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Y a-t-il une subjectivité ?

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Euterpe
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jean ghislain a écrit:
il y a bien en nous quelque chose de peu familier parfois, ne dit-on pas : "je ne me reconnais pas"
Se découvrir soi-même comme un autre est le signe même que le moi n'est qu'une habitude. On s'habite soi-même et on s'habitue à soi-même, et on se laisse croire qu'on se connaît soi-même. Or on ne connaît que ce qui affleure, les supposées profondeurs n'étant que supposées. Et même quand on postule un inconscient, l'inconscient étant inconscient, on ne peut rien en dire, on ne peut que le faire dire, ou faire qu'il se dise, comme un autre, ou par un autre (le psychanalyste, le rêve, le démon, la vocation, etc.). Mais cette altérité qui parle ou qu'on fait parler est et reste une altérité, avec laquelle on apprend à vivre. Du reste, quand on dit qu'on a changé, on dit moins qu'on a changé, en soi, qu'on a appris à vivre avec quelqu'un d'autre qui frappait à la porte depuis un certain temps, et qu'il a bien fallu accepter.

Enfin, la découverte même de l'inconscient montre qu'il n'y a personne, puisque l'inconscient désigne justement une instance qui n'est pas un sujet, mais qui peut fonder, alimenter, etc., ce qu'on appelle un sujet, et qui n'est rien d'autre que la combinaison de processus et de relations multiples auxquelles il faut bien donner une certaine consistance, car on ne peut vivre non plus comme des fantômes que le réel ne ferait que traverser. Si tel était le cas, nous serions tous des psychotiques. Pour être plus précis, je crois qu'il y a de plus en plus de psychotiques, traversés par les choses, mais que les choses n'atteignent pas ; des personnes absentes, que les sensations et les émotions font clignoter, et qui leur servent de signes et d'instruments de reconnaissance mutuelle, mais qui sont insensibles, autrement dit qui n'ont pas idée de ce que peut être l'altérité, qui doutent parfois que ça puisse exister, ou qui s'en effraient quand elles ne nient pas l'altérité, ce qui est le cas le plus fréquent. D'où le moi comme réponse et comme bouclier. Dire : "moi", c'est même pire, puisqu'au fond ça consiste à s'enfermer, à se replier sur soi.

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Euterpe, pourquoi aviez-vous dit, il y a fort longtemps, me semble-t-il, sur un autre forum, que l'existence de l'idée de subjectivité dans l'histoire de la pensée commençait à partir de la parution des Confessions de Rousseau ? Qu'entendiez-vous exactement par là ? N'existait-elle pas avant ? Avez-vous des références ?

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Kthun a écrit:
Euterpe, pourquoi aviez-vous dit, il y a fort longtemps, me semble-t-il, sur un autre forum, que l'existence de l'idée de subjectivité dans l'histoire de la pensée commençait à partir de la parution des Confessions de Rousseau ? Qu'entendiez-vous exactement par là ? N'existait-elle pas avant ? Avez-vous des références ?
Parce que c'est une autobiographie, on pourrait même dire une autographie (comme on parlerait d'une pathographie). Ce n'est pas l'histoire d'un homme (une gesta) mais, à travers des épisodes anecdotiques de sa propre existence, l'analyse d'événements intérieurs. La raison entre dans la sensibilité. La subjectivité cartésienne est toute intellectuelle, c'est un sujet de raison uniquement. C'est au XVIIIe que, progressivement, on se met à parler de plus en plus de la sensibilité, et même le terme de passion, cet autre de la raison, prend un sens nouveau. La passion n'est plus envisagée seulement dans la perspective de la liberté par exemple, mais dans celle des mobiles de l'action, des mobiles qui poussent à entreprendre ceci ou cela, et plutôt les plaisirs qu'autre chose. La sensation, la sensibilité, le sentiment deviennent de plus en plus "légitimes", parce qu'en se libérant, en se banalisant, ils s'intellectualisent, et la langue française, qui est encore une langue de la raison faite pour la raison, à cette époque, n'a plus qu'à s'en saisir.

En instituant la sincérité, les hommes du XVIIIe siècle se précipitaient dans un effet d'entraînement. Plus on est sincère, plus on doit le prouver, le montrer, s'expliquer, entrer dans le détail, enregistrer la moindre des variations de la sensibilité. C'était le creuset de la psychologie. Le monde risque alors de n'être plus que la somme des événements de notre intériorité ; c'est la porte ouverte au scepticisme, au relativisme, à l'égalité aussi : qu'est-ce qui distingue, ontologiquement, sociologiquement, la sensibilité d'un bourgeois cultivé et d'un aristocrate, les deux étant maîtres d'une même langue, d'une langue devenue vraiment commune ? Plus rien. C'est ainsi qu'on faisait, aussi, le lit de la Révolution.

Pour les références, je n'en ai aucune de précise en tête. Le corpus littéraire constitue une masse documentaire conséquente. La philosophie de Condillac aussi.

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Ce n'est pas l'histoire d'un homme (une gesta) mais, à travers des épisodes anecdotiques de sa propre existence, l'analyse d'événements intérieurs.

Tout à fait. L'autobiographie est aussi l'histoire d'une personnalité.

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vif a écrit:
Mais n’est-ce pas qu’un phénomène d’apparence, une sorte d’effet de mode, et non un réel tournant ? une évolution et non une révolution ?
vif a écrit:
Et cette raison, n’est-ce pas elle seule à travers l’être, et non l’être lui-même, qui peut prétendre à la sincérité, c'est-à-dire à une forme et un contenu ayant à voir avec l’approche d’une pureté et d’une vérité ?


Dernière édition par vif le Lun 26 Sep 2011 - 19:44, édité 1 fois
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