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descriptionLe rapport de Nietzsche à la morale. EmptyLe rapport de Nietzsche à la morale.

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On critique Nietzsche parce qu'il laisserait la volonté de puissance déborder et suivre son cours sans garde-fou. Cet argument serait une raison définitive pour défendre la morale. Mais ce n'est pas du tout ce que Nietzsche critique dans la morale. Pour lui, la morale est celle du troupeau, c'est-à-dire qu'on ne se préoccupe plus de l'individualité, mais qu'on a décidé une fois pour toutes que le but de la vie est l'uniformisation de l'homme. En finir avec la morale nous permettra de retrouver ce qu'un homme a de différent avec les autres, de recréer une hiérarchie très forte, de développer l'humanité dans le sens ascendant et non de la niveler vers le bas, par l'extinction de tout caractère individuel.

L'autre question qui découle de cette interrogation, est de savoir s'il est possible d'estimer un homme sans se référer à des valeurs morales. Autrement dit, est-ce que "valeur=morale" ? Est-ce qu'un homme doit respecter la valeur "Bien" pour avoir du prix à nos yeux ? Par exemple, Napoléon a-t-il moins de valeur que Mozart, qui n'a jamais fait de mal à une mouche ? Ou bien ces deux personnes, comme dans la philosophie nietzschéenne, se verront-elles attribuer autant de valeur du fait de leur forte personnalité, indépendamment de toute évaluation morale, simplement parce qu'elles ont atteint un haut développement de leurs qualités personnelles ?

descriptionLe rapport de Nietzsche à la morale. EmptyRe: Le rapport de Nietzsche à la morale.

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Liber a écrit:
la morale est celle du troupeau, c'est-à-dire qu'on ne se préoccupe plus de l'individualité, mais qu'on a décidé une fois pour toutes que le but de la vie est l'uniformisation de l'homme.
Quand le but est d'uniformiser les hommes, nous en sommes déjà à une morale tardive, lointain écho d'un universel platonicien christianisé pendant des siècles. Nous avons plutôt affaire à un troupeau qui est le produit d'une morale si ancienne qu'elle lui semble naturelle et d'autant plus légitime que la société moderne est tout à la fois une société atomisée, éclatée, et une société de masse, qui répond à son propre éclatement par toutes sortes de corporatismes, de rituels d'intégration, etc. La couche historique plus ancienne serait celle du renoncement à la vie, autrement dit la morale chrétienne telle que Nietzsche la comprend, celle qui dicte aux hommes de ne se dédier qu'à un autre monde (Platon christianisé), et qui, pour cela, impose une ascèse qui n'a plus rien de commun avec le modèle aristocratique des Grecs, fondé par la différenciation, l'individualité que l'exploit guerrier, par exemple, rend remarquable au point que le héros devient un modèle, un type, mais pas encore un universel au sens platonicien.

Liber a écrit:
En finir avec la morale nous permettra de retrouver ce qu'un homme a de différent avec les autres, de recréer une hiérarchie très forte, de développer l'humanité dans le sens ascendant et non de la niveler vers le bas, par l'extinction de tout caractère individuel.
Le problème, c'est que la seconde révolution industrielle et la technicisation du monde (technicisation qui n'a aucun concurrent, à laquelle on n'a trouvé aucune alternative) ont fait plus que renforcer la morale égalitaire. C'en est la promesse, toujours reconduite, mais toujours scandée : la technique est censée permettre d'instituer une égalité parfaite. Ce n'est jamais elle qu'on critique, mais ceux qui l'utilisent, à commencer par les États, qui en sont les principaux propriétaires. C'est notre vaisseau, notre odyssée vers l'utopie. Nous ne sommes pas près d'en sortir, d'autant moins que les hiérarchies qu'implique l'individualisme semblent inhumaines, monstrueuses, à ceux qui les combattent. Il faut dire aussi que les capitalistes sont parmi les principaux responsables.

Liber a écrit:
L'autre question qui découle de cette interrogation, est de savoir s'il est possible d'estimer un homme sans se référer à des valeurs morales. Autrement dit, est-ce que "valeur=morale" ?
La question ne trouvera peut-être jamais de réponse. Quoi qu'il en soit, se référer à des valeurs morales pour apprécier un homme a quelque chose d'abject. Cela implique non seulement un code moral préétabli, mais en définir la logique ne peut pas ne pas consister, au bout du compte, à juger les hommes exactement comme on le fait dans les émissions de télé réalité, toutes conçues avec un jury (populaire par définition), qui juge les candidats avec des standards et des moyens révélateurs : nous ne sommes et ne devons être que les ombres de modèles préétablis, qu'il faut incarner et réincarner, dans une reproduction sans fin du même, dont les variations ne sont que les seules marges de liberté qu'il nous soit permis d'exploiter. La morale, c'est du vintage avant l'heure. Toutefois, qu'un homme soit original et semble incarner de nouveaux aspects de la vie, il ne peut qu'être apprécié pour lui-même, non ?

Liber a écrit:
Est-ce qu'un homme doit respecter la valeur "Bien" pour avoir du prix à nos yeux ? Par exemple, Napoléon a-t-il moins de valeur que Mozart, qui n'a jamais fait de mal à une mouche ? Ou bien ces deux personnes, comme dans la philosophie nietzschéenne, se verront-elles attribuer autant de valeur du fait de leur forte personnalité, indépendamment de toute évaluation morale, simplement parce qu'elles ont atteint un haut développement de leurs qualités personnelles ?
Ça vaudrait de sacrés développements, et de convoquer Leo Strauss autant que Nietzsche. Il me semble que l'histoire permet d'attribuer la même valeur à tous ceux qui, outre qu'ils ont développé un génie propre, ont fait vivre les hommes. Sauf que l'histoire est tout autant remède que poison (Nietzsche et Strauss me semblent en être les meilleurs critiques). Il y a ceux qui, regardant les étoiles, ne voient que des points blancs tous identiques les uns aux autres ; il y a ceux qui, regardant ces mêmes étoiles, voient des constellations. Il y a les voyageurs, les imaginatifs, etc. ; il y a les pantouflards, des êtres biologiques, que la biologie seule anime.
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