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Prémisses d'une philosophie spinoziste avec le désir d'une Raison selon SES affects

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3 participants

descriptionPrémisses d'une philosophie spinoziste avec le désir d'une Raison selon SES affects EmptyPrémisses d'une philosophie spinoziste avec le désir d'une Raison selon SES affects

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Bonjour

J'ai mobilisé Spinoza pour un master Philo 2 recherche à la Sorbonne en 2015 et surtout pour une thèse en sociologie du travail soutenue en Septembre 2017.

Spinoza est un philosophe terriblement actuel.

Pour moi, il le serait encore plus en supprimant son idée de Dieu, tout en gardant tous les concepts de la partie 1 de l'Éthique, et surtout en remplaçant une Raison "universelle" (car procédant de Dieu) par une raison propre à chacun car procédant de prémisses choisis, comme le sont ceux de l'Éthique ou de n'importe quelle théorie mathématique, dont la géométrie d'Euclide si souvent citée en exemple par Spinoza.

Si cela vous intéresse, ci joint 2 textes, un court résumé en anglais et un document plus complet en français.

J'ai l'espoir de riches échanges à partir de cette ébauche.

Cordialement
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descriptionPrémisses d'une philosophie spinoziste avec le désir d'une Raison selon SES affects EmptyRe: Prémisses d'une philosophie spinoziste avec le désir d'une Raison selon SES affects

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moulin André a écrit:
Spinoza est un philosophe terriblement actuel.

Pour moi, il le serait encore plus en supprimant son idée de Dieu, tout en gardant tous les concepts de la partie 1 de l'Éthique, et surtout en remplaçant une Raison "universelle" (car procédant de Dieu) par une raison propre à chacun car procédant de prémisses choisis, comme le sont ceux de l'Éthique ou de n'importe quelle théorie mathématique, dont la géométrie d'Euclide si souvent citée en exemple par Spinoza.


En quoi Spinoza serait-il plus "actuel" si on supprimait "son idée de Dieu" ? Si le choix des prémisses procède d'une axiomatique de type géométrique (ce que rappelle le sous-titre de l'Éthique), qu'est-ce qui rend inactuel le choix de la sixième définition de la première partie de l'Éthique ?

PhiPhilo.

descriptionPrémisses d'une philosophie spinoziste avec le désir d'une Raison selon SES affects Empty(1) Idée de la raison, (2) choix des prémisses, (3) idée de Dieu

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Bonjour "Phiphilo"

Je vous remercie pour votre remarque et j'y répond en 3 temps, selon le titre de mon message.
Remarque: ces réponses sont en filigrane dans le texte que j'ai joint, y compris, en annexe, la réfutation d'une idée de Dieu.

(1) Idée de la raison
L'existence de Dieu, que ce soit celui de Spinoza ou de Leibniz, d'un Dieu qui a une raison et un entendement absolu, conduit à adopter comme prémisse, implicite, qu'il existe une raison absolue, avec des vérités et des essences "éternelles", etc.. C'est avant tout ce prémisse que je souhaite écarter. Ainsi, la raison géométrique d'Euclide n'a rien d'éternelle, y compris que la somme des angles d'un triangle est égale à 2 droits. C'est un édifice logique purement humain, comme celui de Lobatchevsky et Riemann, avec ses limites comme le prouvent les 2 théorèmes de Gödel.
Je préfère donc une logique, une raison, un entendement purement humain, un éventuel entendement divin (je ne préjuge pas de l'existence ou non d'un Dieu) étant de toute manière inaccessible à l'entendement humain. Chacun a ou adopte sa ou ses raisons, édifices logiques dont les prémisses et l'arithmétique sont poussées par les affects (voir 3. partie de mon texte).
La raison, l'entendement, sont des objets de désir, en particulier pour Spinoza mais aussi pour la plupart d'entre nous. Comprendre les choses, partager des compréhensions communes, s'accorder sur la base de ses compréhensions (ou notions) communes est avant tout source de joie pour bien des humains.

(2) choix des prémisses
Comme indiqué dans mon texte, le choix des prémisses est affaire soit de ce qui est considéré par l'humain comme "nécessité de la nature" (ex: pour imaginer un édifice mathématique permettant de modéliser des phénomènes physiques) soit est poussé par les affects, par le désir de ....
Exemple de désir: désir de construire un édifice logique bien cohérent (D'après 2. théorème de Gödel, un système logique a une cohérence qui dépend uniquement de ses prémisses ... si ensuite il est bien construit, à savoir en définissant une arithmétique et en mobilisant une axiomatique récursive)
             désir d'être compris, entendu par tous, donc choix de prémisses de bon sens, facilement compréhensibles par tous. C'est le cas des 5 postulats d'Euclide pour sa géométrie... qui ne vaut que dans un plan "plat" (les géométries de Lobatchevsky et Riemann se situent sur une hyperboloïde ou un plan courbe, sphérique par exemple... cas réel sur notre terre)
             désir d'être absolument complet, cohérent (critères de Frege pour une bonne mathématique: cohérence, complétude, décidabilité), c'est le cas de Cardani créant les nombres "extraordinaires", surnommés nombres "imaginaires" par Descartes qui n'était pas enthousiaste.
             désir de se persuader soi-même et d'autres en choisissant des prémisses permettant d'argumenter à propos de la chose désirée (Dieu, voiture de ses rêves, etc..)

(3) idée de Dieu
   C'est l'objet de l'annexe "arguments pour la suppression d'une ontologie divine" que de répondre à cette question. L'idée de Dieu ne procède, in fine, que d'une perception par ouï-dire. Leibniz en avait une autre. De nos jours, chaque religion du livre a son idée d'un même Dieu. Alors ...Par contre, je souscris et reprend la majeure partie de E1. Plus fondamentalement, au moins depuis Kant, une philosophie qui s'appuie sur une idée particulière de Dieu est problématique. De plus, délivrée de cette idée de Dieu, la philosophie de Spinoza peut être mobilisé avec bonheur pour faire une philosophie et une sociologie des religions: les concepts d'affects, d'imitation des affects, de puissance de la multitude me semblent particulièrement éclairants.

Bien cordialement

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Bonjour.

En fait, c'est moins l'idée de Dieu qui vous gêne que le nom "Dieu". Raison pour laquelle, dans votre mémoire, vous le remplacez par "Univers". C'est votre droit le plus entier. D'ailleurs Spinoza lui-même lui substitue souvent le terme "Nature". Mais vous ne pouvez pas supprimer de la philosophie spinozienne l'idée de Dieu ou de Nature ou d'Univers ou de Tout, appelez ça comme vous voulez. L'idée, c'est-à-dire la place qu'occupent, dans le champ conceptuel spinozien, les propositions où il est question de Dieu (ou de la Nature ou de ...). Autrement, c'est l'immanentisme, le holisme et le monisme spinoziens que vous détruisez, bref, la philosophie de Spinoza tout entière (cf. mon article le Dieu de Spinoza). Je ne suis pas sûr que la philosophie soit compatible avec le zapping.

Par ailleurs, lorsque vous dites que "l'idée de Dieu ne procède, in fine, que d'une perception par ouï-dire. Leibniz en avait une autre. De nos jours, chaque religion du livre a son idée d'un même Dieu", vous faites référence non au Dieu de Spinoza, mais à celui des monothéismes et qui se caractérise par un anthropomorphisme manifeste. Or Spinoza n'a eu de cesse de dénoncer ceux qui "parlent partout si improprement de Dieu, qu’ils lui donnent des mains, des pieds, des yeux, des oreilles, une âme, un mouvement local, et jusqu’aux passions du cœur comme la jalousie, la miséricorde, etc… ; et enfin qu’ils le représentent comme un juge assis dans le ciel sur un trône royal, ayant le Christ à sa droite"(Spinoza, Traité Théologico-Politique, xiii). Cf aussi l'appendice à la première partie de l'Éthique ou bien cette lettre à Hugo Boxel dans laquelle il écrit que si les triangles pouvaient parler, nulle doute qu'ils concevraient un Dieu triangulaire !

Enfin, la demonstratio (Ethica more geometrico demonstrata) spinozienne n'est pas du tout un système formel au sens de Gödel. Cela veut dire que, malgré toute sa rigueur et en dépit de son apparence austère, l'Éthique emprunte néanmoins les ressources et, donc aussi, les ambiguïtés du langage ordinaire. Aussi, rien ne vous empêche de considérer comme des modus ponens tronqués les assertions apparemment apodictiques de Spinoza. En lieu et place de "par cause de soi j'entends ..., par substance j'entends ..., donc par Dieu j'entends ..., etc.", vous pouvez lire : "si par cause de soi j'entends ..., si par substance j'entends ..., alors par Dieu j'entends ..., etc. ; or par cause de soi j'entends ..., par substance j'entends ..., donc par Dieu j'entends ..., etc." Bref, là où il n'y avait que la thèse (p donc q), vous introduisez une hypothèse (si p alors q, or p, donc q) et vous vous retrouvez avec une axiomatique de type euclidien.

PhiPhilo.

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Bonjour Phi Philo,

Grand merci pour votre réponse.
C'est en partant de votre texte « le Dieu de Spinoza » que je vous répond.
Il me semble que je suis entièrement d'accord avec votre texte, autant sur ce qu'il dit que sur ce qu'il ne dit pas... et que je souhaite donc vérifier auprès de vous.
Lorsque vous parlez du Dieu de Descartes et de Pascal, vous utilisez le mot « Dieu ».
Lorsque vous parlez du Dieu de Spinoza, vous précisez presque toujours « Dieu ou la nature ».

Sur Dieu et l'Univers
Dans mon texte, je reprend les idées « de Nature ou d'Univers ou de Tout » et plus précisément d'immanence, de holisme, de monisme et également de non finalisme. Concrètement dans mon texte je reprend presque toutes les propostions de E1, les idées qui en découlent, y compris celles de l'appendice. Reprises en remplaçant effectivement le mot « Dieu » par « Univers », ce qui rend ces propostitions beaucoup plus compréhensibles de nos jours (Ci-dessous je réinsiste sur le choix de prémisses compréhensibles par tous). Le mot et le concept « d'Univers » conduit facilement à l'idée d'immanence, de holisme, de monisme, de non finalisme, de déterminations nécessaires, mais ce concept d'Univers conduit à ne pas retenir des prémisses telle « entendement suprême de l'Univers », point que je développe ci-dessous.[/left]
[left]Dans E1, je ne reprend pas ce que justement vous ne mentionnez pas dans votre texte, à savoir « l'entendement de Dieu » et partant tout ce qui peut en découler comme « entendement suprême », raison, vérité, essence « éternelle », entendement humain comme partie de l'entendement de Dieu, etc...Spinoza est très ambivalent à ce sujet, en particulier dans le scolie de E1-P17. Dans ce scolie de E1-P17, Spinoza dénonce ceux « qui pensent pouvoir démontrer qu’un entendement suprême et une libre volonté appartiennent à la nature de Dieu » mais il parle quand même d'entendement de Dieu (« Or l’entendement de Dieu est cause et de l’essence et de l’existence de notre entendement » que je transpose en « Or l’Univers est cause et de l’essence et de l’existence de notre entendement »).
Un Dieu transcendant, tel celui de Descartes, Pascal, Leibniz (« harmonie préétablie ») ayant une visée finaliste de création de l'Univers est de fait imaginé, par les philosophes cités, comme ayant ou étant LA raison. Avec le Dieu-Univers de Spinoza, cela n'est pas nécessaire.

Dieu dans les prémisses ?
Pour un lecteur d'aujourd'hui, le choix du concept, de la substance, « Univers » au lieu de Dieu permet mieux l'adoption des concepts d'immanence, de holisme, de monisme et également de non finalisme. Elle permet également de mieux écarter l'idée d'un entendement suprême qui se conçoit d'ailleurs beaucoup plus facilement avec le Dieu transcendant de Leibniz qu'avec le Dieu-Nature de Spinoza. Je dis « pour un lecteur d'aujourd'hui » pour souligner également que les querelles de l'époque de Spinoza sur « quelle est la « bonne » idée de Dieu ? » n'ont plus trop court aujourd'hui (vous écrivez que « Spinoza dénonce lui-même l'anthropomorphisme » ; Leibniz s'est fendu d'une réfutation de Spinoza). Ces querelles éclatent parfois et de manière assez violentes dans les discours religieux et les agissements suite à ces discours, mais pas en tout cas chez les philosophes et ce au moins depuis Kant : je vois bien des philosophes, dont vous, prendre acte de telle ou telle idée de Dieu mais jamais se prononcer pour dire qu'elle est la « bonne ». Je ne vois aucun philosophe ou scientifique « spinoziste » disant que la « bonne idée » de Dieu est celle de Spinozan ou mobilisant l'idée de Dieu de Spinoza alors que beaucoup mobilisent bien d'autres choses de lui (Monisme, affects et raison, nécessité de la nature, puissance de la multitude, etc..) Aussi, je ne propose pas de prémisses dépendantes d'une idée de Dieu pour tenir compte de l'entendement de mes éventuels lecteurs.

Démonstration géométrique
J'adhère à ce que vous écrivez à propos du formalisme de Spinoza au regard de celui de Gödel.
Les théories logiques dont parle Gödel dans ses 2 théorèmes sont définies par des prémisses, une axiomatique récursive et une arithmétique. Son premier théorème dit que toute théorie, aussi bien construite que possible, a toujours quelques incomplétudes et des propositions indécidables. Son deuxième théorème dit, qu'une fois bien construite, la cohérence de la théorie procède uniquement de ses prémisses, indémontrables dans la théorie elle-même. Bref, Gödel montre qu'aucune théorie ne respecte absolument les 3 caractéristiques de Frege (cohérence, complétude, décidabilité). Cela vaut pour Euclide. Cela vaut pour Spinoza et ce d'autant plus que l'Éthique de Spinoza a de très nombreux prémisses (définitions, axiomes, postulats) ce qui rend plus délicat la cohérence de l'ensemble que par exemple pour Euclide (5 postulats). De plus, Spinoza a une arithmétique justement assez « carrée », affirmative. Il aurait pu dire, comme vous le faites remarquer, "SI par substance j'entends …". Pour ma part, l'arithmétique que je choisis (selon mes affects, mes désirs) est plus « souple », plus « floue » (« plus », « moins », « assez », « plutôt », « la plupart », etc....). En tout cas, Spinoza mobilise une axiomatique récursive (toutes ses propositions sont des conséquences d'autres propositions démontrées « vraies » (« C.Q.F.D. ») ou de prémisses). Pour la plupart des humains, cette axiomatique récursive semble la plus adaptée pour montrer, modéliser, toutes les causes de la Nature et toutes leurs conséquences, bref pour montrer que toutes les choses de l'Univers sont déterminées par d'autres choses de l'Univers, uniquement.


Je joins à ce texte le texte français modifié, suite à vos commentaires.

Bien cordialement
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