Portail philosophiqueConnexion

Bibliothèque | Sitographie | Forum

Philpapers (comprehensive index and bibliography of philosophy)
Chercher un fichier : PDF Search Engine | Maxi PDF | FreeFullPDF
Offres d'emploi : PhilJobs (Jobs for Philosophers) | Jobs in Philosophy
Index des auteurs de la bibliothèque du Portail : A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z

Stephen Hawking et la philosophie

power_settings_newSe connecter pour répondre
+9
pierrepons
aliochaverkiev
Mysupername
Silentio
izm342
Dienekes
Vangelis
Desassocega
debutant
13 participants

descriptionStephen Hawking et la philosophie - Page 5 EmptyRe: Stephen Hawking et la philosophie

more_horiz
Eric Jalmasque a écrit:
Les philosophes n'ont-ils aucun rôle à jouer dans ce processus ?

Bonne question, en effet. Mais qu'est-ce que philosopher aujourd'hui ? Qu'enseigne-t-on dans les écoles de philosophie ? N'y parle-t-on pas surtout du Passé de la Philosophie, comme s'il s'agissait en somme d'un cours d'Histoire. Nos ancêtres "jonglaient avec les idées" dans un monde mental qui n'était pas occupé par les faits mis à jour par l'approche scientifique du Réel.

poser les bonnes questions, ou plutôt bien poser les questions

Cela est-il possible sans avoir une formation scientifique ? Quelles bonnes questions ou bonnes formulations de questions peuvent encore sortir d'un cerveau humain faisant abstraction des découvertes scientifiques ?

descriptionStephen Hawking et la philosophie - Page 5 EmptyRe: Stephen Hawking et la philosophie

more_horiz
Après avoir relu La Nouvelle Alliance, je viens juste de débuter la relecture d'Entre le Temps et l'Eternité. On trouve dans l'Introduction et la Préface à l'édition de 1992, deux passages très explicites de ce qui oppose le scientifique I.Prigogine au scientifique S. Hawking, et aussi à A. Einstein. La Nouvelle Alliance et Entre le Temps et l'Eternité ayant été écrit en collaboration avec une Philosophe, I. Stengers, il n'y a pas de doute sur la possibilité d'un dialogue entre Philosophie et Science et ce dialogue existant, il est la négation même du point de vue de S. Hawking évoqué au début de cette discussion. Comme ce dialogue est alimenté par le travail scientifique de Prigogine, qui lui a valu son prix Nobel, on sait aussi qu'il s'agit d'une discussion basée sur le Réel et non d'une réflexion purement métaphysique.

Je vous propose de lire ces extraits.

"Une vision scientifique du monde, quel qu'en soit le contenu, est par définition close, porteuses de certitudes, privilégiant les réponses par rapport aux questions qui les ont suscitées."

(Il parle ici de "l'idéal d'éternité" dont était porteuse la Physique classique.)

"Le développement des sciences a ainsi contribué à figer en oppositions indépassables les tensions qui marquent depuis l'origine la culture occidentale, c'est-à-dire aussi à tarir le dialogue, si fécond en idées et en problèmes jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, entre sciences et philosophies."

(c'est moi qui souligne)

"Comment alors échapper à l'hésitation permanente entre un profond pessimisme, ramenant le sentiment de nouveauté et de découverte qui nous habite à une illusion - l'écriture de cette préface n'était-elle pas préprogrammée dès le début de l'Univers ? -, et un optimisme arrogant, l'espoir, comme l'a écrit Hawking, que bientôt "nous connaîtrons la pensée de Dieu" ? Aujourd'hui la passion qui mène les sciences est plus vive que jamais, mais elle change de signification. Les "lois" de la nature, telles que nous pouvons les déchiffrer désormais, sont les lois d'un Univers ouvert. Elles concernent des probabilités d'évolution, dans un avenir qu'elles ne déterminent pas"

descriptionStephen Hawking et la philosophie - Page 5 EmptyRe: Stephen Hawking et la philosophie

more_horiz
@PhiloGL
Je ne pense pas que le rôle utile des philosophes dans la problématique que j'ai soulevée soit de se doter d'une seconde formation à même d'entrer dans les discussions techniques qu'ont à mener les scientifiques quant aux procédures expérimentales les plus susceptibles de trouver des réponses objectivables aux objets de leurs recherches, surtout compte-tenu de la fréquente difficulté à saisir les notions mathématiques complexes que beaucoup d'entre elles impliquent aujourd'hui.

Bien entendu si certaines personnalités d'exception comme il y en a eu tout au long de l'Histoire réunissent à un haut degré ces deux capacités, ce n'en est que mieux, mais mon propos ne vise pas ce niveau d'exception, mais l'ensemble de ces philosophes ayant une connaissance profonde des systèmes de pensée proposés par leur discipline aux grandes questions n'ayant pas reçu de réponses scientifiques et à celles restant pendantes au-delà des réponses scientifiques reçues; et une partie de la difficulté me semble amortie par le fait que d'une part beaucoup de ces philosophes manifestent un bon degré de culture scientifique et que d'autre part beaucoup de recherches scientifiques de pointe, au moins dans la compréhension de leur problématique, ne nécessitent pas une maîtrise mathématique de haute volée.

En résumé, mon propos est : le rôle utile des philosophes pourrait être d'aider les scientifiques à mieux formater les questions auxquelles ils cherchent des réponses expérimentales, autrement dit réduire le domaine de la sérendipité.

Voici un exemple de ce que je veux dire : l'Inconscient depuis son affirmation par Freud est resté une notion intensément disputée, et qui n'avait reçue aucune objectivation scientifique ; aujourd'hui la quasi-totalité des neuroscientifiques en admettent la notion.

Comment cela s'est-il passé ?

Je vous renvoie à l'expérience-princeps du neurochirurgien Benjamin Libet en 1985, qu'on trouve facilement sur le net. Benjamin Libet cherchait tout autre chose quand son dispositif expérimental a révélé que le cerveau humain débutait une action motrice avant que la conscience de l'avoir décidée n'apparaisse ; pendant quelques années il a penché du reste du côté de ceux qui conjecturaient différentes explications alternatives à l'Inconscient du phénomène. Puis vint la diffusion massive des IRM fonctionnelles, des Scanners à positons et autres stimulateurs magnétiques transcraniens.

Et le ralliement de la quasi-totalité des neuroscientifiques à la notion d'Inconscient, même si elle n'est pas exactement celle de la conjecture freudienne.

descriptionStephen Hawking et la philosophie - Page 5 EmptyRe: Stephen Hawking et la philosophie

more_horiz
Eric Jalmasque a écrit:
En résumé, mon propos est : le rôle utile des philosophes pourrait être d'aider les scientifiques à mieux formater les questions auxquelles ils cherchent des réponses expérimentales, autrement dit réduire le domaine de la sérendipité". 

Philosophia ancilla scientiae après avoir été ancilla theologiae ? Voire. Et si la philosophie n'avait définitivement rien à voir avec la science, en tout cas, pas plus que l'art, la religion, l'histoire ou la politique, par exemple ? Si Wittgenstein écrit, à l'orée du XX° siècle (c'est-à-dire juste après la Grande Guerre) que :
le but de la philosophie est la clarification logique des pensées. La philosophie n'est pas une théorie mais une activité. Une œuvre philosophique se compose essentiellement d'éclaircissements. Le résultat de la philosophie n'est pas de produire des « propositions philosophiques », mais de rendre claires les propositions. La philosophie doit rendre claires, et nettement délimitées, les propositions qui autrement sont, pour ainsi dire, troubles et confuses (Wittgenstein, Tractatus, 4.112)

c'est, précisément, pour se démarquer d'un scientisme béat au motif que :
à supposer que toutes les questions théoriques possibles soient résolues, les problèmes de notre vie demeurent encore intacts (Wittgenstein, Tractatus, 6.52).


Eric Jalmasque a écrit:
Et le ralliement de la quasi-totalité des neuroscientifiques à la notion d'Inconscient, même si elle n'est pas exactement celle de la conjecture freudienne

C'est un euphémisme !

descriptionStephen Hawking et la philosophie - Page 5 EmptyPhilosophie et sciences, théories et propositions, euphémismes et incomplétudes des faits actuellement établis

more_horiz
PhiPhilo a écrit:
Et si la philosophie n'avait définitivement rien à voir avec la science, en tout cas, pas plus que l'art, la religion, l'histoire ou la politique, par exemple ?

Mais effectivement, la philosophie n'a pas plus à voir avec la science que l'art, la religion, l'histoire ou la politique, et toute autre activité humaine, chacune à sa façon s'entend. Mais envisager une rupture radicale ("définitivement") me semble se fourvoyer : qui pourrait soutenir que les grandes révolutions scientifiques telles que la révolution copernicienne, les découvertes de l'électricité et des ondes électro-magnétiques, celles de la structure atomique et de la physique quantique, aujourd'hui la révolution informatique, n'ont pas eu et n'ont pas un impact considérable dans tous ces domaines, sans excepter la philosophie ? Et quand je parle d'impact, je ne pense pas régression mais approfondissement, car si des parties de certains domaines philosophiques où des faits scientifiques établis s'échappent ainsi en raison de la philosophie, les questions restant pendantes ou les nouvelles questions induites y compris dans ces domaines ouvrent elles de nouveaux champs à la réflexion philosophique. Cette relation, loin d'être ancillaire, me semble enrichissante en retour, le cas du Kant de la critique de la raison pure en étant un exemple bien connu.

PhiPhilo a écrit:
Si Wittgenstein écrit, à l'orée du XX° siècle (c'est-à-dire juste après la Grande Guerre) que : 
le but de la philosophie est la clarification logique des pensées. La philosophie n'est pas une théorie mais une activité. Une œuvre philosophique se compose essentiellement d'éclaircissements. Le résultat de la philosophie n'est pas de produire des « propositions philosophiques », mais de rendre claires les propositions. La philosophie doit rendre claires, et nettement délimitées, les propositions qui autrement sont, pour ainsi dire, troubles et confuses (Wittgenstein, Tractatus, 4.112)

c'est, précisément, pour se démarquer d'un scientisme béat au motif que : 
à supposer que toutes les questions théoriques possibles soient résolues, les problèmes de notre vie demeurent encore intacts (Wittgenstein, Tractatus, 6.52).


Bien d'accord la philosophie est une activité. Mais en quoi consiste cette activité sinon à produire des propositions le cas échéant assemblées en théories ? Que Wittgenstein réclame que les produits finaux de cette activité soient "rendus clairs et nettement délimités", ce n'est pas moi qui y trouverai à redire, et ça ne peut être moins utile dans les rapports de la philosophie avec la science que dans aucun autre de ses domaines. Pour ce qui est du scientisme béat, j'espère avoir fait valoir dans mon premier paragraphe que ce n'était pas ma conception.

Phiphilo a écrit:
Et le ralliement de la quasi-totalité des neuroscientifiques à la notion d'Inconscient, même si elle n'est pas exactement celle de la conjecture freudienne. 

C'est un euphémisme !

Dire aujourd'hui que la notion d'inconscient admise par les neuroscientifiques est substantiellement éloignée de la conjecture freudienne est me semble-t-il très prématuré. Les équipes qui partout dans le monde ont développé des programmes de recherche à partir des données initiales établissant le fait brut sont parties dans de multiples directions : physiologie cérébrale, recherche médicale, psycho-comportementale, etc., dans chaque branche chaque nouvelle équipe choisissant sa problématique. Les faits établis se multiplient, mais ils sont encore très divers et épars. Comme dans toute recherche scientifique en ébullition, les recoupements et intégrations des données se font à partir des publications et échanges dont la connaissance amène à modifier les problématiques et donc mettre en œuvre de nouveaux dispositifs expérimentaux. Tout ceci est d'autant plus long que le coût desdits dispositifs expérimentaux est tel qu'ils dépendent presque toujours de subventions publiques et donc de décisions d'institutions différentes d'un pays à l'autre et souvent dans un même pays d'une branche à l'autre. Mais l'épuration des schémas de recherche est néanmoins lancée et des percées se feront ici ou là qui l'accéléreront par l'acquisition de nouvelles données spécialement concluantes. Pour terminer, je crois quant à moi que la distance qu'auront à terme les découvertes neuroscientifiques avec la conjecture de Freud sera éminemment dépendante du résultat des recherches qui pourraient être faites (mais qui à ma connaissance ne le sont encore que très peu) sur le rôle des émotions d'une part et d'autre part de la mémoire (cft. Endel Tulving) dans la prise de décision non rationnelle et corrélativement l'établissement des valeurs, qui sont à mon avis justement l'élément déterminant de ces prises de décision non rationnelle.

En attendant, ce n'est pas un beau sujet philosophique, ça ?
privacy_tip Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
power_settings_newSe connecter pour répondre