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descriptionSoumission de Michel Houellebecq EmptySoumission de Michel Houellebecq

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Malheureusement sorti peu avant les attentats du 7 janvier dernier contre Charlie Hebdo et dans la foulée du pavé d'Éric Zemmour, le nouveau livre de Michel Houellebecq a été le ferment de toute une série de polémiques, de fantasmes et de qualificatifs déplorables. Il semble, à bien y regarder, que la morale républicaine s'élève contre l'auteur à chaque fois que son nom est prononcé, comme s'il équivalait au nom de réactionnaire, voire de raciste. Or Soumission, que j'ai lu avec plaisir (mais non pas sans gêne quant à la réalité, la nôtre, qu'il décrit dans sa médiocrité), n'est ni raciste ni islamophobe. Il me semble être une satire de notre société mobilisant nos fantasmes. Ce que montre l'auteur, c'est une société à la dérive pour laquelle l'islam est une opportunité (affichée comme une sorte de miracle). Je voudrais donc connaître vos avis sur ce livre, si vous l'avez lu, et par extension sur l'état actuel de notre société. L'auteur, accusé de tous les maux, a par ailleurs avancé qu'un romancier, à la différence d'un philosophe, n'avait pas de responsabilité. Cela vous semble-t-il juste ? Par exemple, mettre en scène l'islam dans un contexte politique, cela n'a-t-il pas des conséquences politiques ? Enfin, l'islam est-il un problème pour notre société et vous semble-t-il que la notion d'islamophobie soit pertinente ?

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Je viens de le finir et je suis d'accord avec vous pour l'essentiel. C'est un livre de politique fiction particulièrement bien troussé, avec nos "vrais" hommes politiques (Copé, Vals, Le Pen, etc.), ce qui nous situe tout de suite dans un réseau politique complexe mais qu'on connaît bien. Je ne le trouve ni raciste ni islamophobe, la situation qu'il décrit pourrait effectivement se présenter. En tout cas, qu'elle se présente comme il la décrit (second tour entre le FN et un parti musulman) ou de façon différente, ce qui me semble inéluctable c'est une crise politique majeure du fait du décalage grandissant entre les partis "de pouvoir" actuels et les aspirations des peuples.
Pour le reste, la coïncidence entre la sortie de son livre et les attentats de Charlie m'a frappé. Il parlait de son livre sur France Inter le matin du 7 janvier, quelques heures avant les attentats, la discussion a beaucoup tourné autour des questions touchant à l'islam. Par ailleurs il était très proche de Bernard Marris (l'oncle Bernard de Charlie qui fait partie des victimes, un économiste "hétérodoxe" comme on dit, un qui explique l'économie comme elle est, c'est-à-dire une science humaine, pas une abstraction mathématique) ; de nombreux passages de "L'extension du domaine de la lutte" et de "Plateforme" de Houellebecq sont repris dans "l'Anti-manuel d'économie" de Marris. Ces deux-là ont (avaient pour Marris) compris un certain nombre de trucs à propos du monde comme il tourne. Leurs livres, dans des genres différents, m'ont beaucoup donné à réfléchir.
Du coup je ne crois pas trop à la position soi-disant irresponsable de Houellebecq en tant que romancier, ou alors il s'inclut dans les philosophes pour assumer la responsabilité de l'autre main. Et philosophe, il l'est sans conteste, à moins que l'exercice de la philosophie ne soit invalidé par l'utilisation de la fiction (il faudrait demander à Voltaire ce qu'il en pense).
La dernière question sur l'Islam c'est LA question. Quand on pense à DAESH ou à BOKO ARAM, on est obligé de convenir que c'est un problème, et un sacrément chaud. Quant à savoir si l'islamophobie est pertinente, je le crois d'autant moins que je vis à la Réunion, tout autour de moi il y a des clochers, des minarets et des temples tamouls, et tout le monde pratique sa religion et tout se passe bien. Il n'y a pas, comme en métropole, cette concordance entre une classe sociale et une religion, du coup on ne se voile pas la face : les problèmes de classe sont vus comme des problèmes sociaux, pas des problèmes de religion, de vision du monde incompatible.

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Je n'ai pas lu Soumission. Par contre il est toujours intéressant de connaître la genèse d'un livre, et plus particulièrement d'un roman.
Voici un extrait de l'interview de Houellebecq dans la revue The Paris Review :

Michel Houellebecq dans The Paris Review a écrit:

J’ai écrit à peu près d’un seul coup du tout début jusqu’à la page 26. Et je trouvais cela très convainquant parce que je m’imagine très bien un étudiant choisissant Huysmans comme ami et lui consacrant sa vie. Cela ne m’est pas arrivé : j’ai lu Huysmans* beaucoup plus tard, vers 35 ans je crois, mais ça m’aurait bien plu : ma chambre n’était pas terrible, le restaurant universitaire n’était pas terrible non plus et j’imagine bien ce qu’il aurait pu faire de tout ça. Je pense qu’il aurait pu être un vrai ami pour moi. Et donc, après avoir écrit ça, je n’ai rien fait pendant quelque temps. C’était en janvier 2013, et j’ai dû reprendre le texte à l’été́ 2013. Mais mon projet était très différent au départ. Cela ne devait pas s’appeler Soumission, le premier titre était La Conversion. Et dans mon premier projet le narrateur se convertissait aussi mais au catholicisme. C’est-à-dire qu’il suivait le même parcours que Huysmans, à un siècle de distance : partir du naturalisme pour devenir catholique. Et je n’ai pas réussi à faire ça.

*Joris-Karl Huysmans.

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Silentio a écrit:
L'auteur, accusé de tous les maux, a par ailleurs avancé qu'un romancier, à la différence d'un philosophe, n'avait pas de responsabilité.

Dit-il pourquoi le philosophe devrait en avoir ?

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On peut imaginer que toute personne prenant régulièrement la parole de façon publique a une influence sur une partie de la population, donc une responsabilité plus ou moins grande dans les débats en cours, et ce, que cette personne soit philosophe, écrivain, journaliste, homme politique, sociologue, historien, chanteur, poète, responsable religieux, etc.
Et cette responsabilité semble d'autant plus grande que le sujet est sensible, comme dans le livre dont nous parlons, même si tout dépend de la crédibilité générale et habituelle de l'auteur, bien entendu.
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