Je trouve étonnant que malgré la grande transvaluation des valeurs traditionnelles opérée par Zarathoustra, il y ait quand même une valeur qui demeure inchangée : l’or.

Dites-moi donc, pourquoi l'or est-il devenu la plus haute valeur ? C'est parce qu'il est rare et inutile, étincelant et doux dans son éclat : il se donne toujours. Ce n'est que comme symbole de la plus haute vertu que l'or atteignit la plus haute valeur. Luisant comme de l'or est le regard de celui qui donne. L'éclat de l'or conclut la paix entre la lune et le soleil. La plus haute vertu est rare et inutile, elle est étincelante et d'un doux éclat : une vertu qui donne est la plus haute vertu (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, « la vertu qui donne »).

Je trouve ce texte assez sympathique pour notre propos, la transvaluation des valeurs place en bas de l’échelle ce qui résidait jadis tout en haut et inversement met en haut ce qui était placé tout en bas. Cette seconde transvaluation des valeurs opérée par Nietzsche, replace donc les valeurs faibles dites tchandala en bas, remet les valeurs fortes ou aristocratiques en haut. Nous revenons donc ainsi à l’état originel dit de santé, autrement dit l’ordre antérieur à celui de la première transvaluation opérée par les Hébreux, Zarathoushtra l’iranien, Socrate et le Christ), c'est pourquoi la transvaluation opérée par Nietzsche devrait aboutir selon lui au retour à l’époque de la tragédie. Ce qui se trouvait en bas se trouve en haut et ce qui se trouvait en haut se trouve en bas d’accord… seulement je tiens à faire remarquer que l’échelle demeure quand à elle inchangée !..

Ce qui peut-être mis en commun n’a jamais que peu de valeur. Finalement, il en sera comme il a toujours été. Les grandes choses sont pour les grands esprits, les abîmes pour les esprits profonds, les délicatesses et les frissons pour les délicats ; et pour faire bref, les raretés sont pour les rares (Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 43).

Même si Nietzsche s’efforce de mettre le monde sens dessus dessous, c’est finalement tout le contraire d’un anarchiste puisqu’il tend à restaurer l’ordre originel. Autrement dit une hiérarchie et une légitimation d’une source de puissance (nouvelle). La révolution de Nietzsche est donc tout à la fois inégalitaire et antidémocratique, Nietzsche prône un élitisme intellectuel et une probité aristocratique. Grand admirateur de « la plus belle plante de la Méditerranée idéale », si nous exagérons un peu, nous pouvons dire que Nietzsche est proprement platonicien même s’il replace les poètes au sommet de la hiérarchie métallique… Disons plutôt que la philosophie descend seulement d’un rang dans cette hiérarchie. Le philosophe, Nietzsche va désormais le chercher dans le gymnase, sa philosophie est présentée comme une voie guerrière. De sorte que le philosophe de Nietzsche, loin d’être le philosophe roi de Platon ou d’un médecin de l’âme à l’image de Socrate, a désormais la place concédé au soldat le portique. Après est-il le chien (charbon) à l’image d’un Antisthène au bâton d’argent ou de Diogène ? Je pense que c’est justement le revers de l’image, étant l’élément dionysiaque (étranger) il est le loup (diamant) qui frappe à la porte en conquérant, en profanateur et en destructeur du temple, tel Achille devant de Troie.

Lire le chapitre des vieilles et des nouvelles tables : « Ô mes frères, je place au-dessus de vous cette table nouvelle : DEVENEZ DURS ! ».

Nietzsche par la jeunesse aux cheveux gris