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descriptionUn doctorat en philosophie ? EmptyUn doctorat en philosophie ?

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Une question que je me pose depuis quelques mois maintenant, et à laquelle certaines personnes de ce forum pourront peut-être répondre : comment se passe un doctorat en philosophie ?

J'ai ma vision scientifique du doctorat et de la recherche : des idées, puis des expériences pour les mettre en pratique, des papiers de recherche, et des conférences internationales à l'occasion desquelles on en profite pour voyager et visiter un peu le monde (je vous écris actuellement de Chicago, d'ailleurs), et surtout beaucoup de concurrence entre chercheurs du même domaine. Je ne compte plus les fois où je me suis arraché les cheveux parce qu'un type de l'autre côté de la Terre avait eu la même idée que moi quelques mois plus tôt, me coupant l'herbe sous le pied.

Mais pour les étudiants en philosophie : est-ce une étude des textes existants ? Ou un raisonnement philosophique complètement nouveau ? Un peu des deux (certainement) ? Combien de temps cela dure-t-il ? Comment s'organise le travail ? Y a-t-il une quelconque forme de concurrence ? Et quels sont les débouchés ?

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sunmat a écrit:
Une question que je me pose depuis quelques mois maintenant, et à laquelle certaines personnes de ce forum pourront peut-être répondre : comment se passe un doctorat en philosophie ?

J'ai ma vision scientifique du doctorat et de la recherche : des idées, puis des expériences pour les mettre en pratique, des papiers de recherche, et des conférences internationales à l'occasion desquelles on en profite pour voyager et visiter un peu le monde (je vous écris actuellement de Chicago, d'ailleurs), et surtout beaucoup de concurrence entre chercheurs du même domaine. Je ne compte plus les fois où je me suis arraché les cheveux parce qu'un type de l'autre côté de la Terre avait eu la même idée que moi quelques mois plus tôt, me coupant l'herbe sous le pied.

Mais pour les étudiants en philosophie : est-ce une étude des textes existants ? Ou un raisonnement philosophique complètement nouveau ? Un peu des deux (certainement) ? Combien de temps cela dure-t-il ? Comment s'organise le travail ? Y a-t-il une quelconque forme de concurrence ? Et quels sont les débouchés ?

Je ne sais pas comment se déroulent les doctorats scientifiques, mais en philosophie, on peut dire qu'il est rare qu'un doctorant réalise quelque chose de "nouveau". Disons que pour les meilleurs d'entre eux et à condition d'être dans une école doctorale digne de ce nom, il s'agit plutôt de se poser une question qui n'a pas été posée, pourvu qu'elle soit pertinente. Autant dire que la fenêtre de tir est aussi large que le chas d'une aiguille. Il y a évidemment de quoi faire avec les archives, pour mettre au jour tel ou tel aspect d'une œuvre, etc. Les thèses d'État (10 ans) convenaient peut-être mieux à la philosophie que les doctorats actuels (3 à 5 ans) : on vivait avec un auteur et on en devenait le "spécialiste" attitré, par exemple, en raison de la mise à jour effectuée (du genre Platon Service pack 1).

De fait, les doctorants servent surtout à justifier l'existence des écoles doctorales, qui doivent exister sur la base d'une spécialité, et qui sont soumises à rendement (production de travaux, organisation de colloques, invitations, etc.). Alors, on ne voit plus guère le rapport avec la philosophie, quand on veut ou voulait devenir philosophe, et pas seulement un intellectuel patenté de la philosophie.

Pour répondre à votre question, la grande majorité des thèses de doctorat sont des petites compilations sur un auteur ou un thème. Les nouveautés consistent à découvrir des riens au milieu de riens (en quoi la pilosité de Nietzsche a-t-elle contribué à ses orientations philosophiques ? Que fait le vent quand il ne souffle pas ? Le tout avec les félicitations du jury).

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Euterpe a écrit:
De fait, les doctorants servent surtout à justifier l'existence des écoles doctorales, qui doivent exister sur la base d'une spécialité, et qui sont soumises à rendement (production de travaux, organisation de colloques, invitations, etc.).

Pour répondre à votre question, la grande majorité des thèses de doctorat sont des petites compilations sur un auteur ou un thème. Les nouveautés consistent à découvrir des riens au milieu de riens (en quoi la pilosité de Nietzsche a-t-elle contribué à ses orientations philosophiques ? Que fait le vent quand il ne souffle pas ? Le tout avec les félicitations du jury).

Alors avoir un doctorat en philosophie ne vaut rien ? :shock:

Alors, on ne voit plus guère le rapport avec la philosophie, quand on veut ou voulait devenir philosophe, et pas seulement un intellectuel patenté de la philosophie.

Comment le devenir alors si les échelons traditionnels ne sont que des trompe-l’œil ?

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Bintie a écrit:
Alors avoir un doctorat en philosophie ne vaut rien ? :shock:
La plupart du temps, non. De toute façon il y a peu d'opportunités pour ceux qu'on appelle de manière très significative des "post-doctorants" (manière d'indétermination ou de non-être), qui sont obligés de se rabattre sur l'enseignement dans le secondaire pour lequel ils ne sont intellectuellement plus préparés (c'est comme si après avoir obtenu une licence de pilote de course, on vous donnait une voiture miniature comme on en trouve dans les supermarchés). Mais pour enseigner à l'université ? Les procédures ont l'apparence d'être limpides, mais elles traduisent et trahissent une opacité réelle. Sauf à faire le fayot, ce qui constitue une activité à part entière, on ne peut rien espérer. Il suffit de lire attentivement les chartes doctorales pour constater immédiatement un problème. D'abord, rares sont les directeurs de recherche qui s'occupent pleinement de leurs doctorants, et qui suivent leur charte à la lettre. Dans l'absolu, c'est la fonction du directeur de "placer" son élève, de lui proposer des choses. Il y a quelques années, vous pouviez donner des cours à la fac dès avant la fin de votre doctorat, on vous trouvait des occasions d'écrire des articles, etc. Aujourd'hui, c'est plutôt au doctorant de se débrouiller (certes, les directeurs de recherche sont de plus en plus corvéables à merci, ce qui n'est pas sans conséquences sur les doctorants). Au total, vous payez de plus en plus cher pour quoi ? Vous n'en savez jamais rien. Les masters professionnels sont plus utiles.

Bintie a écrit:
Alors, on ne voit plus guère le rapport avec la philosophie, quand on veut ou voulait devenir philosophe, et pas seulement un intellectuel patenté de la philosophie.
Comment le devenir alors si les échelons traditionnels ne sont que des trompe-l’œil ?
D'abord, le devenir c'est risquer de mettre sa vie (sociale) en péril. Le monde n'a jamais été fait pour les philosophes (c'est aussi et sans doute la raison pour laquelle il y en a), le nôtre encore moins que dans les époques précédentes. A moins de baigner dans des conditions et circonstances matérielles favorables, le devenir ou vouloir le devenir, ça tient du suicide, appelons un chat un chat.

descriptionUn doctorat en philosophie ? EmptyRe: Un doctorat en philosophie ?

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Ouaou, merci de m'avoir éclairé ! Moi qui envisageais de faire un second doctorat en philo après mon doctorat en info, je vais m'abstenir et m'en tenir à mes lectures personnelles !
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