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descriptionL'acte entre energeia et entelecheia. EmptyL'acte entre energeia et entelecheia.

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Bonjour,

J'aimerais vous faire part d'un problème que je rencontre avec Aristote et qui, je pense, pose problème à pas mal de commentateurs, étant donné que je n'en ai trouvé aucun capable de trancher clairement la question : c'est la différence entre l'energeia et l'entelecheia. Je vous explique où j'en suis vis-à-vis de cette question, et je vais vous exposer mon problème.

La puissance et l'acte sont des concepts qui sous-tendent toute la philosophie naturelle d'Aristote. Je ne pense pas avoir de problème avec la notion de puissance (dynamis) : on comprend, avec l'étude qu'il en offre en Métaphysique, Δ, 12, que la puissance est un principe de mouvement ou de changement, mais aussi la faculté qu'a une chose d'être changée ou mue, ou par soi, ou par un autre être : la puissance, c'est ainsi ce qui est voué à l'actualisation, ce qui est voué à devenir.

Je m'intéresse maintenant à la Physique, dont j'ai la traduction d'Annick Stevens en Vrin. Je tiens tout de suite à préciser qu'Annick Stevens prend bien soin de ne pas dénaturer par la traduction le terme d'entelecheia : elle le rend par "entéléchie". Ainsi, je précise que lorsque je parle de l'entéléchie, je parle bien de l'entelecheia grec. 
J'ai cru comprendre, plus ou moins, que l'acte au sens d'energeia, c'était l'acte comme action, processus, activité. On insiste donc sur la dimension dynamique, active de l'energeia : l'energeia est donc un processus.
J'ai cru comprendre également que l'entelecheia était une sorte de perfection, d'état final, d'accomplissement, de réalisation (comme le laisse penser l'édition Bodéüs du traité De l'Ame).

Seulement, voilà mon problème : j'ai le sentiment que, dans la Physique, cette acception du terme entelecheia n'est pas toujours respectée, et qu'Aristote lui-même s'emmêle les pinceaux en la confondant avec l'energeia, notamment lorsqu'il s'agit de définir le mouvement. Il définit le mouvement ainsi :

Aristote, Physique, III, 1, 201a10 a écrit:
l'entéléchie de l'étant en puissance en tant que tel, c'est le mouvement


Si je décompose : on a un étant en puissance, qui tend vers une fin, qui est son entéléchie. Or cette fin qu'est l'entéléchie, c'est à la fois la fin et le processus, puisqu'elle est définie ici comme mouvement. A moins que le mouvement ne soit pas qu'un processus, mais ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre en me ramenant au listing des différents sens du mouvement donné en Physique, V, 1-2.

Autre définition du mouvement :

Aristote, Physique, VIII, 1, 251a10 a écrit:
le mouvement est l'entéléchie du mobile en tant que mobile


Le mobile, si j'ai bien compris ce que c'est chez Aristote, c'est ce en vue de quoi est initié le mouvement, donc sa finalité. Je veux bien, mais en quoi la finalité du mouvement peut-elle encore être qualifiée de mouvement? J'ai l'impression que l'acte entendue comme energeia se comprend facilement comme mouvement, mais comment est-ce qu'une perfection, un terme comme l'entelecheia peut être également définie comme un mouvement?

Autre chose me turlupine : c'est le fait de dire de quelque chose qu'il est "en entéléchie". Je cite :

Aristote, Physique, III, 1, 201a15 a écrit:
Que tel soit bien le mouvement, cela est clair, car lorsque le constructible, en tant que nous le disons tel, est en entéléchie, il est en train d'être construit, et c'est là la construction


Ce qui est dit "en entéléchie", c'est le constructible, c'est-à-dire ce qui, en puissance, est susceptible d'être construit. Et être en entéléchie, si je comprends bien, c'est être en construction. De cette manière, et contrairement à ce qu'il dit en plusieurs endroits, l'entéléchie serait alors le processus qui mènerait à la fin, et non pas cette fin elle-même. A moins que l'entéléchie ne soit et le processus, et sa propre fin. Mais dans ce cas, je ne vois plus très bien la pertinence de sa distinction au sein de l'acte entre energeia et entelecheia.

Bref, vous aurez compris que je ne saisis que difficilement cette distinction... J'espère que vous saurez m'éclairer...

Cordialement, Montaignien.

descriptionL'acte entre energeia et entelecheia. EmptyRe: L'acte entre energeia et entelecheia.

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Cet article de Latour Annick pourrait vous aider : "Le concept leibnizien d'entélechie et sa source aristotélicienne", Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 100, n°4, 2002, pp. 698-722.
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