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Bonsoir,

Je ne suis pas sûr de comprendre le paragraphe 7 de l'essai d'autocritique de Nietzsche dans sa Naissance de la tragédie. Ma version est celle traduite par Céline Denat (Flammarion).

I. Ce que j'ai compris c'est qu'il s'agit ici d'une suite de question "accusatrices" que pourrait poser un éventuel lecteur contemporain. Ce lecteur semble tomber dans des pièges faciles (dont l'auteur s'efforce à mettre en garde). Notamment sur le "nihilisme pratique" que j'avais cru comprendre à ma première lecture du passage comme étant un nihilisme à vocation applicative (je l'ai alors associé au pessimisme niztschéen), et puis dans les notes du bouquin j'ai lu ceci: 


Céline Denat a écrit:
Le "nihilisme pratique" qui est évoqué ici peut en ce sens être rapproché du "pessimisme" et de la "volonté du néant" dont Nietzsche fait un reproche à Schopenhauer, ainsi d'ailleurs qu'aux "nihilistes" dont il est le philosophe favoris [...].


Il s'agirait en fin de compte de la façon dont Nietzsche qualifie le nihilisme façon schopenhauer, donc le nihilisme de la résignation... Ai-je bien compris ? En gros, je décide que la vie n'a aucun sens, du coup je me résigne. Par "pratique" entendrait-il alors plutôt la vocation "pratique" de ce nihilisme en tant qu'il justifie la résignation et la consolation métaphysique ? Et donc en fait ce terme qualificatif serait-il une moquerie vis-à-vis de leur "bassesse d'esprit" ?

Parce que oui, j'entend bien la position anti-nihiliste nitzschéenne. Mais ses postures alambiquées ont le don de m'embrouiller. Et j'aimerais si possible éviter de tomber dans le cliché de celui qui n'a rien compris à l'auteur (quoique ce puisse déjà être le cas ? hehe)

II. Aussi, qu'entend exactement Nietzsche par "profession de foi d'un romantique de 1830, sous le masque du pessimisme de 1850" ?

Si vous pouviez m'aider à mieux comprendre, je vous en serait reconnaissant ! Toutes précision annexe est la bienvenue !

PS: N'ayant pas la possibilité de vous faire parvenir ma version, je prendrais volontier celle disponible sur wikisource comme support de résolution de mon problème de compréhension. 
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descriptionNihilisme pratique EmptyRe: Nihilisme pratique

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Cet Essai d'une Critique de soi-même ("Versuch einer Selbstkritik") est la préface à la deuxième édition (1886) de la Naissance de la Tragédie, préface qu'il rédige juste après la publication d'ainsi parlait Zarathoustra (ce qui explique l'allusion à Zarathoustra in fine). La première édition, celle de 1872, était sous-titrée ... tirée de l'Esprit de la Musique ("... aus dem Geiste der Musik"), celle de 1886, ... ou Hellénisme et Pessimisme ("... oder Griechentum und Pessimismus"). Tout est dans les sous-titres et, surtout, dans le changement de sous-titre, puisque, hormis le sous-titre et la préface, Nietzsche ne modifiera nullement sa première version de l'ouvrage.

"Ce que j'ai compris c'est qu'il s'agit ici d'une suite de question "accusatrices" que pourrait poser un éventuel lecteur contemporain. Ce lecteur semble tomber dans des pièges faciles (dont l'auteur s'efforce à mettre en garde). Notamment sur le "nihilisme pratique" que j'avais cru comprendre à ma première lecture du passage comme étant un nihilisme à vocation applicative". Oui, c'est bien cela. Sauf que "pratique" a le sens que lui a donné Kant, c'est-à-dire "moral". Il s'agit (à la lumière de la philosophie de Schopenhauer et de la musique de Wagner) d'assimiler "nihilisme" et "moralisme" : la morale conduit tout droit à la négation de la vie.

"Il s'agirait en fin de compte de la façon dont Nietzsche qualifie le nihilisme façon Schopenhauer, donc le nihilisme de la résignation... Ai-je bien compris ? En gros, je décide que la vie n'a aucun sens, du coup je me résigne. Par "pratique" entendrait-il alors plutôt la vocation "pratique" de ce nihilisme en tant qu'il justifie la résignation et la consolation métaphysique ? Et donc en fait ce terme qualificatif serait-il une moquerie vis-à-vis de leur "bassesse d'esprit" ?" C'est exactement cela. Toutefois, la "consolation métaphysique" est à mettre en relation avec la tentation au moralisme que la "métaphysique des mœurs" de Kant a érigée en horizon indépassable pour une éthique universelle (à laquelle Schopenhauer lui-même n'a pas échappé) et qui trouve son couronnement dans le romantisme et, notamment, dans la musique de Wagner.

"Aussi, qu'entend exactement Nietzsche par "profession de foi d'un romantique de 1830, sous le masque du pessimisme de 1850" ?" Les deux dates correspondent, l'une à l'apogée du romantisme allemand, l'autre à ce que Nietzsche considère comme le début de sa décadence et qui se manifeste tout particulièrement dans les "opéras métaphysiques" de Wagner ("Tannhaüser", "Lohengrin", "Tristan", etc.). Il est évident que le "romantique de 1830" évoluant vers le "pessimisme de 1850", c'est Nietzsche lui-même.

PhiPhilo.

PS : si les problématiques abordées dans la Naissance de la Tragédie vous intéressent, je vous engage à lire sur mon blog (et, bien entendu, à critiquer) l'article que j'ai rédigé et le texte de la conférence que j'ai donnée à ce sujet.

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Excellentes précisions, je vous remercie.

Je passerais visiter votre blog à l'occasion.
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