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A-t-on le devoir d'aimer autrui ?

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Desassocega
kulvo
Liber
Janus
Vangelis
seb38
June
11 participants

descriptionA-t-on le devoir d'aimer autrui ? EmptyA-t-on le devoir d'aimer autrui ?

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Salut à tous,
ayant ce sujet à traiter, je me demandais s'il était permis de faire, dans une troisième partie, une critique de l'impératif catégorique kantien, aimer autrui en tant que personne (comme fin) est bien l'exigence morale qui nous incombe dès lors que nous vivons en société ;  mais cette exigence morale est impraticable, car pourquoi l'homme voudrait-il être digne de moralité ? Finalement pour mettre en pratique cet amour-agapè (inconditionnel) il faudrait être Dieu, capable d'agapè envers l'autre (amour spirituel).
Donc ce serait bien l'impératif catégorique comme Kant l'entendait : la morale est là mais, comme il en doutait fort, l'homme ne peut être totalement moral, il ne peut qu'être conforme à la morale :  soucieux de satisfaire son intérêt particulier en faisant le bien d'autrui, il ne le fait pas au nom de la loi morale, mais il use plutôt de cet amour-respect comme d'un moyen vers une fin (je te respecte pour une récompense... de manière intéressée, donc conditionnelle). Un peu comme si l'homme incapable d'agapè du fait de sa finitude, en avait néanmoins l'idée : Dieu est l’Être Suprême capable d'agapè (amour spirituel, inconditionnel).
Cependant, bien que l'homme ne puisse être complètement moral au sens kantien, on peut quand même lui trouver une dignité : il est capable de respecter l'autre dès lors qu'il sait que ce respect est la base de la relation intersubjective. Respecter l'autre, c'est re-connaître sa subjectivité et son altérité (l'autre est différent et on ne peut le connaître), cette reconnaissance de l'autre comme sujet est nécessaire dans la construction de la relation car c'est le dépassement d'un rapport à l'autre comme "objet", c'est-à-dire connaissable. Or, traiter autrui comme objet connaissable relève d'un rapport d'une part intéressé à autrui : se servir d'autrui comme objet, mais c'est surtout s'illusionner sur lui : autrui est toujours différent de nous, il est une conscience de soi qui se rapporte au monde d'une façon différente et, par conséquent, il est nécessaire d'établir cette relation d'inter-subjectivité : la reconnaissance de l'altérité de l'autre est la base de la construction du moi : c'est par autrui que je me construis.
Donc, finalement, ce n'est pas tant un devoir d'aimer autrui au sens de l'agapè de Dieu, impossible à mettre en pratique, ou alors de manière intéressée, ce qui déroge au concept d'agapè et d'impératif catégorique. En revanche, bien que ce soit de manière intéressée car dans le but de la relation-intersubjectivité, l'amour au sens d'un respect d'autrui est nécessaire et constitue lui, un véritable devoir pour l'homme dans sa relation à l'autre.


Est-ce possible de faire quelque chose de ce genre avec un tel sujet ?

descriptionA-t-on le devoir d'aimer autrui ? EmptyRe: A-t-on le devoir d'aimer autrui ?

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A mon humble niveau, en troisième partie, j'utiliserais une autre signification du mot "devoir" ; en première partie je l'aurais utilisé en tant qu'"obligation" ; là je l'utiliserais dans le sens suivant : devoir pour soi.
Autrement dit on peut interpréter "je dois aimer autrui" comme "je suis contraint de le faire" ou comme "je dois l'aimer afin de me réaliser". Cette deuxième interprétation revient à votre phrase :  
c'est par autrui que je me construis.

Ainsi la problématique de ma troisième partie serait : en quoi la relation qui me lie à autrui m'est-elle bénéfique ? En quoi dois-je ("ai-je tout intérêt à") aimer autrui ?

Trois pistes :
Le partage de notre plénitude : comment puis-je exister si je ne partage pas mes joies, mes doutes, mes angoisses ?
L'autre me permet d'affronter mes problèmes, c'est en lui que je peux y puiser la force de le faire.
C'est en aimant l'autre que l'autre peut m'aimer en retour.

descriptionA-t-on le devoir d'aimer autrui ? EmptyRe: A-t-on le devoir d'aimer autrui ?

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L'homme étant l'animal social par excellence, l'autre y a une place fondamentale.
L'amour désintéressé, s'il est impossible par la volonté, peut néanmoins exister comme un sentiment qui surgit en l'homme et dont la genèse est un mystère.
Quant au respect, il a plus une valeur comptable, c'est-à-dire que l'on va examiner une attitude, un parcours, des actions passées, qui constituent une somme reconnue et digne de respect mais que l'on ne peut attribuer de facto parce que l'autre est seulement un homme. L'homme sans acte n'est pas une valeur, c'est un potentiel. De plus, la limite du respect est affaire de culture, un fait sociétal qui peut bouger au gré de l'aventure humaine. Au pire, c'est une qualification de l'autre en regard d'un projet qui est propre à chacun, et auquel cet autre participe de façon favorable. Dans ce cas nous sommes englués dans le relativisme.
Mais l'autre est bien fondamental, pour ne pas dire un bien du même ordre que soi. Si l'on ne peut ressentir de l'amour pour tous et si le respect se gagne, comment devrions-nous accueillir l'autre pour lui conserver cette qualité ? Il me semble que nous devons le considérer, c'est-à-dire reconnaître en lui le potentiel et le rôle qu'il peut jouer. La place qu'il prendra par la suite au sein de la société des hommes ou dans notre aventure personnelle dépendra de ses actions, mais le fait que nous le considérions a priori (sans considérer son vécu) c'est lui donner l'importance de son potentiel humain. Et il n'y a pas, à mon sens, de plus grande considération que celle qui consiste à dire de l'autre qu'il peut tout devenir aux yeux des autres hommes. Sa première valeur, c'est son potentiel que nul autre ne devrait contester. Après, les hommes et l'histoire jugeront.

descriptionA-t-on le devoir d'aimer autrui ? EmptyRe: A-t-on le devoir d'aimer autrui ?

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seb38 a écrit:
A mon humble niveau, en troisième partie, j'utiliserais une autre signification du mot "devoir" ; en première partie je l'aurais utilisé en tant qu'"obligation" ; là je l'utiliserais dans le sens suivant : devoir pour soi. Autrement dit on peut interpréter "je dois aimer autrui" comme "je suis contraint de le faire" ou comme "je dois l'aimer afin de me réaliser". Cette deuxième interprétation revient à votre phrase :

c'est par autrui que je me construis.

Ainsi la problématique de ma troisième partie serait : en quoi la relation qui me lie à autrui m'est-elle bénéfique ? En quoi dois-je ("ai-je tout intérêt à") aimer autrui ?

Trois pistes :
Le partage de notre plénitude : comment puis-je exister si je ne partage pas mes joies, mes doutes, mes angoisses ? L'autre me permet d'affronter mes problèmes, c'est en lui que je peux y puiser la force de le faire.
C'est en aimant l'autre que l'autre peut m'aimer en retour.

Le côté "utilitariste" au sens où "à aimer mon prochain,  je n'aurais qu'à y gagner" (j'y gagne un confident, un renfort à mes  faiblesses, etc.)  entre très sûrement en compte en réalité, du moins partiellement. Mais peut-être doit-on y déplorer le côté un peu trop intéressé de la manœuvre. Si chacun fait consciemment et volontairement le même calcul, il est à craindre que cet "amour du prochain" manque beaucoup de sincérité, dans le genre "association de malfaiteurs" :D ... et se révèle de ce fait inefficace à l'épreuve du temps, car un amour qui ne relèverait pas d'un sincère et désintéressé "don de soi" ne sera jamais digne de ce nom.
L'amour ne peut avoir à mon avis qu'un fondement non seulement dans l'inconscient, autrement dit relever d'une force inconnue qui nous échappe et qu'on ne peut maîtriser, mais de plus indépendante de tout calcul. Le constat que finalement tout le monde y gagne ne peut se faire qu'après coup, dans un second temps, histoire de se consoler maigrement d'y avoir perdu de sa liberté.
Mais j'ai une autre piste à suggérer, que je découvre actuellement au travers de diverses lectures en cours : sur la base d'études anthropologiques, de recherches au niveau des origines des langues indo-européennes, l'hébreu, etc., il s'avère que le mot "devoir" est étymologiquement relié au mot "dette" au sens "d’avoir obligation", de "devoir rendre" ce que l’on a préalablement reçu, notamment de ses géniteurs et ancêtres. Mais dans cette idée de dette se combine aussi l'idée d'être en faute, et qu'il faut, par ce devoir (aimer l'autre, pour) racheter sa faute. Ce qui est encore à creuser, mais laisse d'ores et déjà entrevoir le lien existant (à l'origine du langage) entre "sentiment de culpabilité" (cf. Freud) et ce "devoir aimer l'autre autant que soi-même" préconisé depuis deux millénaires par la religion, notamment chrétienne.

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