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"Childfree, et alors ?"

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2 participants

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A l'heure où dans un camp on se permet de parler "au nom des enfants" et donc de s'attribuer un monopole sur la parole de l'enfant, pour s'opposer à un projet de loi, et que dans l'autre, on revendique le concept assez déroutant de "droit à l'enfant", et où bref, dans un camp comme dans l'autre, tout tourne autour du désir d'enfant, une ouverture vers d'autres positions peut s'avérer intéressante, surtout qu'elles soulignent (plus ou moins maladroitement) toutes les pressions symboliques et institutionnelles qui s'exercent sur les hommes, et dans une plus grande mesure sur les femmes, concernant la natalité.

Première partie
http://vimeo.com/53355388

Deuxième partie
http://vimeo.com/53834544

Troisième partie
http://vimeo.com/54363577

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Le désir d'enfant apparaît secondaire. Les questions éthiques et morales ont pris le pas (avec pas mal d'extrapolations assez absurdes, mais c'est personnel). Il y a une sacralisation de l'enfant, et une instrumentalisation de sa parole, sans oublier la ribambelle de témoignages qui n'apportent rien. La crédibilité de cette parole du non-citoyen, j'entends de l'adulte qui n'est pas encore formé me laisse perplexe (sur ces questions).
On assiste à une étude sociologique de la société française, très réactionnaire, sans grande conviction (les sondages passent d'une majorité de oui à une majorité de non en fonction du tapage médiatique). Puis, à titre personnel, j'en ai marre de ces euphémismes qui jalonnent les faux débats politiques. La mariage pour tous a sûrement la vertu d'être plus communicant, de moins choquer, mais d'une part il ne reflète qu'une partie du projet de loi, d'autre part il serait temps d'assumer qu'est souhaité l’octroi de nouveaux droits aux homosexuels.


Se pose aussi la question de l’harmonisation des législations au sein de l'UE : l'Espagne, le Portugal et les Pays-Bas ont légalisé le mariage homosexuel. Que les Français le veuillent ou non, la question se reposera, et la loi passera au forceps.

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Les questions morales ont certes pris le pas, éthiques, j'en doute beaucoup. Quand la plupart de ces manifestants qui prétendent s'opposer au projet parce qu'ils ont à cœur l'intérêt des enfants, instrumentalisent leurs propres enfants en les amenant à une manifestation dont ils ne peuvent, pour les plus jeunes, comprendre la portée, on est en droit de se poser des questions sur leur sens éthique.


Je ne pense pas que le désir d'enfant soit secondaire. Vous-même vous parlez de sacralisation de l'enfant. De part et d'autre des deux camps, l'enfant est présenté comme l'alpha et l'oméga d'une vie accomplie et épanouie. On peut agréer ou non ce présupposé, qui sous-tend la grande majorité des discours, mais il me semble important de le débusquer. Si vous avez regardé les vidéos (qui n'ont rien à voir avec le débat sur les droits des homosexuels), il y a réellement dans les discours quotidiens comme une forme de violence symbolique à l'égard de ceux qui n'éprouvent pas ce désir d'enfant et l'assument.


Le corps des femmes par ailleurs est toujours pensé comme une sorte d'instrument au service de la puissance et de la survie de la nation, comme le montraient ces titres de 2008, "Les Françaises, championnes d'Europe", parce que la France avait la natalité la plus élevée, devant la très catholique Irlande. Comme si depuis De Gaulle, et son appel au patriotisme des Françaises ("douze millions de beaux bébés,"), les choses n'avaient pas tant évolué que ça. D'ailleurs cet appel de De Gaulle soulève une question dont la réponse détermine la manière dont le corps de la femme est considéré : doit-on faire des bébés par patriotisme ? Tout ce que dit Foucault du bio-pouvoir, et d'un État qui n'exerce plus sa puissance par la mort, mais sur la vie, la mort devenant par là-même, ce qui échappe à son emprise, est ici intéressant.


La question de l'instrumentalisation de cet artifice social que l'on appelle "instinct maternel" est aussi intéressante.

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Intemporelle a écrit:

La question de l'instrumentalisation de cet artifice social que l'on appelle "instinct maternel" est aussi intéressante.

C'est l'une des erreurs que j'ai relevées dans ce reportage. En effet il y a bien un artifice social, par contre il n'est pas le seul à jouer un rôle. Lors de l'accouchement et particulièrement lors de l'allaitement, le corps de la femme va produire de l'ocytocine en grande quantité. La stimulation du vagin augmente aussi cette production pendant l'acte sexuel. Et cette hormone induit un sentiment d'attachement, d'altruisme, comme il est aussi responsable de l'éjection du placenta. On peut donc penser que l'instinct maternel n'existe vraiment qu'après les premiers rapports sexuels et après l'accouchement. Mais le terme maternel n'est approprié que dans le sens où cette production d'hormone est associée à l'acte sexuel et à ses probables conséquences, c'est-à-dire à l'enfantement. Ce ne serait donc pas un instinct dirigé directement vers l'enfant, mais qui se mettrait en marche pour accompagner tout le processus. Bien évidement, il faut rajouter à cela tout le contexte socioculturel.
Et je ne dis pas non plus que c'est là toute la réponse à l'instinct maternel, mais que ces éléments sont à prendre en considération.

Sinon je vous rejoins parfaitement sur cette forme de violence, et qui ne repose sur rien d'autre que sur une idéologie.

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Le désir d'enfant est unanimement reconnu (c'est bien la seule chose qui soit commune aux manifestants des deux camps), sans quoi les homosexuels ne réclameraient pas le droit à l'adoption à corps et à cris. Les anti également ne  renient pas ce désir, cette volonté aux homosexuels, elle apparaît légitime. C'est en cela que je trouve le désir d'enfant secondaire, il est le facteur sous-jacent de toutes ces démarches.


Le premier argument contre le mariage "pour tous" c'est le droit d'adopter qui en découle.  On sacralise l'enfant pour mieux se l'approprier. C'est peu éthique, nous sommes d'accord, mais je pensais surtout à cette opposition (surtout catholique) face à la procréation assistée.


Pour revenir à vos vidéos (je n'ai pris le temps de voir que la première) elles démontrent que ceux qui se trouvent en marge sont rejetés par ceux qui incarnent ou pensent incarner une certaine normalité. C'est un fait récurrent, d'autant plus dans notre société ultra-standardisée. Puis ce débat fait aussi office de coming-out national : les homosexuels sortent du placard.


Le corps de la femme, par le biais de la natalité, est depuis toujours un facteur de fierté et un synonyme de puissance. A l'époque moderne déjà on s'enorgueillissait des 20 millions de Français. On vante ainsi  la fertilité des femmes, et la virilité des hommes qui font de vaillants futurs soldats (ou de potentiels consommateurs "Childfree, et alors ?" 277638789). D'ailleurs, les différentes politiques visant à réguler la natalité sont bien la preuve de son importance. Je serais bien tenté de rejoindre Foucault, mais, mais il me faudra le lire avant.


L'instinct maternel, n'y a-t-il pas, par l'emploi du mot "instinct", une intention (j'allais dire volonté) de faire croire, de prouver que celui-ci est inaliénable de la condition de la femme ? Programmer à faire des enfants pour assurer la survie de son clan ? J'entends Vangelis qui démontre que c'est naturel, mais l'évolution sociétale (la libéralisation de la femme, l’apparition d'une carrière professionnelle, etc., etc.) n'est-elle pas susceptible de changer cet état de fait ?

Dernière édition par Kvothe le Mer 16 Jan 2013 - 21:48, édité 1 fois
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