ville en ces termes : "La ville est grande comme Séville et Cordoue". Plus loin, il ajoute : «  On y débite toutes sortes de fils de coton en écheveaux de toutes couleurs, ce qui nous rappelle le marché des soieries de Grenade, avec cette différence que tout y est ici en plus grande quantité. »
Évidemment que Cortès entend bien démontrer son génie en décrivant le faste de la ville, son témoignage n’en reste pas moins saisissant. A l’inverse, jamais les Indiens n’auront tant d’admiration pour les Conquistadors, de la crainte assurément mais pas d’admiration. Il est vrai que le style joue aussi beaucoup dans l'analyse de cette admiration. 
Je posterai un extrait de la lettre et un extrait d’un codex florentin pour la comparaison.
Il faut bien départager les populations des grandes et petites Antilles – dont une part est cannibale – qui vivent sur un modèle tribal, et les grands empires Aztèques et Incas – un modèle de centralisation au demeurant.
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