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Bonjour, bonjour

Je me posais une question qui peut paraître stupide, peut-on réduire toutes nos actions de la vie quotidienne à ce duo de volonté et pouvoir ?
Quelle est la place de l'envie dans tout ça ? Est-ce que l'envie est un concept équivalent à la volonté ou est-ce un certain degré de la volonté ?

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Bonjour,

Je ne pense pas pouvoir reconnaître un questionnement stupide d'un autre mais, si cela intéresse, je crois bon de produire des questionnements. En ce sens votre question, et le fait de la proposer au monde de l'internet sont certainement les marques d'une certaine vertu.


Ceci dit il me semble que la question est mal posée. En effet les concepts ne précèdent ni le langage, ni leur conceptualisation; en d'autres termes si vous ne tordez pas trop le cou au sens étymologique d'un mot, vous pouvez le travestir en n'importe quel concept, en celui qui vous plaiera pour le moins.


Je peux essayer d'apporter une réponse en deux temps.
Tout d'abord, par suite du développement ci-dessus, il apparaît qu'il est certainement possible de «réduire» nos actions au duo que vous proposez, comme à un autre.
Dans un deuxième temps, pour donner du sens à la question il faudrait produire une définition de «volonté», «pouvoir» et «envie». Je crois comprendre par «volonté» un mouvement issu d'un décret de la volonté, un choix permis par le libre-arbitre. Par «pouvoir» entendez-vous la capacité à satisfaire cette volonté (je peux vouloir voler dans les airs, je n'y arriverai jamais avec mes petits bras) ? Enfin par «envie» entendez-vous une force, indépendante de la volonté, qui fait tendre vers un objet -en ce sens je pense que c'est le mot «désir» qui est le plus souvent utilisé en philosophie ?
En définitive, même si nous pouvons ici produire une idéologie -ou philosophie- du comportement comme réductible à la «volonté» et au «pouvoir», il ne s'agit que de conventions sémantico-linguistiques: il ne faut pas, pour celui qui veut philosopher, que le concept précède et circonscrive le raisonnement (ce serait créer une idéologie, d'où l'utilisation de ce mot plus haut de manière un peu provocatrice).



En outre, vous serez peut-être intéressé par la lecture de L'Éthique de Spinoza qui, à ma connaissance, produit le système philosophique le plus exhaustif sur le comportement humain, à partir des «affects».

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Sur cette question il est particulièrement intéressant de citer Schopenhauer dont la philosophie est profondément influencée par celle de Spinoza. On cite ci-dessous un texte du Monde dont un commentaire est donné par le site Philosophie.

Arthur Schopenhauer a écrit:
Tout vouloir procède d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus, le désir est long, et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée. Mais ce contentement suprême lui-même n’est qu’apparent : le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C’est comme l’aumône qu’on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd’hui la vie pour prolonger sa misère jusqu’à demain. – Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à l’impulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu’il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n’y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c’est en réalité tout un : l’inquiétude d’une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu’elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible. Ainsi le sujet du vouloir ressemble à Ixion attaché sur une roue qui ne cesse de tourner, aux Danaïdes qui puisent toujours pour emplir leur tonneau, à Tantale éternellement altéré.

Le monde comme volonté et comme représentation, Numérisé par Guy Heff - www.schopenhauer.fr, pp. 462-63.

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Héliogabale a écrit:
Bonjour, bonjour

Je me posais une question qui peut paraître stupide, peut-on réduire toutes nos actions de la vie quotidienne à ce duo de volonté et pouvoir ?
Quelle est la place de l'envie dans tout ça ? Est-ce que l'envie est un concept équivalent à la volonté ou est-ce un certain degré de la volonté ?

Essayant de cerner précisément le sens de votre question, je pensais à la distinction introduite par Ortega Y Gasset entre idées (ou "occurrences") et croyances dans Idées et croyances. Lorsque nous avons une idée, nous avons conscience de son caractère fantasmagorique, imaginaire : c'est une élaboration de l'esprit. En revanche, ce que nous croyons, nous le "sommes", et nous le croyons précisément dans la mesure où nous n'y pensons pas. Ainsi, vous apprêtant à sortir de chez vous, pour vous rendre à la bibliothèque par exemple, vous ne doutez pas que la rue existe : vous "comptez dessus", vous le croyez. N'est-ce pas une distinction de cet ordre que vous opèreriez entre volonté et envie ? D'un côté la volonté comme ce vers quoi je tends en fait, relevant de ma constitution même ; de l'autre, des envies ponctuelles qui ne comportent pas cette nécessité, ou même mieux, qui apparaissent comme "envies" parce qu'elles comportent ce défaut de nécessité (comme caractère "positif" de l'envie). Dire que j'ai "envie" de ceci ou cela, c'est en ce sens dire que je ne suis pas réellement engagé par celle-ci - il ne s'agit "que" d'une envie, une envie que "j'ai", par opposition à la volonté que je "suis". D'où, peut-être, votre question de savoir si l'envie n'est qu'un degré de la volonté ? En espérant que ces remarques nous permettront effectivement de clarifier votre question.

Par ailleurs, avez-vous vu ce cours sur la volonté ?

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Zingaro a écrit:
Dire que j'ai "envie" de ceci ou cela, c'est en ce sens dire que je ne suis pas réellement engagé par celle-ci - il ne s'agit "que" d'une envie, une envie que "j'ai", par opposition à la volonté que je "suis". D'où, peut-être, votre question de savoir si l'envie n'est qu'un degré de la volonté ? En espérant que ces remarques nous permettront effectivement de clarifier votre question.


Alors que le désir s'inscrirait sur le même plan conceptuel que la volonté , il est vrai que l'envie aurait, comme le suggère Zingaro, une plus faible interaction avec elle.Une distinction doit être faite entre envie et désir, dont la définition relativement au contexte de notre discussion diffère sensiblement. Le désir, qui plonge dans notre inconscient, s’adresserait à des concepts. Relativement à la jalousie, l’envie est apparentée à la haine. C’est un ressentiment causé par un autre individu possédant quelque chose que l'individu affecté ne possède pas mais qu'il désire. Elle est un péché capital dans notre religion – l’envie est contraire à la charité, qui fait vivre l'âme spirituelle, selon S. Jean (1 Jn 3, 14). Elle procèderait de la conscience et porterait sur des objets particuliers.

Saint Thomas d’Aquin a écrit:
Somme Théologique IIa IIae Pars
L'acédie est une tristesse provoquée par le bien spirituel divin ; de même l'envie est une tristesse provoquée par le bien du prochain. [...] Elle nous pousse à agir afin de fuir la tristesse ou de lui donner satisfaction. Pour la même raison, l'envie est donnée comme un vice capital.


La philosophie de la volonté, qui est l'expression même du libre arbitre, dépasse largement le cadre de celle d’une seule philosophie comme celle de Schopenhauer pour qui la liberté ne réside pas dans la liberté d’action qui est soumise à la loi de la causalité ni dans l’indifférence des choix, mais dans ce que nous sommes. Selon Schopenhauer, l’action de l’homme est l’expression pure de la combinaison de son essence fixée d’avance et des motifs extérieurs dont il n’a aucun contrôle. L'analyse classique et intellectualiste de l'acte volontaire ne distingue pas de façon aussi évidente que le font, par exemple, Aristote, Descartes ou Kant, la volonté et le désir qui sont subtilement intriqués dans le mouvement de la vie. A la différence de Rousseau qui ne voit dans tout animal qu'une machine ingénieuse (C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur des tas de fruits, ou de grain, quoique l'un et l'autre pût très bien se nourrir de l'aliment qu'il dédaigne, s’il s’était avisé d'en essayer), les neurobiologistes actuels ont beaucoup de mal à identifier ce qu’est, et de quelle façon se manifestent, la conscience et le libre arbitre chez l’homme, de sorte qu’ils ne pourraient pas les identifier davantage chez un robot qui se verrait doter subrepticement de ces vertus. Les scientifiques montrent qu’une intelligence artificielle peut faire preuve d’impatience ou de patience. Une voiture autonome peut nous conduire là où nous ne le souhaitons pas. On se demande, également, si l'on ne pourrait pas finir par tomber amoureux de robots initialement utilisés comme simple machine sexuelle. Il est effrayant d’envisager l’émancipation des robots, de plus en plus sophistiqués, aujourd’hui utilisés à grande échelle, par exemple, pour faire la guerre - où de découvrir que ceux initialement dotés d'émotions deviennent secondairement névropathes.
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